POP

Plateforme ouverte du patrimoine

La forêt pétrifiée

N°Inventaire

R 10 D

Auteur / exécutant / collecteur

ERNST Max

Précisions auteur

Brühl, le 2 avril 1891; Paris le 1er avril 1976

Titre

La forêt pétrifiée

Millénaire

1929

Siècle

2e quart 20e siècle

Technique

Papier ; frottage de crayon

Dimensions

H. 0,74 ; La. 0,98 m.

Description

Frottage de mine graphite au revers d'une gravure du XIXe intitulée "Les Pêcheurs".

Inscriptions

Signé en bas à droite : "Max Ernst"

Historique

Le dessin fait partie du fonds de la galerie Jeanne Bucher, puis se trouve être la propriété d'un collectionneur privé de Wuppertal lorsqu'il est exposé en 1946 par le "Studio für neue Kunst", dans cette ville (1). En l’état actuel des recherches, les sources documentaires ouvrent sur deux pistes quant à l’identité de l’acheteur à la galerie Jeanne Bucher : - Deux courriers, rédigés en 1964 et en 1974 par Günter Aust, directeur du Von der Heydt-Museum de Wuppertal, informent que l’œuvre a été achetée à la galerie Jeanne Bucher par l’architecte Heinz Rasch (2) (3). - La documentation constituée dans l’après-guerre à partir de la déclaration obligatoire série n° K. 558 souscrite par Kurt Herberts (conformément aux réglementations sur les biens artistiques provenant des territoires occupés détenus par des Allemands) laisse conjecturer que le dessin ait fait partie d’un lot d’œuvres d’art acheté le 9 mars 1944 par le « Dr. Kurt Herberts 1 Co., Lackfabrick » de Wuppertal à la galerie Jeanne-Bucher Myrbor de Paris, 9ter boulevard du Montparnasse, pour la somme de 6.500 RM (4). Le lot inclurait aussi les tableaux R 18 P et R 19 P. La relation amicale avérée entre Heinz Rasch et Kurt Herberts pourrait éclaircir la divergence entre les deux pistes en rendant plausible l’hypothèse d’un accord entre eux, soit au moment de l’achat de l’œuvre, soit à l’occasion de la déclaration aux autorités Alliées. En 1946, l’œuvre figure donc dans l’exposition  “Ausländische Moderne” organisée par Heinz Rasch au Studio für neue Kunst de Wuppertal. En 1946 ou 1947, faisant suite à la déclaration obligatoire série n° K. 558 produite par Kurt Herberts, le Chef de la Mission française pour les Réparations et Restitutions en Zone britannique d’occupation présente une « Demande des biens à remettre au Gouvernement français par l’Allemagne » relative à des objets d’art localisés chez le « Dr. Kurt Herberts & Co, Lackfabrik, Wuppertal-Barman, Christbuchstrasse 25 » (5). La demande mentionne parmi les fournisseurs la « Galerie Jeanne Bucher-Myrbor, Bd. du Montparnasse/ Paris 6e » et parmi les pièces à récupérer un nombre « non précisé » de « Tableaux anciens, plastiques etc » pour une valeur totale de 6500 RM en 1938 (6). L’autorisation d’enlèvement pour les pièces mentionnées dans la réclamation est délivrée le 16 février 1948 par la Reparation, Deliveries & Restitutions Division (7). Les pièces sont restituées par les Autorités britanniques aux Autorités françaises le 8 janvier 1949 (8). Le même jour, elles sont envoyées à l’OBIP, à Paris, par le troisième convoi du CCP de Düsseldorf, puis prises en charge par la CRA à leur arrivée le 19 janvier 1949 (9). Le 27 janvier 1949, A. S. Henraux requiert par courrier au Chef de la Mission française pour les Réparations et Restitutions en ZBO une confirmation sur l’identité des œuvres parvenues de Düsseldorf, dont le dessin de Max Ernst, les biens déballés ne correspondant pas à ceux qui étaient annoncés par un télégramme. Ce dernier ne mentionne aucune œuvre d’art moderne mais indique, outre des pièces d’autres genres, « 9 Tableaux anciens et 1 Plastique ancienne ». Bien qu’une note du 7 février 1949 répercute la requête d’Henraux au Délégué de la Mission Française à Düsseldorf, les dossiers consultés ne contiennent pas de documents éclaircissant la question (10). Le dessin est présenté lors de la cinquième commission de choix des œuvres de la récupération artistique du 25 octobre 1950, retenu lors de la cinquième Commission de choix des œuvres d’art (enregistrement dans le P.V. de la sixième Commission de choix), et attribué par arrêté du ministère de l’Éducation nationale au musée national d'Art moderne le 13 août 1951 (11). Il est inscrit à l'inventaire provisoire spécial du MNAM sous le titre « Composition ». Le dessin est mis en dépôt au musée d'art et d'histoire du Judaïsme du 20 novembre 1998 au 15 décembre 1999 puis revient en 2000 au musée national d'Art moderne. Il lui est réattribué en octobre 2012 (12).

Commentaire

Champ Catégorie renseigné d'après les données de la mission Mattéoli ; historique enrichi en 2024. Voir notice de la collection en ligne du MNAM : https://collection.centrepompidou.fr/artwork/150000000027365

Catégorie

Oeuvre dont l'historique est incomplet entre 1933 et 1945, en l'état des recherches actuelles.

Observations

Les informations en notre possession sur Kurt Herberts, collectionneur et propriétaire d'une usine de vernis à Wuppertal, sont fragmentaires. Son nom apparaît dans les biographies consacrées à des artistes allemands proscrits par le régime nazi, dont Oscar Schlemmer et Willi Baumeister (13), auxquels il avait donné refuge en les invitant à participer à un laboratoire de recherche sur des procédés de techniques picturales. Selon un rapport d'après-guerre du sixième comité de confiscation des profits illicites, pendant l'Occupation Herberts a habité à Paris où son usine avait une succursale. Celle-ci, selon le rapport, "se bornait à introduire sur le marché français des produits destinés en fait à l'armement allemand". Pour ce qui concerne la galerie Jeanne Bucher, celle-ci ayant été sollicitée par le musée national d'Art moderne au cours de l'année 2006 afin d'élucider la provenance des MNR R 18 P, R 19 P et R 10 D, a communiqué ne posséder aucune information sur le passage de ces trois œuvres dans ses murs.

Autres numéros

G 43 REC 10 D

Marques

Au verso, gravure d'après la peinture de Léopold Robert : "Les Pêcheurs/de l'Adriatique/ Paris Publié par Goupil et Vibert, Boulevard Montmartre rue de Lancry 7" et "Gravé par Z. Prévost" et "Imprimerie de Goupil & Vibert" ; écrit à la main "AM REC 10 D".

Localisation

Paris ; musée national d'art moderne

Etablissement affectataire

Paris ; musée national d'art moderne

Exposition

1946, Wuppertal, Studio für neue Kunst. 1959 (avril-septembre), Villeneuve-sur-Lot, Montauban, "Le dessin français de Signac aux abstraits" ; exposition itinérante organisée par le Service Éducatif de la Direction des Musées de France. 1960 (juin-décembre), Quimper, Rennes, Bourges, Dijon, "Le dessin français de Signac aux abstraits". 1963 (août-décembre), Stockholm, Riksförbundet, "Dessins du musée d'Art moderne". 1964 (janvier-avril), Humlebæk, Louisiana Museum, "Dessins du musée d'Art moderne". 1967 (3-21 juin), Dublin, Municipal gallery of modern Art, "Exhibition of drawing and watercolour in France since Matisse". 1967-1968 (février-Mars), Europe de l'Est, "Exposition de dessins, gouaches et aquarelles". 1969 (27 novembre-15 décembre), Paris, Galerie d'art L'Œil, "Exposition Max Ernst". 1974-1975 (22 novembre-20 janvier), Paris, musée national d'Art moderne, "Dessins du musée national d'Art moderne 1890-1945". 1975 (22 mai-22 juin), Sochaux, maison des arts et des loisirs, "Trente-trois dessins du musée national d'Art moderne". 1979 (février-avril), Munich, Haus der Kunst, "Max Ernst". 1988 (16 février- 31 mars), Magland, Centre culturel de Flaine, "A propos d'arbres" (Cat. : repr. p. 9). 1988 (17 septembre-27 novembre), Tubingen, Kunsthalle, "Max Ernst". 1988 (17 septembre-27 novembre), Tubingen, Kunsthalle, "Max Ernst : collages". 1988 (7 décembre 88 -12 février 89), Berne, Kunsthalle, "Max Ernst : collages". 1989 (19 février- 23 avril 89), Düsseldorf, Kunstsammlung Nordrhein-Westfalen, "Max Ernst : collages". 1991 (1er octobre-2 décembre), Madrid, Museo nacional, Centro de arte Reina Sofia, "André Breton y el surrealismo". 1995 (4 octobre-27 novembre), Paris, musée national d'art moderne, Galerie d'art graphique, "Dessins surréalistes : visions et techniques". 1996 (3 février-7 avril), Atlanta, Michael C. Carlos Museum of Emoru University ; (4 mai-7 juillet), Detroit, Detroit Institue of Arts, "Surrealist Vision and Technique : Drawings and Collages from the Pompidou Centre and the Picasso Museum, Paris". 1997 (9 -21 avril), Paris, Musée national d'Art moderne, "Présentation des œuvres récupérées après la Seconde Guerre mondiale confiées à la garde du musée national d'Art moderne" (Cat. : n° 12, repr.) 2003 (7 mars-7 juin), Paris, Pavillon des arts, "Trajectoires de rêve". 2007 (25 avril-27 août), Besançon, Musée des Beaux-Arts et d'Archéologie, "Invention et transgression, le dessin au XXème siècle : un choix du Cabinet d'Art graphique - Centre Pompidou". 2013-2014 (17 octobre 2013-27 août 2014), Paris, maison Victor-Hugo, "La Cime du rêve. Les surréaliste et Victor Hugo".

Bibliographie

SPIES, Werner ; METKEN, Günter, "Max Ernst, Oeuvre-Katalog, T. 2 : Werke, 1925-1929", Houston, Menil Foundation, 1975, cat. n° 1989, repr. p. 306. LA BEAUMELLE, Agnès de, "Deux nouvelles acquisitions - Max Ernst : Ubu imperator, 1923, Chimère 1928", dans "Cahiers du Musée national d'Art moderne", juillet 1984, n° 13. SPIES, Werner (dir.), "Max Ernst. Collagen. Inventar und Widerspruch", Cologne, Dumont Buchverlag, 2003, cat. n° 126, cit. p. 513, repr. n. p. LA BEAUMELLE, Agnès de, "Collection art graphique : [Catalogue de] La collection du Centre Pompidou, Musée national d'art moderne-Centre de création industrielle", Paris, éd. du Centre Pompidou, 2008, cit. et repr. coul. p. 167.

Notes

(1) Musée national d'art moderne, documentation, dossier d’œuvre : la présence d’œuvres de Max Ernst dans l’exposition ‘Ausländische Moderne’ [L’art moderne étranger] présentée au Studio en 1946 a fait l’objet de deux courriers, voir note 3. (2) L’architecte Heinz Rasch est, dans l’après-guerre, propriétaire et organisateur du Studio für neue Kunst à Wuppertal. (3) Musée national d'art moderne, documentation, dossier d’œuvre, extraits des courriers de Günter Aust, directeur du Von der Heydt-Museum de Wuppertal : A - courrier adressé le 10 mars 1964 à Helmut R. Leppien de la Kusthalle de Hambourg : « […] Monsieur Rasch m’a quand même assuré que dans l’exposition figuraient les trois œuvres de Max Ernst suivantes : -1. Fleurs- 1927, Huile sur toile, format vertical (Brun, rouge, bleue et blanc)  -2. Forêt, frottage au crayon, 70 x 85 cm, signé à droite en bas : Max Ernst -3. Paysage avec [ ?], 1917 Aquarelle, 15 x 22 […]. L’aquarelle appartient encore à Monsieur Rasch, les deux autres œuvres qu’il a acquises pendant la guerre en France chez Jeanne Bucher, devaient être rendues en 1947. […] ». La reproduction du frottage dans le catalogue de l’exposition ne laisse pas de doutes sur son identification avec le R 10 D, malgré des dimensions légèrement différentes. B - courrier adressé le 26 novembre 1974 à Günter Metken, co-auteur avec Werner Spies du catalogue raisonné de Max Ernst : « […] L‘ancien commissaire et propriétaire du Studio, Monsieur Rash, m’a dit qu’il possédait à cette époque-là un tableau à l’huile intitulé ‘Fleurs’ de Max Ernst, un format vertical, environ 80 X 65 cm. Ce tableau, ainsi que le frottage représenté dans le catalogue, ont été restitués au début des années cinquante à la France. On ne sait pas où se trouvent aujourd’hui ces tableaux. […] ». (4) MEAE/209SUP269 B108 : Dossier claim n° 1878. Kurt Herberts, collectionneur et propriétaire d’une usine de vernis à Wuppertal, apparaît dans les biographies consacrées à des artistes allemands proscrits par le régime nazi, dont Oscar Schlemmer et Willi Baumeister, auxquels il avait donné refuge en les invitant à participer à un laboratoire de recherche sur des procédés de techniques picturales. Selon un rapport d’après-guerre du sixième Comité de Confiscation des Profits illicites, Herberts séjournait à Paris pendant l’Occupation, où son usine avait une succursale avenue des Champs-Elysées. Celle-ci « se bornait à introduire sur le marché français des produits destinés en fait à l’armement allemand ». (5) Le formulaire pré- imprimé, rempli par le réclamant en tapuscrit, porte la date du 3 juin 1947 ajoutée à la main. (6) MEAE/209SUP269 B108 : la demande, classée sous le numéro « B.C.R. [Bureau central des restitutions] 1672 », porte aussi le numéro manuscrit « 2471 » et dans d’autres documents elle est répertoriée comme « Claim n° 1878 ». En reprenant l’une des formules adoptées pour les réclamations en ZBO, le paragraphe consacré aux « Détails concernant le transport des biens en Allemagne » indique : « Vente à Dr Kurt Herberts & Co. Lackfabrik, Wuppertal-Barman, imposée aux fournisseurs français par les autorités allemandes sous l’occupation » ; voir aussi la fiche n° 3 des services de récupération britanniques relative à la déclaration obligatoire n° K 558 du « Dr Kurt Herberts & Co., Lackfabrick », non datée, concernant des œuvres acquises à la galerie Jeanne Bucher-Myrbor : la fiche indique au « 9.3.44 » la date de la transaction et mentionne « Description of Property » : « Works of art, / anciens pictures, / from differents artists/ plastics, as.o. / in various kinds ». (7) MEAE/209SUP269 B108 : Copie de l’autorisation. (8) MEAE/209SUP269 B108 : « Receipt and agreement for delivery of identifiable property ».  (9) MEAE/209SUP269 B108 : Déclaration d’expédition de la société de transports Schenker & Co « Nr. Frau. Rü. 258/7 » ; MEAE/209SUP430 P84 : cahier de pointage, p. 32 ; Attestation de la CRA du 19 janvier 1949. (10) MEAE/209SUP269 B108 : le télégramme reprend avec quelques modifications la liste des œuvres accompagnant la Demande des biens de la « Claim n° 1878 » ; courrier d’A. S. Henraux au Colonel P. Villemer, Chef de la Mission française pour les Réparations et Restitutions en Zone Britannique, à Bad-Salzuflen, du 27 janvier 1949. Parmi les pièces parvenues à Paris, le courrier mentionne : « caisse 1878/3 / 1 grand dessin ou fusain – arbres- signé Max Ernst » ; copie de la note. (11) AN, Archives des musées nationaux, 20150044/99, 1950-1958 : « Compte rendu de la Commission de choix des œuvres d'art / séance du mercredi 25 octobre 1950 » ; « Commission de choix de la récupération artistique / VIème séance – 29 mai 1951 / Compte rendu ». L’œuvre y figure sous le titre « Composition » ; SMF, sous-direction des collections, dossier Récupération : Arrêté du ministère de l’Éducation nationale : "... Les œuvres d'art ci-après désignées retrouvées hors de France par la Commission de récupération artistiques sont attribuées aux Musées Nationaux (Musée d'Art Moderne) ... A.M.R. 10d, n° G. 43, Max Ernst, Composition ... Paris le 13 août 1951". (12) SMF, sous-direction des collections, dossier Récupération : Courriel du musée national d'art moderne du 8 octobre 2012 ; musée national d'art moderne, documentation, dossier d’œuvre. (13) Baumeister était entré en relation avec Herberts par le biais d'Heinz Rasch. A noter qu'en janvier 1939 une exposition particulière de l'artiste a eu lieu à la galerie Jeanne Bucher, à Paris, et qu'au cours de l'Occupation il avait des nouvelles de la galeriste en Allemagne par l'intermédiaire d'amis communs.

Date de la dernière mise à jour

2024-12-04

Droits de copie photo

© MNAM-CCI / Philippe Migeat / Dist. RMN-GP. © ADAGP. © Musée national d'Art moderne.

1/3
mnr/MNAD0010/R10D_r_c_MNAM_4R13085.jpg
mnr/MNAD0010/R10D_v_c_MNAM_5A07624.jpg
mnr/MNAD0010/r10dn.jpg