Verrière
Verrière légendaire ; vitrail archéologique ; verrière hagiographique
Verrière légendaire (vitrail archéologique, verrière hagiographique) : scènes de l'histoire de saint Gervais et saint Protais (baie 16)
Hauts-de-France ; Aisne (02) ; Soissons ; Cathédrale Saint-Gervais-Saint-Protais ; Cardinal-Binet (place)
02722
Soissonnais
Soissons-Sud
Cathédrale Saint-Gervais-Saint-Protais ; Cardinal-Binet (place)
En ville
Quatrième chapelle du collatéral sud du chœur (baie 16)
Vitrail
Baie libre (rectangulaire vertical, en arc brisé)
Verre transparent : soufflé, taillé, peint, grisaille sur verre ; plomb (réseau)
La verrière prend place dans une baie libre, qui s'achève en arc brisé à sa partie supérieure. Elle est composée de six registres superposés de panneaux (bordure inférieure comprise). Elle est formée d'un assemblage de pièces de "verre antique" rehaussées de grisaille, parmi lesquelles se remarquent des pièces de verre rouge hétérogène. Les parties les plus récentes de la verrière, situées principalement à la périphérie des scènes figurées, sont recouvertes d'un lavis de grisaille, retravaillé à sec avant cuisson.
La verrière comporte actuellement trois médaillons quadrilobés, renfermant chacun deux scènes, et un demi-médaillon. L'histoire se déroule de bas en haut et de gauche à droite. - 1ère scène : décapitation de saint Protais. Au premier plan, le saint est agenouillé de profil et les mains jointes. Devant lui, un bourreau lui saisit la tête par les cheveux et lève sa hache. À gauche, un officier romain debout et de trois-quarts (sans doute le général Astasius) désigne le futur martyr et donne l'ordre de son exécution.- 2e scène : l'inhumation de saint Gervais. Le corps du saint, vêtu d'une longue tunique blanche, est déposé dans un cercueil par un homme dépeint debout et de profil. La scène se déroule en présence d'une femme, représentée de face. Il s'agit sans doute du chrétien Philippe et d'un membre de sa famille. - 3e scène : l'inhumation de saint Protais. Le corps de saint Protais, enveloppé d'un linceul, est déposé par Philippe dans un cercueil. Un jeune homme, debout et de trois-quarts, vient probablement de participer aux préparatifs funéraires. Il tient encore une fiole à la main. La Légende dorée précise que Philippe et son fils ont enseveli en secret les corps dans leur maison. Ici, la scène se passe de nuit, comme l'indique le croissant de lune représenté.- 4e scène : au 4e siècle, saint Ambroise est informé par une vision de l'emplacement du corps des deux martyrs. L'évêque de Milan, saint Ambroise, est représenté allongé sur un lit et assoupi. Il tient encore un livre à la main. Saint Gervais et saint Protais lui apparaissent en songe, debout, près du lit. Ici, le médaillon ne respecte pas fidèlement le récit, puisque saint Ambroise s'est assoupi alors qu'il priait dans l'église Saint-Nabor-et-Saint-Félix (construite, sans qu'on le sache, sur la tombe de saint Gervais et saint Protais). Ce n'est qu'à la troisième apparition des martyrs, accompagnés de saint Paul, qu'il apprend l'emplacement de leur tombeau.- 5e scène : invention du corps des deux martyrs. Un fossoyeur, debout et de trois-quarts, la bêche à la main, vient de mettre au jour les ossements des martyrs. Saint Ambroise se dresse de face, au bord de la fosse. Il écarte les bras en un geste de surprise émerveillée. Encore une fois, le vitrail s'éloigne du récit hagiographique, car les corps des deux martyrs furent découverts intacts, et non sous la forme d'ossements.- 6e et 7e scènes : le surlendemain de la découverte, translation des corps dans la basilique des Martyrs (future basilique Saint-Ambroise). Tous les participants sont représentés de profil. Au centre, deux religieux portent le brancard sur lequel sont déposées les deux châsses. Saint Ambroise, la mitre sur la tête et la crosse à la main, les accompagne. Ils sont suivis de religieux, un cierge allumé à la main. Un homme agenouillé tend les mains vers les reliquaires. Il s'agit d'une allusion aux miracles qui se sont alors produits, concernant principalement des aveugles ou des possédés.Le décor figuré se détache sur un fond ornemental d'enroulements de feuillages, assemblés parfois en rosaces dans des cercles. Les parties décoratives les plus récentes consistent surtout en quadrillages.
Mesures approximatives : h = 490 ; la = 225.
Oeuvre restaurée ; oeuvre complétée ; oeuvre incomplète
Cette verrière a été réalisée à partir d'éléments figurés et décoratifs de la verrière qui occupait la baie 5 avant 1914. Après restauration, ces éléments ont été complétés par une création moderne géométrique et abstraite, permettant à l'ensemble de prendre place dans une fenêtre plus large que la fenêtre d'origine. Toutefois, les cinq médaillons figurés, présentés ici, ne sont que quelques éléments d'un ensemble qui occupait à l'origine trois verrières. La verrière, qui ne donne pas sur la voie publique, n'est pas protégée par un grillage. Quelques verres sont percés.
Inscription donnant l'identité du modèle (peint, sur l'oeuvre, latin) ; signature (peint, sur l'oeuvre, récent) ; date (peint, sur l'oeuvre, récent)
Deux signatures et dates de réalisation sont peintes à la grisaille, au-dessus de la bordure inférieure de la verrière : - 1890 - / Félix GAUDIN ; -1990 - / A. et G. LE CHEVALLIER. Les informations se rapportant à Félix Gaudin ont été peintes par l'atelier Le Chevallier, au moment de la restauration des parties anciennes de la verrière et de leur adaptation à cette fenêtre.Le nom latin des saints représentés est inscrit en réserve sur fond noir, dans un bandeau situé le plus souvent à proximité des personnages concernés. Premier registre (inférieur), scène droite : PROTASIUS. Le nom est peu lisible, car masqué par une barlotière.Deuxième registre, scène gauche : GERVASIUS.Deuxième registre, scène droite : PROTASIUS.Troisième registre, scène gauche : GERVASIUS, PROTASIUS, AMBROSIUS.Troisième registre, scène droite : AMBROSIUS.
Lieu d'exécution : 75, Paris ; lieu d'exécution : 92, Fontenay-aux-Roses
4e quart 19e siècle
Sacré en 1890, Monseigneur Jean-Baptiste Duval forme rapidement le dessein de restituer les verrières des deux chapelles du déambulatoire qui encadrent la chapelle axiale. La chapelle Saint-Paul est la destinataire d'un ensemble consacré aux saints soissonnais Crépin et Crépinien, tandis que la chapelle Saint-Pierre doit recevoir trois verrières (baies 3, 5 et 7) relatant la vie des saints patrons de la cathédrale, saint Gervais et saint Protais, et de leurs parents, saint Vital et sainte Valérie. Les verrières sont commandées au peintre-verrier Félix Gaudin, alors installé 6 rue de la Grande-Chaumière à Paris, et qui vient de restaurer trois des grandes verrières de l'abside. D'après l'ouvrage consacré à Félix Gaudin, par Jean-François Luneau, et à l'aide des archives de l'atelier, on peut attribuer le dessin des médaillons au cartonnier Émile Delalande. En effet, à une exception près, cet artiste est le cartonnier exclusif de Félix Gaudin, après l'installation de ce dernier à Paris en 1890. Il est en outre spécialisé dans un dessin s'inspirant de l'art médiéval. Une lettre de l'évêque, datée de février 1892, signale que les verrières sont alors en cours de "restauration" et probablement assez avancées pour pouvoir être installées au printemps. Comme nous l'apprend l'hebdomadaire diocésain, ces vitraux sont en effet installés avant le début d'avril 1892, permettant à leur auteur de se pencher sur d'autres projets pour la cathédrale. Une lettre de l'évêque adressée au verrier souligne toutefois "l'insuffisance" fâcheuse du coloris de ces verrières, coloris probablement trop clair, comparé aux verrières médiévales plus denses. Le mot "restauration" utilisé au 19e siècle peut induire en erreur. Pourtant, les archives de l'atelier Gaudin attribuent la totalité des scènes des trois verrières au cartonnier Émile Delalande. Aucune scène médiévale complète n'a donc été intégrée à cet ensemble néogothique, comme ce fut en revanche le cas pour l'histoire des saints Crépin et Crépinien, ou pour celle de saint Gilles. Il est possible que des éléments ou des personnages du 13e siècle, conservés, aient servi de point de départ à ces compositions du 19e siècle. Malheureusement, la disparition de la majeure partie de l'ensemble ne permet pas aujourd'hui de le savoir.Les trois verrières sont déposées en 1915. Mais leurs éléments sont dispersés et, au retour de la paix, seuls quelques médaillons de l'ensemble sont retrouvés (trois quadrilobes et un demi-quadrilobe), de même que des éléments du fond décoratif. Faute de pouvoir reposer un ensemble complet, les trois baies de la chapelle Saint-Pierre restent bouchées jusqu'en 1970, date à laquelle elles reçoivent de nouveaux vitraux figurés, créés par Jacques Le Chevallier sur une thématique totalement différente (verrière 3, verrière 5, verrière 7).Ce programme de création, amorcé après la Seconde Guerre mondiale, a été poursuivi tout au long du 20e siècle, destiné à remettre en place les éléments anciens conservés ou à poser des verrières de complément, tout en respectant une unité chromatique. Il a abouti en 1990 à l'installation dans la baie 16 d'une verrière intégrant les médaillons conservés de l'histoire de saint Gervais et saint Protais. La restauration et la création d'un nouvel entourage décoratif permettant d'adapter la partie conservée à une baie plus large que celle d'origine, sont l'œuvre d'Anne et Guy Le Chevallier, peintres-verriers à Fontenay-aux-Roses (la verrière est signée et datée).
Propriété de l'Etat
Sous-dossier
Ensemble des verrières de la cathédrale
IM02002768
2004
2012