Auberge
La salle du café de l’auberge « À la Couronne Verte »
Grand Est ; Bas-Rhin (67) ; Barembach ; 5 rue du Presbytère
Presbytère (rue du) 5
2022 1 274, 275, 324, 325
1ère moitié 20e siècle
Barembach est mentionné pour la première fois au Xe siècle ; ce village appartient alors à la riche abbaye bénédictine d'Altorf. La paroisse de Barembach est l'église-mère de plusieurs villages de cette partie de la Vallée de la Bruche. Rattaché au département des Vosges en 1795 puis en 1871, au département du Bas-Rhin, Barembach subit quatre ans après un incendie dramatique. Tout le village ou presque sera reconstruit. Pendant la Première Guerre mondiale, un autre événement tragique s'y déroule : les soldats allemands, assoiffés de vengeance suite aux premières exactions françaises, veulent l'anéantissement du village. Ils retiennent les hommes enfermés dans l'église et placent leurs canons tout autour du village. Les habitants font alors le vœu d'élever une statue de la Vierge si elle les délivre du joug ennemi. En 1922, est élevée la Grotte de Lourdes au lieu-dit la Haute-Roche, visible depuis la rue du Presbytère où est située l'auberge « A la Couronne verte. A la Couronne verte », ou le Café Walter, comme il a longtemps été surnommé, du patronyme de ses propriétaires, se confond avec l'histoire des trois conflits : à chaque génération, de 1870 à 1940, les patrons ont dû faire face aux humiliations et brimades de l'occupant allemand. On pourrait aller jusqu'à résumer que cet établissement relève d'un tropisme français. Ce que laissent subtilement montrer les peintures de la salle du café peintes par Camille Braun (1878-1943), frère de la première tenancière, peintre-décorateur dans le civil et soldat-topographe durant la Première Guerre mondiale.
Le bâtiment actuel de l'auberge est simple. La partie de gauche, avec une porte d'écurie et une autre de grange, correspondait aux dépendances agricoles avant 1940. La grange donnait accès à une salle de bal disparue dans un premier incendie dans les années 1950. Cette porte est aujourd'hui, et depuis 1996, date d'un second incendie, un simple passage donnant sur l'arrière du logis. Un sas d'entrée intérieur de bois et de verre, pour faire office de zone « tampon » et limiter la déperdition de chaleur, a été conservé. Des peintures en trompe-l'œil de faux marbres et faux bois y sont déjà présentes. Des boiseries vernies courent dans le sas et se prolongent jusque dans la salle du café, le long des trois murs Celle-ci, d'une vingtaine de m2, présente un plancher de bois, hormis côté comptoir, couloir et salle arrière attenante. Le mobilier de bois est pour partie d'origine : tables, banc, patère. La salle accueille aujourd'hui un zinc contemporain en bois structurant le comptoir et permettant son éclairage. Il est daté d'après l'incendie de 1996. Celui-ci « délimite » la partie ancienne de cette salle de café, de la partie plus moderne, avec un décor peint par Camille Braun (1878-1943). L'ensemble a été réalisé sur un enduit à l'eau. Ce travail témoigne de prime abord d'une maîtrise du trompe-l'œil : les techniques du faux-marbres, faux bois et ciel sont parfaitement exécutées. Elles reprennent des thèmes chers à l'époque, mais aussi au cœur de la tradition décorative : les saisons. Ainsi, en entrant dans le café, sur le mur gauche, à l'ouest, on note deux séries de couples dans un rectangle, reprenant parfaitement la division du mur en lais. Ils sont encadrés de part et d'autre de paysages dans des tableaux carrés. Ces deux premiers couples représentent l'Hiver puis l'Automne. En face, sur le mur est, se lisent les scènes suivantes, de gauche à droite, et de façon symétrique au mur ouest : deux paysages dans deux cadres carrés encadrant deux autres séries de couples. Ces derniers forment les allégories restantes : l'Eté puis le Printemps. Un ciel surplombe la salle donnant une ouverture naïve et pour le moins singulière à tout l'ensemble. Cependant, subtilement, dans les vêtements notamment des jeunes femmes illustrant les saisons, Camille Braun glisse ici ou là les couleurs de l'attachement politique de sa famille : celui à l'Alsace française.
Inscrit MH partiellement
2022/07/07 : inscrit MH
Situés dans la salle du café de l’auberge « À la Couronne Verte » : le décor peint, les immeubles par nature (le sas d’entrée, la porte donnant sur la sortie, la porte plus étroite donnant sur la cave, les boiseries), les immeubles par destination (un banc et deux tables scellés), sis 5 rue du Presbytère, sur les parcelles n° 274, 275, 324, 325, figurant au cadastre section 1 : inscription par arrêté du 7 juillet 2022
Arrêté
À signaler
Propriété privée
© Monuments historiques. Cette notice reprend intégralement les termes de l’arrêté de protection au titre des Monuments historiques. Elle répond à l’obligation réglementaire du ministère de la Culture d’établir la liste générale des édifices protégés (art. R. 621-80 du Code du patrimoine). Elle est donc opposable et fait foi juridiquement. Aucune copie numérique ou papier ne sera fournie par courrier ni courriel. Le dossier de protection complet et l’arrêté sont consultables uniquement sur place, dans la salle de lecture de la Médiathèque du patrimoine et de la photographie (MPP), à Charenton-le-Pont (Val-de-Marne).
Dossier de protection