R 21 P
MAUNY Jacques
Paris, le 28 novembre 1893 ; Enghien-les-Bains, 1962
La plage de Trouville
La plage de Deauville La plage Jetée (?) Scène de plage Panorama de la plage, Trouville
1923 ?
1er quart 20e siècle
Carton collé sur panneau de bois parqueté ; peiture à l'huile
H. 0,39 ; La. 0,46 ; P. 0,015 m.
Signé en bas à droite : "Jacques MAUNY"
L’œuvre fait partie de la collection de Robert Lange en 1928, comme le mentionne la légende d'une reproduction "Panorama de la plage" illustrant un ouvrage de Gallatin (1) en page 11, publié en 1928 ; dans le même ouvrage, un passage relatif à la décoration de son appartement commandé au maître décorateur Djo-Bourgeois ; elle est dite provenir de "l'ancienne collection Lederlin". L’œuvre est prêtée en janvier 1930 par madame Lange pour une exposition qui se tient à New-York (2). La "Plage de Trouville" fait partie des ensembles mobiliers pris chez des juifs par la "Möbel-Aktion" et envoyés à Karlsruhe, entre fin 1942 et début 1944, pour secourir les habitants de la ville sinistrés par des bombardements alliés. Ce sont environ 200 à 230 wagons de meubles expédiés de Paris à l'initiative d'Otto Abetz et une dizaine de tableaux en provenance d'Amsterdam qui rejoignent la ville dans ce but (3). Sur l'ordre de l'Oberbürgermeister de Karlsruhe, Hüssy, en février 1943, les œuvres d'art sont séparées des objets d'ameublement et mises en sécurité. Au nombre de 800 environ début mars 1944, elles sont regroupées selon leur valeur et distribuées, entre mai et septembre, dans différents dépôts aux alentours de la ville, afin de les protéger des bombardements aériens. "La plage de Trouville", ainsi que d'autres œuvres considérées comme de moindre intérêt, demeure à Karlsruhe, dans un immeuble que les archives alliées désignent "maison Solms" (4), et où elle est retrouvée en juillet 1945. Le 26 juillet 1945, un rapport du "Merchandise Ration and Card Control Procurement Office" informe le Gouvernement militaire américain à Karlsruhe des envois de meubles de Paris et d'Amsterdam à la ville pendant la guerre (5). Le jour suivant, les œuvres déposées à la maison Solms sont inventoriées dans une liste sommaire. "La plage de Trouville" y figure sous la mention "[n°] 410, Jacq. Maunt [sic], Strandscene, Öl à H., 39/46, ohne Rahmen" (6). Le 31 juillet, la police criminelle de Karlsruhe ouvre une enquête sur l'affaire en rassemblant les dépositions d'agents municipaux impliqués et d'autres témoins (7). Les œuvres d'art sont d'abord entreposées par les services américains au musée de Karlsruhe, où elles sont inspectées par Rose Valland (8), puis elles sont déposées au Central Collecting Point de Wiesbaden. Sans doute le 25 mai 1946, "La plage de Trouville" est transférée au Central Collecting Point de Baden-Baden, aux bons soins des autorités françaises (9). Le 1er juillet 1950, l’œuvre est envoyée au siège de la commission de récupération artistique, à Paris, par le septième convoi en provenance de Baden-Baden ; elle arrive le 10 juillet 1950 (10). Elle est présentée à la sixième "commission de choix des œuvres de la récupération artistique" du 29 mai 1951, et choisie parmi des "peintures et dessins modernes ; provenance 7° BADEN ; époque : XX° siècle ; auteur : J. MAUNT [sic] ; sujet : La plage de Deauville". Elle est attribuée par arrêté du ministère de l’Éducation nationale le 13 août 1951 : "... Les œuvres d'art ci-après désignées retrouvées hors de France par la Commission de récupération Artistique sont attribuées aux musées nationaux (musée d'art moderne)" [...] "dans les conditions fixées par l'article 5 du décret n° 49-1344 du 30 septembre 1949" comprenant, cinquième référence : "A.M.R. 21 P, J. MAUNT [sic], La SN, J. MAUNT [sic], La plage de Deauville" (11). Elle est ensuite portée à l'inventaire provisoire spécial du musée national d'Art moderne et entre au musée le 30 mai 1951 (12). Le tableau est mis en dépôt au musée d'art et d'histoire du Judaïsme du 15 novembre 1998 au 30 novembre 1999. Le tableau est restitué à l'héritière de Robert Lange le 17 mai 2005 et radié de l'inventaire provisoire spécial MNR par arrêté du ministère de la culture et de la communication du 16 juillet 2007 (13).
Champ Catégorie renseigné en 2007.
Oeuvre assurément spoliée.
Restitué le 17 mai 2005
3623 : numéro du Central Collecting Point de Wiesbaden. 92 : numéro Central Collecting Point. 410 : numéro convoi. 94 : numéro OBIP. Rec 21 P.
Au revers : Sur le panneau : étiquette rectangulaire "Douane/Q" à la main, stylo bleu ; étiquette ronde "Douanes/exposition/Paris" imprimée en rouge ; "REC./21P", à l'encre rouge ; "410", au crayon bleu ; "92", à la craie blanche. Sur le parquetage (vers b.) : "7 Baden", au crayon rouge, à peine visible ; "M. COPPOLA" imprimé. Sur le châssis : étiquette, manuscrite, à la plume encre brune : "Récupération n° 21/J. Mauny/La plage de Trouville" ; étiquette bleu clair, à la main, au feutre noir "MAT. C. 42" ; étiquette déchirée, au crayon rouge, inscription illisible. Sur le cadre : étiquette "Musée national d'art moderne/Mauny/La plage/Pi [...]29/4 I 25/ REC 21 P".
Restitué
1930 (6-25 janvier), New-York, De Hawke and Co gallery, Inc. 3 East 51, "Première exposition de peintures et gouaches de Jacques Mauny", n° 18 : "Panorama de la plage, Trouville" (prêt de madame Lange). 1997 (9-21 avril), Paris, Centre Georges Pompidou, "Présentation des œuvres récupérées après la Seconde Guerre mondiale ..." (Cat. : n° 23).
(1)GALLATIN, A. E. "Jacques Mauny" ; Paris, éditions des Quatre Chemins, 1928 ; 20 pages et huit reproductions et une pointe sèche. La présence de l’œuvre chez Lange est également attestée dans l'article "Djo-Bourgeois, architecte et décorateur" par A.-H. Martinie, paru dans "Art et décoration", Paris, mars 1928, où elle apparaît dans deux illustrations, portant la légende : "Chambre, chez M. Lange, à Paris, par Djo-Bourgeois" (pp. 74-75). (2) Voir "Expositions". (3)MEAE/209SUP235 B39 : Rapport du "Marchandise Ration and Card Control Procurement-Office" à l'American Military Governement Karlsruhe, 26 juillet 1945 ; note sur la visite à Karlsruhe du 20 et 21 février 1946, effectuée par la Mission française pour les restitutions à la France, et rapports suivants ; et MEAE/209SUP404 P46 : Enquête Valland 2, rapport du 23 décembre 1945. (4)MEAE/209SUP404 P46 : voir note 3, traduction anglaise de l'enquête conduite par la Police criminelle de Karlsruhe ... : Enquête Valland 26, "Verzeichnis aus Paris und Amsterdam des gemälde im Hause Solms, Bismarckstr. 24 (Haus Solms) aufgenommen am 27.7.1945". (5)Voir note 3 : "Rapport du Marchandise ..." (6)Voir note 4 : Enquête Valland 26, "Verzeichnis aus Paris und Amsterdam des gemälde im Hause Sölms ..." (7)Voir note 3 : traduction anglaise de l'enquête. (8)Voir note 3 : "Enquête Valland 2 ..." (9)C'est à cette date que les œuvres provenant de la maison Solms sont envoyées au Central Collecting Point de Baden-Baden. L’œuvre ne figure pas dans l'inventaire du convoi. Il est toutefois probable qu'elle faisait partie des "203 oil paintings" considérées comme "household furnishing" contenus dans la caisse "WIE 3623/36" mentionnée hors inventaire dans la documentation du dossier du Collecting Point/Zone alliée/Baden-Baden "Caisses de tableaux venues de Wiesbaden/[...] envoi du 25 mai 1946". (10)MEAE/209SUP429 : Dossier du septième convoi en provenance de Baden-Baden : inventaire de la "Liste des objets d'art dirigés sur la Commission de récupération artistique le 1er juillet 1950 et provenant de la Zone américaine d'Occupation" sous la mention : "N° du colis : 7 ; n° d'inventaire ss n° ; Nature de l'objet : tableaux ; Désignation de l'objet : 8 tableaux israélites ; Provenance : Wiesbaden" ; cahier manuscrit "Arrivage du 10 juillet 1950 à l'OBIP", daté du 12 juillet 1950, page 5, sous la mention : "Caisse 7 ; 410-13-Trouville-Jacques Mauny, sur bois" ; cahier manuscrit 7 "Baden/arrivée le 10-7-1950/déballé le 1-3-1951", page 5, sous la mention : "N° arrivée : 13 ; N° CC : 92 ; OBIP : 94 ; Iconographie : Trouville ; Auteur : Mauny" ; notes explicatives sur les œuvres expédiées, rédigées le 4 juillet 1950, précisant à la page 3, au sujet des œuvres provenant de Wiesbaden, "Ce lot de tableaux sans valeur est le reliquat (quatrième convoi) des biens spoliés israélites en provenance de Wiesbaden [...] sans n° d'inventaire (faisant partie du numéro 199 envois antérieurs)". (11)AN, Archives des musées nationaux, 20150044/99, 1950-1958. (12)AN, Archives des musées nationaux, 20150044/99, 1947-1956 : "Commission de choix des œuvres de la récupération artistique/VIème séance - 29 mai 1951 / Compte-rendu", p. 18, sous la mention : "J/Maunt [sic], la plage de Deauville, bois". (13) Musée national d'Art moderne, Documentation, dossier d’œuvre.
2024-12-04
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