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Tapisserie avec un aigle héraldique

N°Inventaire

OAR 18

Auteur / exécutant / collecteur

Hartmann Heinrich, d’après ; Manufacture de tapisseries de Munich

Ecole

Lieu de création : Munich, manufacture de tapisserie, 5 Notburgastraße, près du château de Nymphenburg

Titre

Tapisserie avec un aigle héraldique

Ancien titre

Aigle héraldique

Millénaire

1942

Siècle

20e siècle

Technique

Laine ; coton ; filés métalliques dorés (alliage cuivreux)

Dimensions

H. 4,63 ; La. 6,40 m

Description

Grande tapisserie portant en son centre un aigle héraldique, tourné vers la droite, orné d'une croix gammée sur la poitrine et tenant entre ses serres le marteau et l'épée. En dessous sur une banderole, l'inscription : « WER LEBEN WILL / DER KÄMPFE ALSO » ; de part et d'autre, les deux lettres A et H (initiales d'Adolf Hitler) en vert, jaune et bleu. Fond rose à losanges de deux tons portant à leur intersection des feuilles de chêne brunes disposées en croix. Bordure à grecques jaunes et bleues.

Inscriptions

Lettre A sur la partie gauche et H sur celle de droite (initiales d'Adolf Hitler) Sur une banderole : « WER LEBEN WILL / DER KÄMPFE ALSO » (« Qui veut vivre, doit alors se battre », citation de Mein Kampf) Marque d'atelier et date : 1942

Historique

Cette tapisserie aurait été commandée par l’Académie des Hitler-Jugend de Brunswick (école de formation des cadres juniors des Jeunesses hitlériennes) pour la direction des Jeunesses hitlériennes à Munich. Elle est tissée à la Münchener Gobelin-Manufaktur de Nymphenburg en 1942, d’après un modèle de l’architecte et peintre Heinrich Hartmann, qui dirigea le département Beaux-Arts de la direction des Jeunesses jusqu’à la fin de la guerre. Elle est livrée en décembre 1944. La manufacture a subi une succession de raids aériens en mars 1943 qui ont détruit une grande partie des métiers et du bâtiment ce qui pourrait expliquer le laps de temps conséquent entre la date de sa commande et celle de sa livraison. La tapisserie aurait décoré une maison de la Jeunesse hitlérienne à Scharling près du lac de Tegernsee. Les fils d'or travaillés furent fournis par la société Tröltsch et Hanselmann de Weissenburg (Bavière), spécialisée dans la transformation de l’or et l’argent. (1) La tapisserie est retrouvée par la French Mission for Restitution to the French à Munich (2). Un courrier du 30 août 1948, de Rose Valland à la CRA, mentionne la découverte de la tapisserie « dans la confection de laquelle ont été utilisées 2kg ½ d’or provenant de la Banque de France… » (3). La destination à une « Hitler-Jugend » est déjà mentionnée mais l’or est dit provenir de « la Banque de France », ce qui donnera un motif de restitution à la France. Cependant, cette provenance de l’or était erronée. La tapisserie arrive au Central Collecting Point de Munich le 22 avril 1949. Elle est identifiée à tort comme un tapis, et reçoit le numéro « Mun 48798/Mü Ismaningerstr. ». La carte du Central Collecting Point porte les mentions suivantes : « 1 carpet/wool, golden threat/Arrival condition : Good, undamaged » ; « France unknown owner », auteur « French 1942 », description « Wer leben will, der kämpfe also »/AH/Eagle with « Hakenkreuz ». Au revers : « Manufactured in France for Adolf Hitler », le mot France est biffée et à sa place le mot Germany est inscrit à la main (4). Cependant, suivant un premier témoignage du directeur de la Manufacture de Munich, la tapisserie est considérée comme ayant été tissée à Paris pendant l'Occupation avec de l'or français (5) et attribuée à la France par M. Munsing, directeur du Central Collecting Point de Munich (6). Une confusion s’y ajoute avec les tapisseries commandées pour Ribbentrop à Paris, actuellement OAR 608 et R 1 OA (7). Grâce à une enquête menée par Rose Valland entre le 25 avril et le 6 mai 1949, la vérité est rétablie (8). La tapisserie fut, en réalité, tissée par la Manufacture allemande de Nymphenburg et les 3,5 kg de fils d'or furent donnés par le parti nazi par l’entremise de la firme de Weissenburg, Tröltsch et Hanselmann (1). « Néanmoins, Mr. Munsing prit la décision d'attribuer le tapis à la France et donna les ordres pour qu'il fasse partie du prochain convoi [...] » (8) La tapisserie est répertoriée dans l'inventaire détaillé du trente-sixième convoi en provenance de Munich (9). Elle est rapatriée vers la France le 3 juin 1949 sous le numéro 48798 (10). La tapisserie figure dans le calepin de déballage du trente-sixième convoi de Munich, arrivé le 8 juin 1949 et déballé le 12 : « Caisse - 48798 Un tapis tissé or - origine inconnue ? » (11). Elle est inscrite sur la liste des œuvres mises à la disposition des musées nationaux par l'OBIP (12) et est retenue lors de la deuxième commission de choix des œuvres de la récupération artistique du 17 novembre 1949 (13). La tapisserie est prise en charge par la direction des Musées de France à titre de dépositaire, et confiée par celle-ci à la garde du musée du Louvre (département des Objets d'art) en 1951 (14). Elle est ensuite inscrite dans l'Inventaire Objets d'art Récupération, établi par Hubert Landais, sous le numéro OAR 18 (15). Elle est déposée au château de Compiègne le 9 juin 1950 (salle 43) puis transférée au département des Objets d'art au musée du Louvre et actuellement conservée en réserve.

Commentaire

Champ Catégorie renseigné d'après les données de la mission Mattéoli et complété en 2021 par les données du musée du Louvre, département des Objets d'art.

Catégorie

Oeuvre assurément non spoliée.

Autres numéros

48798 : numéro du Central Collecting Point de Munich. 15267 : numéro français. 536 : numéro du trente-sixième convoi en provenance de Munich

Localisation

Paris ; musée du Louvre ; département des Objets d'art

Etablissement affectataire

Paris ; musée du Louvre ; département des Objets d'art

Notes

(1)MAE, 209SUP/197 A 172, courrier du 25 avril 1949 du directeur de la Münchener Gobelin-Manufaktur, Julius Diezel, à Rose Valland. (2)MAE/209SUP371 P2 (510) : Lettre du 31 mars 1949 de E. J. B. Doubinsky de la French Mission for Restitution to the French à l'attention de A. Henraux, Président de la Commission de Récupération Artistique. (3)MAE, 209SUP/253 B 75 fonds Rose Valland, restitutions (Baden), 1946-1952. Courrier du 30 août 1948 de Rose Valland à la Commission de la Récupération Artistique mentionnant la tapisserie pour la première fois. (4)B323/694 Property Card du CCP de Munich : https://www.dhm.de/datenbank/ccp/prj_dhm_ccp/displayimg.php?laufnrid=cp089929_0&prj_short=dhm_ccp&format=gr&folder=ccp (5)MAE/209SUP371 P2 (510) : Lettre du 31 mars 1949 de E. J. B Doubinsky de la French Mission for Restitution to the French à l'attention de A. Henraux, Président de la Commission de Récupération Artistique. (6)MAE/209SUP253 : Note du 6 mai 1949 de E. J. B. Doubinsky à l'attention du colonel Bonet-Maury, chef de la Mission Française de Restitution. (7)MAE 209 SUP.197 A 172. Collection de tapisseries de Ribbentrop, identification : 1945-1952, dessin sommaire au crayon de la tapisserie avec au dos la mention manuscrite erronée : « tapisserie Collection Ribbentrop ». (8)MAE/209SUP197 A172 : Note du 6 mai 1949 de E. J. B. Doubinsky, «French Representative Central Collecting Point, 10 Arcis Str., Munich », adressée à Albert Henraux, Président de la Commission de Récupération artistique : « En réponse à votre lettre du 30 avril, relative à un tapis de très grandes dimensions, contenant environ 3,5 kilos de fils d'or et reproduisant une croix gammée de très grandes dimensions, je vous avise que cette affaire a pu être entièrement éclaircie lors du récent passage de Mademoiselle Valland à Munich il y a une dizaine. Le tapis n'a pas été tissé par la Manufacture Française des Gobelins, comme cela nous a été primitivement déclaré. D'une nouvelle enquête auprès de la Manufacture Allemande de Gobelins de Nymphenburg, il résulte que le tapis a été tissé par cette manufacture. Les fils d'or lui furent livrés par le parti nazi. Mademoiselle Valland mit loyalement au courant la direction du Collecting Point de ce qui précède. Néanmoins, Mr. Munsing prit la décision d'attribuer le tapis à la France et donna les ordres pour qu'il fasse partie du prochain convoi des Beaux-Arts qui quittera Munich dans le courant du mois de mai. Je souligne, que le tapis est dépourvu de toute valeur artistique. Sa seule valeur est constituée par les fils d'or. » (9)MAE/209SUP441 P100 : List of French Property from Central Collecting Point Munich, 3.06.49 : Run N° of 36th shipm., 536 ; French Run N°, 15267 ; Munich Arr. N°, 48798/München ; Author, German, 1942. ; Subject, 1 carpet. (10)SMF, sous-direction des collections, dossier Récupération : Liste des tapisseries récupérées en Allemagne établie par l'OBIP. (11)MAE/209SUP443 P102 : Calepin de déballage du trente-sixième convoi de Munich, arrivé le 8/6/49 et déballé le 12/6/49. (12)SMF, sous-direction des collections, dossier Récupération : Liste des oeuvres mises à la disposition des musées nationaux. (13)MAE/209SUP475 P156 : Deuxième commission de choix des oeuvres de la récupération artistique du 17 novembre 1949. (14)MAE/209SUP583 R39 : Arrêté d'attribution du ministère de l'Education nationale, le 16 mai 1951. (15)Musée du Louvre, département des Objets d'art, documentation (DOAL) : Inventaire Hubert Landais.

Résumé

Cette tapisserie est une commande faite en 1942 pour la direction des Jeunesses hitlériennes de Munich. Elle est tissée par la Manufacture allemande de Nymphenburg et les 3,5 kg de fils d'or furent donnés par le parti nazi. La tapisserie est revenue à Paris le 3 juin 1949 alors qu’elle aurait pu rester en Allemagne.

Date de la dernière mise à jour

2025-03-19

Droits de copie photo

© Musée du Louvre / Département des Objets d’arts. © Réunion des musées nationaux Grand Palais.

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