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Plateforme ouverte du patrimoine

Tapis d'Orient

N°Inventaire

OAR 557

Auteur / exécutant / collecteur

Anonyme

Titre

Tapis d'Orient

Siècle

Moderne

Technique

Tapis ; laine ; soie

Dimensions

Lo. 2,10 ; La. 1,25 m.

Description

Tapis d'Orient moderne. Fond bleu foncé, bordure blanche à dessins rouges jaunes et noirs.

Historique

Ce tapis fait partie d’un lot de dix-sept tapis, copies modernes de tapis d'Orient, qui a connu une histoire mouvementée. En 1942, la Luftwaffe saisit à Riga une très importante cargaison de plus de cinq mille tapis en provenance d'Iran (huit cents à mille balles) (1). La société Schenker est chargée de transporter l'ensemble des tapis à Berlin où ils sont entreposés dans les entrepôts de la société Persische Teppich-Gesellschaft (PETAG, Berlin SW 68, Henkenstr. 2). Parmi ce stock, mille tapis (deux cents balles) appartenaient à la PETAG, spécialisée dans le commerce de copies modernes de tapis anciens. Des négociations avec les différents propriétaires sont entreprises au sujet des taxations des tapis. Au cours de ces pourparlers, la PETAG et la Deutsch Orient Compagnie se plaignent d'avoir été lésées, notamment par la société Quantmeyer & Eicke, dont le nom n'apparait pourtant pas sur la liste initiale des propriétaires de tapis. En mars 1945, la PETAG envoie quatre-vingt-treize balles de son stock (soit 497 tapis) à Torkenweiler/Ravensburg, Hôtel Zum Hirsch, sous la garde de la société Möhrlin. En avril-mai 1945, la première armée française prend possession du stock et quelques tapis sont alors distribués en dehors de tout contrôle. En juin 1945, le stock est envoyé à la Maschinenfabrik de Ravensburg. Apparemment des tentatives sont faites pour faire acheter cet ensemble par la société Möhrlin, qui refuse. Le 4 juin 1945, 294 tapis sont déposés par trois camions au Mobilier national à Paris. Deux cent vingt-sept tapis sont restitués en 1951 et soixante-huit sont indemnisés (un de plus que le nombre de tapis déposés) (2). Par ailleurs, après diverses affectations, soixante-quinze tapis mis sous séquestre à Fribourg sont restitués à la société PETAG en 1950. Il manque alors cent vingt-sept tapis, ni restitués ni indemnisés, sur les 497 envoyés à Ravensburg en mars 1945. Le lot de dix-sept tapis rapatriés à Paris en juin 1952 ferait partie des cent vingt-sept tapis manquants. Cependant, aucun élément entre janvier 1945 et avril 1952 ne permet de faire positivement le lien entre ces tapis, bien qu’ils proviennent dans les deux cas de Ravensburg et qu’il s'agisse de copies modernes de tapis d'Orient. Les dix-sept tapis ornent jusqu'au 1er avril 1952 la villa réquisitionnée par la Sûreté de Ravensburg. Après cette date, la villa est rendue au service français de Récupération de Ravensburg, qui refuse de prendre les tapis en charge, considérant qu'il n’est pas de son ressort de les conserver. La Sûreté s'adresse alors à la mairie de Ravensburg. La mairie émet pour la première fois l'hypothèse que ces tapis proviennent du dépôt de la PETAG, précisant que si cette société ne reconnaissait pas les tapis ceux-ci seraient aliénés. Mais le 17 mai 1952, le Préfet, chef de la Sûreté, expose le point de vue suivant : « Il est incontestable que le doute qui subsiste sur l'origine et la propriété de ces tapis doit bénéficier à un service français de Récupération » (3). Les dix-sept tapis arrivent au Central Collecting Point de Baden-Baden le 6 juin 1952 et sont enregistrés sous le numéro 1329. Rose Valland se rend à Ravensburg au début du mois de juin 1952, examine les tapis et rapproche immédiatement ces dix-sept tapis de l'affaire des deux cent quatre-vingt-quatorze tapis de Ravenburg réclamés par la PETAG au Mobilier national : elle en avait transmis le dossier dès le printemps 1951 au ministère de l'Éducation nationale. Elle rédige une note le 20 juin 1952, concluant que les dix-sept tapis proviennent du stock des tapis de la PETAG. Mais cette note n’est peut-être pas connue à Baden-Baden, où Elie Doubinsky avait établi un rapport le 17 juin, concluant qu'il n'y avait pas de relation entre les deux affaires. Les dix-sept tapis sont dirigés sur Paris le 30 juin 1952 par le douzième convoi en provenance de Baden-Baden (4). Ils sont présentés et retenus lors de la huitième Commission de choix des œuvres de la récupération artistique (5), affectés au musée du Louvre (département des Objets d'art) le 17 juin 1953 (6) et inscrits sur l'inventaire provisoire Objets d'Art Récupération établi par Hubert Landais (OAR 552 à OAR 568). Une liste manuscrite établie le 18 août 1954 par madame Liévin (7) donne un descriptif succinct de chaque tapis, numérotés de T2 à T18. A partir de cette liste ont été déterminé les liens entre ces numéros T et les numéros OAR. L'OAR 557 correspond au tapis T15. Le 30 septembre 1954, la PETAG demande la restitution de ces dix-sept tapis, qui lui est accordée puis confirmée le 10 décembre 1954 (8). Les tapis sont radiés de l'inventaire provisoire et pris en charge par la PETAG le 19 avril 1955 (9).

Commentaire

Champ Catégorie renseigné en 1955. Œuvre rapatriée par erreur en France. OAR 552 à OAR 568 numérotés parfois par erreur OAR 528 à OAR 544.

Catégorie

Oeuvre assurément non spoliée.

Restitution

Restitué le 19 avril 1955

Autres numéros

T15 : ancien numéro (anciens numéros T2 à T18).

Localisation

Restitué

Notes

(1) MEAE/209SUP287 B144 : « [copie] Note au sujet des tapis de Torkenweiler ». (2) MEAE/209SUP418 P67 : Lettre datée du 17 août 1954 de la Persische Teppich Gesellschaft A G au Service de Récupération artistique récapitulant les faits. A noter que 227 plus 68 font 295, au lieu de 294. (3) MEAE/209SUP287 B144 : Lettre du 17 mai 1952 de M. le Préfet, chef de la Sureté à M. le directeur général des affaires économiques et financières, chef du service de réparation-restitution, Baden-Baden : Objet, Tapis en dépôt à la Sureté de Ravensburg. (4) MEAE/209SUP287 B144 : Ravensburg numéro d'inventaire du Central Collecting Point : 1329-lot de tapis. (5) SMF, sous-direction des collections, dossier Récupération : Bureau du mouvement des œuvres. (6) SMF, sous-direction des collections, dossier Récupération : Arrêté d’affectation du 15 janvier 1953. (7) MEAE/209SUP418 P67 : « Enquête faite au Louvre le 18 août 1954 par madame Liévin (ces tapis font partie du lot envoyé le 30 juin 1952 de Ravensburg) ». (8) SMF, sous-direction des collections, dossier Récupération : Arrêté du ministère de l'Éducation nationale du 10 décembre 1954. (9) MEAE/209SUP418 P67 : Attestation de reçu signé de M. Wurtz pour la Société PETAG.

Résumé

Ce tapis proviendrait d'un stock de tapis appartenant à la Persische Teppich-Gesellschaft A G (PETAG), saisi par la 1ère Armée française en avril-mai 1945 à Torkenweiler/Ravensburg. Il est envoyé en France le 30 juin 1952 par le 2ème convoi de Baden. Retenu lors de la 8ème Commission de choix, il est affecté au département des Objets d’art du musée du Louvre. Après réclamation de la PETAG le 30 septembre 1954, la décision de le restituer est prise le 10 décembre 1954.

Date de la dernière mise à jour

2023-10-13