Tabernacle ; exposition
Tabernacle à dais d'exposition ; tabernacle architecturé
Tabernacle architecturé et exposition du maître-autel
Hauts-de-France ; Aisne (02) ; Soissons ; Cathédrale Saint-Gervais-Saint-Protais ; Cardinal-Binet (place)
02722
Soissonnais
Soissons-Sud
Cathédrale Saint-Gervais-Saint-Protais ; Cardinal-Binet (place)
En ville
Sanctuaire
Marbrerie ; sculpture
Plan (trapézoïdal, cintré, circulaire) ; élévation (droit) ; battant (1) ; pilastre (4, juxtaposé) ; colonne (6, juxtaposé)
Marbre veiné (blanc, violet, rose, en plusieurs éléments) : taillé, tourné, poli, mouluré, mouluré petit cadre, décor dans la masse, décor rapporté, décor en bas-relief ; bois (décor) : taillé, doré, décor dans la masse, décor en bas-relief, décor en ronde-bosse
L'ensemble est composé de deux éléments : le tabernacle et l'exposition. Le tabernacle respecte un plan trapézoîdal, mais avec un tracé cintré à l'arrière. Son élévation est rectiligne. Il est surmonté d'une exposition de plan circulaire, en forme de tholos ou de tempietto à l'antique, formée de six colonnes ioniques sur lesquelles repose une coupole.Le tabernacle est taillé dans un marbre blanc veiné gris, peut-être un marbre de Carrare. Trois de ses faces sont cantonnées de pilastres. Il porte une ornementation en relief, sculptée dans la masse, reposant sur des moulures. Il comporte également un battant et des panneaux rapportés en bois, sculptés en bas-relief et dorés (avec quelques détails argentés).L'exposition est constituée d'une base en marbre blanc veiné, de six colonnes dont le fût est en brocatelle violette de Molinges (Jura), enfin d'un dôme réalisé à l'aide de trois marbres différents, dont les deux précédemment cités. Le dôme, mouluré petit cadre, porte un décor rapporté en bois doré, traité en ronde-bosse.
Le tabernacle comporte un décor de moulures et de pilastres. En dessous de sa face principale, a été rapporté un motif de vagues et une palmette. La porte du tabernacle est ornée d'un autel, sur l'avant duquel sont représentés les instruments de la Passion : la couronne d'épines, le roseau, la lance, l'éponge au bout de la tige d'hysope, les verges, le tout attaché par un ruban. Sur l'autel, repose l'Agneau couché sur la croix et sur le livre aux sept sceaux de l'Apocalypse. Au-dessus de l'autel, un triangle rayonnant, renfermant le tétragramme, est environné de nuées et de têtes de chérubins. À gauche (nord), le panneau en bois est occupé par une allégorie. Une femme vêtue d'une longue tunique et coiffée d'un voile est assise sur un siège ressemblant à une tombe. Elle tient une grande croix, drapée d'un tissu et entourée de nuées et de chérubins. Il s'agit peut-être de la Foi, de la Religion ou de l'Église. À droite (sud), un calice, surmonté d'une hostie rayonnante environnée de nuées et de chérubins, est posé sur un autel couvert d'un tissu et orné d'une croix grecque. Au revers du tabernacle, un panneau incurvé porte la représentation du sacrifice d'Abraham. Les colonnes ioniques de l'exposition soutiennent un dôme sur lequel domine un Christ en croix. Cette croix est plantée sur le globe terrestre autour duquel rampe le serpent.
Mesures du tabernacle : h = 87 ; la = 132 ; pr = 105. Sous le tabernacle et au milieu du gradin, se trouve un élément en saillie, en marbre blanc, qui mesure 24 cm de hauteur et 73,5 cm de largeur. La hauteur totale de l'exposition seule, avoisine 280 cm, jusqu'au sommet de la croix.
Oeuvre restaurée
Quelques rares fentes ont été réparées. Le marbre a perdu de petits éclats. Les éléments décoratifs rapportés en bois ont été restaurés et redorés pour la dernière fois en 1987 par les ateliers Mainponte, installés à Paris.
Lieu d'exécution : 02, Soissons
1er quart 19e siècle
Après la réouverture des églises, la nomination d'un évêque et la reprise du culte au début du 19e siècle, les administrateurs de la fabrique et le clergé se préoccupent de doter la cathédrale - unique église paroissiale de la ville à cette époque - du mobilier manquant et de réparer celui présent. La gloire qui orne le fond du sanctuaire et qui a été réalisée par les sculpteurs Forest et Simon Pfaff, est alors en mauvais état et nécessite d'être redorée, opération d'un coût élevé. L'évêque se prononce en faveur d'une destruction de la gloire et de son remplacement par une grille, alors que les paroissiens aspirent à la conserver. Finalement, l'évêque, soutenu par le préfet, obtient gain de cause. Le 4 avril 1807, un traité est passé entre la fabrique et le plâtrier Pierre Gosset, pour la démolition de la gloire (qui doit être effectuée du 7 au 12 avril) et pour le ragrément des piliers et corniches attenants. À l'arrière de l'autel, la gloire servait de fond à la suspense ou suspension eucharistique, système qui maintenait la réserve eucharistique suspendue au-dessus de l'autel. Alors que de nombreuses cathédrales abandonnent la suspense en faveur du tabernacle, les cathédrales du nord de la France semblent en avoir volontiers conservé l'usage au 18e siècle. Certaines, enfin, associent suspense et tabernacle ; mais dans ce dernier cas, le tabernacle est d'un volume très discret. En ce qui concerne le maître-autel de la cathédrale de Soissons, aucune document d'Ancien Régime ne fait allusion à la présence d'un tabernacle sur le maître-autel à la fin du 18e siècle. La partie centrale du gradin peut avoir simplement servi de socle à la grande croix d'autel en argent, pesant 40 marcs (près de 10 kg) et commandée le 14 avril 1768 par le chanoine Claude-Nicolas Chollet. Toutefois, l'Etat de la paroisse de Soissons, ville épiscopale, rédigé le 20 mai 1805 par le curé Louis Boullye, signale la présence d'un tabernacle en marbre au maître-autel. En outre, un inventaire dressé le 15 janvier 1850, par Émile Gencourt, architecte suppléant de l'architecte diocésain Boeswillwald, mentionne "l'ancien tabernacle en marbre blanc du maître autel", alors conservé dans l'ancien passage qui reliait le bras nord du transept à la chapelle du Beau Pignon. L'existence d'un tabernacle sur le maître-autel, dès sa création, reste donc une hypothèse plausible.Quoi qu'il en soit, la destruction de la gloire supprime la possibilité d'exposer le Saint-Sacrement à des fins de vénération. Le 9 septembre 1807, un grand tabernacle avec dais d'exposition est commandé au marbrier Philippe, pour un montant de 1200 livres. Cet ensemble, exécuté d'après un dessin de l'architecte départemental Carrier, est posé en février 1808, date du premier paiement. Les bases et les chapiteaux des colonnes ont été dorés par l'orfèvre parisien Jean-Charles Cahier. Quant aux éléments en bois sculpté (porte et panneaux du tabernacle, croix sommitale de l'exposition), leur réalisation a été confiée au sculpteur Pierre Benoît Noailles. Les marbres du maître-autel et du tabernacle sont nettoyés en 1864, et les éléments décoratifs en bois sont alors redorés (d'après les archives diocésaines).Le tabernacle et son exposition, protégés avec le maître-autel sous un empilement de sacs de plâtre et de ciment, n'ont pas souffert de la Première Guerre mondiale et ont pu être utilisés dès 1919. Le décor en bois doré a été restauré pour la dernière fois par l'atelier Mainponte en 1987.
Propriété de l'Etat
classé au titre objet
À signaler
Sous-dossier
Ensemble du maître-autel (degré d'autel, plate-forme d'autel, autel, gradin d'autel)
IM02005387
2004
2012