R 18 P
TORRES GARCIA Joaquin
Montevideo, le 28 juin 1875 ; Montevideo, le 3 août 1949
Composition
1931
2e quart 20e siècle
Bois ; peinture à l'huile
H. 0,345 ; La. 0,29 m.
Monogramme en bas à gauche, date en bas à droite : "J.T.G/31"
La documentation constituée dans l'après-guerre à partir de la déclaration obligatoire série n° K. 558 souscrite par Kurt Herberts (conformément aux réglementations sur les biens artistiques provenant des territoires occupés détenus par les Allemands) laisse penser que le tableau a fait partie d'un lot d’œuvres d'art acheté le 9 mars 1944 par le "Dr Kurt Herberts 1 Co., Lackfabrick" de Wuppertal à la galerie Jeanne Bucher-Myrbor de Paris (Bd du Montparnasse) pour la somme de 6.500 RM. Le lot incluait aussi les œuvres R 19 P et R 10 D (1). Cette déclaration faisant défaut dans les dossiers accessibles à Paris, seuls les documents administratifs qu'elle a générés, mais qui ne sont pas assez précis, ont pu être consultés. Vers 1946-1947, faisant suite à la déclaration obligatoire produite par Kurt Herberts, le Chef de la Mission française pour les Réparations et Restitutions en Zone Britannique d'Occupation présente une "Demande des Biens à remettre au Gouvernement français par l'Allemagne" relative à des objets d'art localisés chez le "Dr Kurt Herberts & Co, Lackfabrik, Wuppertal-Barmab, Christbuschstrasse 25" (le pré-imprimé, rempli par le réclamant en tapuscrit, porte la date du 3 juin 1947 ajoutée à la main). La demande mentionne parmi les fournisseurs la "Galerie Jeanne Bucher-Myrbor, bd du Montparnasse/Paris 6ème" et parmi les pièces à récupérer un nombre "non précisé" de "Tableaux anciens, plastiques, etc." pour une valeur totale de 6.500 RM en 1938 (2). Le 16 février 1948, la "Reparation, Deliveries & Restitution Division" délivre l'autorisation d'enlèvement pour l'ensemble des pièces mentionnées dans la réclamation (3). Le 8 janvier 1949, ces pièces sont restituées par les Autorités britanniques aux Autorités françaises (4). Le même jour, elles sont envoyées à l'OBIP, à Paris, dans le troisième convoi en provenance de Düsseldorf (5) et à leur arrivée, le 19 janvier 1949, sont prises en charge par la commission de récupération artistique (6). L’œuvre est décrite ainsi : "Caisse 1878/5 - Un panneau surréaliste en plâtre - signé J.T.G. ; au dos, inscription : Torrès Garcia 31, immatriculation Claim 1878 ... ". Le 27 janvier 1949, Albert S. Henraux demande par courrier au chef de la Mission française pour les Réparations et les Restitutions en Zone Britannique d'Occupation une confirmation sur l'identité des œuvres qui proviennent de Düsseldorf, dont le tableau de Torres Garcia, car les biens déballés ne correspondent pas à ceux qui étaient annoncés par un télégramme (7). Ce dernier en effet ne mentionne aucune œuvre moderne mais indique, outre des pièces d'autres domaines, "9 Tableaux anciens et une plastique ancienne" (8). Albert S. Henraux, Président de la commission de récupération artistique, envoie le 17 février 1949 un courrier à J. Torres Garcia afin de l'informer qu'un de ses tableaux vient d'être retrouvé ; ce tableau est-il sa propriété ? La réponse est négative. Il en est de même pour la demande faite au marchand Pierre Loeb, à la galerie Percier et à la galerie Fontaine, visant à identifier le dernier propriétaire du tableau (9). De plus, le 15 avril 1949, la galerie Jeanne Bucher fait savoir par téléphone qu'elle ne connaît pas le tableau (10). L’œuvre est alors inscrite à l'inventaire provisoire spécial du musée national d'Art moderne le 9 août 1950, puis présentée le 25 octobre 1950 à la cinquième commission de choix des œuvres de la récupération artistique (enregistrement fait au procès-verbal de la sixième commission de choix des œuvres de la récupération artistique) (11) sous la rubrique : "peintures et dessins modernes ; n° allemand : Fr 109 ; provenance : MUNICH ; époque : XXE ; auteur : Torrès GARCIA ; sujet : Composition" (12). Elle entre au musée le 26 octobre 1950 avec pour mention d'origine : "Munich" (12). Le tableau est attribué le 13 août 1951, par arrêté du ministère de l’Éducation Nationale, "aux musées nationaux (musée d'art moderne)" (13). Il est prêté au musée d'art et d'histoire du Judaïsme du 15 novembre 1998 au 30 novembre 1999, puis retourne au musée national d'Art moderne (14).
Champ Catégorie renseigné d'après les données de la mission Mattéoli. Voir notice de la collection en ligne du MNAM : https://collection.centrepompidou.fr/artwork/150000000006943
Oeuvre dont l'historique est incomplet entre 1933 et 1945, en l'état des recherches actuelles.
Les informations en notre possession sur Kurt Herberts, collectionneur et propriétaire d'une usine de vernis à Wuppertal, sont par trop fragmentaires. Son nom apparaît dans les biographies consacrées à des artistes allemands proscrits par le régime nazi, dont Oscar Schlemmer et Willi Baumeister (15), auxquels il avait donné refuge en les invitant à participer à un laboratoire de recherche sur des procédés de techniques picturales. Selon un rapport d'après-guerre du sixième comité de confiscation des profits illicites, pendant l'Occupation Herberts a habité à Paris où son usine avait une succursale. Celle-ci, selon le rapport, "se bornait à introduire sur le marché français des produits destinés en fait à l'armement allemand". Pour ce qui concerne la galerie Jeanne Bucher, celle-ci ayant été sollicitée par le musée national d'Art moderne au cours de l'année 2006 afin d'élucider la provenance de la "Composition" de Torres Garcia ainsi que les MNR R 19 P et R 10 D, a communiqué ne posséder aucune information sur le passage de ces trois œuvres dans ses murs (16).
1878 : numéro de Claim. F 134
Au revers : -Inscriptions sur le bois : "J. TORRES-GARCIA" (de la main de l'artiste et en diagonale ; au crayon rouge, à la main : "1" (ou "V" ?) ; au crayon (?) bleu "R 18 P" ; au crayon (?) rouge "AM 6/ H=0,35/L=0,29" ; "JP 6" (chiffre illisible) ; en rouge "90" ; au crayon "5P COMPOSITION" ; étiquette "1948" (au crayon rouge, manuscrit sur étiquette ovale) et (lecture difficile) au crayon bleu : "39 (..., 4 ?)"
Paris ; musée national d'art moderne
Paris ; musée national d'art moderne
1975 (11 juin-18 août), Paris, Musée d'art moderne de la Ville de Paris, "Torres Garcia : construction et symboles". 1989 (avril-mai), Paris, Centre Georges Pompidou, "José Bergamin". 1992-1993 (19 novembre-11 janvier), Paris, musée national d'Art moderne, Grande galerie ; (9 février-25 avril), Köln, Josef Haubrich Kunsthalle : "Art d'Amérique latine 1911-1968" (Cat. : p. 392, repr.) 1997 (9-21 avril), Paris, Centre Georges Pompidou, "Présentation des œuvres récupérées après la Seconde Guerre mondiale et confiées au musée national d'Art moderne" (Cat. : n° 28). 2008 (18 février-3 juin), Jérusalem, musée d'Israël ; (24 juin-28 septembre), Paris, Musée d'Art et d'histoire du Judaïsme, "A qui appartenaient ces tableaux ? La politique française de recherche de provenance, de garde et de restitution des œuvres pillées durant la seconde guerre mondiale" (Cat. : p.172 et repr. coul. p. 173).
BEAUMELLE, Agnès de la ; POUILLON, Nadine, "La Collection du Musée national d'Art moderne. Catalogue établi par la Conservation du Musée", Paris, Centre Pompidou, 1986, cit. et repr. p. 579.
(1) MEAE/209SUP269 B108 : Dossier Claim n° 1878. (2) MEAE/209SUP269 B108 : La demande, classée sous le numéro "B.C.R. (Bureau central des restitutions) 1672", porte aussi le numéro manuscrit "2471" et dans d'autres documents elle est répertoriée comme "Claim n° 1878". En reprenant l'une des formules adoptées pour les réclamations en zone britannique d'occupation, le paragraphe consacré aux "Détails concernant le transport des biens en Allemagne" indique : "Vente à Dr Kurt Herberts & Co Lackfabrik, Wuppertal-Barman, imposée aux fournisseurs français par les autorités allemandes sous l'occupation." - Voir aussi la fiche n° 3 des services de récupération britanniques relative à la déclaration obligatoire "n° K 558" du "Dr Kurt Herberts & Co, Lackfabrick" (non datée) et concernant des œuvres acquises à la galerie Jeanne Bucher-Myrbor. La fiche indique au "9.3.44" la transaction et mentionne sous la voix : "Description of Property" : "Works of art,/anciens pictures,/ from differents artists/plastics, as.o./in various kinds". (3) MEAE/209SUP269 B108 : Copie de l'autorisation. (4) Ibidem : "Receipt and agreement for delivery of identifiable property". (5) Ibidem : Déclaration d'expédition de la société de transports Schenker & Co "Nr Frau.Rü. 258/7" ; MEAE/209SUP430 P84 : Dossier du troisième convoi en provenance de Düsseldorf : cahier de pointage, p. 32 ; MEAE/209SUP430 P84. (6) AN, Archives des musées nationaux, 20150044/99, 1950-1958 : Attestation de la commission de récupération artistique du 19 janvier 1949 ; MEAE/209SUP269 B108 et MEAE/209SUP/430 P84. (7) MEAE/209SUP406 P48 : Courrier d'A.S. Henraux au Colonel P. Villemer, Chef de la Mission française pour les Réparations et les Restitutions en zone britannique, à Bad-Salzuflen, du 27 janvier 1949. Parmi les pièces parvenues à Paris, le courrier mentionne : "caisse 1878/5/ 1 panneau surréaliste en plâtre - signé J.T.G./ au dos inscription : Torres Garcia 31". (8) MEAE/209SUP269 B108 : Copie du télégramme envoyé le 8 janvier 1949 de Düsseldorf par Y. I. Perrin. Au sujet du claim 1878, le télégramme reprend avec quelques modifications la liste des œuvres accompagnant la "Demande des biens... " (9) Ibidem. (10) MEAE/209SUP406 P48 : enquête n° 22, "Affaire Torres Garcia (Uruguay) (Dessin sur plâtre) [sic]". (11) AN, Archives des musées nationaux, 20150044/99, 1950-1958 : "Compte rendu de la Commission de choix des œuvres d'art/Séance du mercredi 25 octobre 1950" ; "Commission de choix de la Récupération artistique/VIème séance - 29 mai 1951 / Compte-rendu". (12) Musée national d'Art moderne, documentation, dossier d’œuvre : fiche d'inventaire sur bristol. (13) AN, Archives des musées nationaux, 20150044/99, 1950-1958 : Attribution "aux musées nationaux (musée d'art moderne)" parmi un ensemble "d'œuvres d'art retrouvées hors de France par la Commission de Récupération Artistique (...) dans les conditions fixées par l'article 5 décret no 49-1344 du 30 septembre 1949", comprenant, en 4ème référence : "A.M.R. 18, n° Fr 134, Torrès GARCIA Composition". (14) SMF, sous-direction des collections, dossier Récupération : courriel du musée national d'Art moderne du 8 octobre 2012. (15) Baumeister était entré en relation avec Herberts par le biais d'Heinz Rasch. A noter qu'en janvier 1939 une exposition particulière de l'artiste a eu lieu à la galerie Jeanne Bucher, à Paris, et qu'au cours de l'Occupation il avait des nouvelles de la galeriste en Allemagne par l'intermédiaire d'amis communs. (16) Jeanne Bucher s'était intéressée à l’œuvre de Torres Garcia dont elle avait organisé notamment une exposition particulière en janvier-février 1931.
2024-12-04
© ADAGP. © Paris, musée national d'Art moderne.