Plan général des salles du musée du Jeu de Paume sous l'Occupation
Dès le début du mois d'octobre 1940, le Louvre doit mettre trois salles à la disposition de l'Occupant pour permettre la circulation des œuvres d'art dont la spoliation a déjà commencée. Très vite, cet espace devient trop petit et le colonel Kurt von Behr, chef de l'Einsatzstab Reichsleiter Rosenberg (ERR) à Paris, jette son dévolu sur le musée du Jeu de Paume, qui abritait les œuvres contemporaines d’écoles étrangères des collections nationales avant qu'elles ne soient évacuées. Le lieu, déjà aménagé en musée, revêt pour le colonel von Behr tous les avantages : la situation au cœur de Paris, l'isolement au sein du jardin des Tuileries et donc la discrétion, la facilité d'accès pour les véhicules et la distance par rapport à l'administration des musées nationaux. Jacques Jaujard, directeur des musées nationaux, n'a pas d'autre choix que d'accorder l'autorisation mais négocie la présence d'un membre de la conservation dans les locaux, Rose Valland. Ainsi, le Jeu de Paume devient le lieu de transit des œuvres d'art avant leur départ vers l'Allemagne. De nombreux dignitaires nazis viennent, à plusieurs reprises, voir les œuvres pour sélectionner ce qu'ils veulent retenir, pour un musée ou pour eux-mêmes, à commencer par le Reichsmarschall Goering qui s'y rend une vingtaine de fois entre novembre 1940 et novembre 1942. C'est pourquoi il y a périodiquement des accrochages qui redonnent au lieu son allure de musée, sans qu’il soit toujours possible de préciser la date des présentations. De nombreuses prises de vue sont faites par le personnel allemand travaillant pour l'ERR (peut-être par Rudolph Scholz ou Heinz Simokat, tous deux photographes au Jeu de Paume) et la plupart sont souvent reproduites. Certaines d'entre elles sont accessibles en ligne sur le site des archives fédérales allemandes.
Les vues générales, présentées en lien avec le plan du Jeu de Paume, correspondent à quatorze négatifs conservés aux Archives du ministère des Affaires étrangères (FR-MAE Centre des archives diplomatiques de La Courneuve, 20160007AC/7). Les clichés ont été optimisés grâce à une numérisation spécifique des détails. Ils ont été ensuite mis en relation avec le plan des deux niveaux du Jeu de Paume. 232 œuvres sont visibles sur ces 14 clichés. Sur ces clichés, certaines œuvres sont bien visibles. D'autres, en raison de l'éclairage ou de la perspective, le sont moins. A partir d'un simple tirage, il n'est guère possible que d'effectuer un agrandissement qui ne permet pas toujours une amélioration de la lecture des détails. En revanche, avec un négatif, une numérisation spécifique des détails permet de régler la luminosité et d'en optimiser la lecture. Par ailleurs, pour certaines œuvres, on a pratiqué une anamorphose afin de rectifier la perspective et de remettre ces œuvres dans le plan pour faciliter leur identification. La mise en ligne du site internet de l'ERR project, recensant les œuvres spoliées et passées par le Jeu de Paume (https://www.errproject.org/jeudepaume/ ), a permis d'aller plus loin dans l’effort d'identification des œuvres visibles sur ces photographies. Le rapprochement d'une liste des œuvres du XXe siècle présentes au Jeu de Paume au début de l'année 1942 avec les œuvres visibles sur les deux photographies de la salle 15 avait déjà permis d'identifier de nombreuses œuvres jusqu'alors inconnues ou mal attribuées. Cette liste est une traduction en français, sans doute clandestine, effectuée par Rose Valland d'un inventaire dressé par le personnel de l'ERR, qui a le mérite de comporter une description des œuvres mais aussi de fournir le nom des personnes spoliées. La date de l'état décrit n'est pas autrement connu que par la date d'envoi par Rose Valland au directeur des musées nationaux, Jacques Jaujard, le 10 mars 1942. Voir la liste : https://www.culture.gouv.fr/Media/Thematiques/Musees/MNR/Notes-RValland-1942.pdf Ces vues de salles permettent d'accéder aux notices des 232 œuvres identifiées ou restant à identifier. Celles-ci sont accessibles à partir du plan général des salles donnant accès aux vues de chaque salle et aux notices des oeuvres qui y sont situées. Les photographies de chaque fiche fournissent le détail de l'œuvre telle qu'elle apparaît sur la ou les photographies d'ensemble, parfois un détail de la toile ou de l'objet d'art, mais aussi le cliché « rectifié » ayant fait l'objet d'une anamorphose ; celui-ci n'est pas forcément de grande qualité car il s'agit d'un détail fortement agrandi d'un cliché montrant une vue d'ensemble de la salle, mais la lecture de l'œuvre s'en trouve malgré tout très sensiblement améliorée. Le texte cite la mention de l'inventaire signalé plus haut et fait le lien avec la fiche ERR dorénavant disponible sur Internet. Chaque fois que cela était possible, il a été indiqué dans le champ « Commentaire » si l'œuvre a été : - restituée en toute certitude (selon les informations fournies par le site « errproject » signalé plus haut, ainsi que celles fournies par l'exemplaire du Répertoire des Biens Spoliés annoté conservé aux Archives des musées nationaux) ; - probablement restituée (cas des œuvres récupérées à Aulnay-sous-Bois dans le train n° 40-044 du 27 août 1944, dit Train d'Aulnay, si leur restitution n'est mentionnée ni par le site « errproject », ni par l'exemplaire annoté du Répertoire des Biens Spoliés) ; - rapatriée en France (selon le site « errproject »). En cas de doute, on a préféré mentionner : « Situation incertaine ». Les liens avec les sites internet des musées où les œuvres étaient conservées a pu être mentionné ainsi que la précision de la mention du catalogue raisonné de l'artiste (pour les œuvres du XXe siècle) lorsqu'il existe.
2022-09-08