Bateaux de collecte : sable et goémons
Bretagne ; Côtes-d'Armor (22) ; Trédrez-Locquémeau
Communes littorales des Côtes-d'Armor
Plestin-les-Grèves
Locquémeau
En écart
"Les sabliers traditionnels de la baie de Lannion déchargeaient leurs amendements (maërl et sable coquillier) sur les quais du port de Lannion. Ces bateaux très caractéristiques de la rivière de Lannion (le Guer) étaient non pontés, très lestés et équipés d'un gréement assez archaïque dans la 1ère moitié du 19ème siècle, deux voiles au tiers, amurées du même bord - ce qui obligeait de gambeyer au virement de bord - tels que les a dessinés l'Amiral Pâris, avec son relevé de plan de 1866. Le dessin du douanier Faudacq publié dans la revue "Le Yacht" de 1891 montre l'entrée de la rivière de Lannion avec ses trois tourelles de balisage et deux barques de pêche, au premier plan carguant leur misaine. Les bateaux semblent plus hauts sur l'eau, plus tonturés et mieux défendus de l'avant. Un bout-dehors et un foc ont fait leur apparition ainsi qu'un gréement dormant étayant les mâts en abord. Le mât de misaine est plus court que le grand mât. Le taillevent de belle surface comporte une drisse de mât et une drisse de pic.On retrouve des dispositions analogues sur d'anciennes cartes postales représentant les bateaux de Perros ou un sardinier faisant sécher son chalut en tête de mât au port de Lannion.Dans l'ouvrage de B. Girard, cité par Jean Le Bot dans "Les bateaux de la côte de Bretagne Nord", on peut trouver ces renseignements : Pendant l'année 1885, 162 bateaux ou embarcations de divers tonnages ont fait la pêche côtière sur divers points du quartier. Cette pêche et celle à pied ont produit en argent 366 891 francs, somme dans laquelle la sardine figure pour 64 165 francs, les crustacés pour 40 511 francs et les amendements marins pour 76 290 francs. On peut remarquer que les engrais marins, forts prisés des cultivateurs représentait une activité importante.Pour la culture des plantes, racines et céréales, dans l'arrondissement de Lannion en 1853, très peu de cultivateurs suivaient un assolement et la courte durée des baux de fermage s'y opposait. Le goémon était affecté généralement à la culture du lin. Un compost pouvait être réalisé avec un mélange de feuilles mortes de sable et de maërl (AD 22, 7 M 128).Les sabliers du port de Locquémeau n'étaient pas des bateaux différents des sardiniers mais pouvaient utiliser deux gréements. Les marins pratiquaient la pêche pendant l'été avec un gréement de flambart et utilisaient une simple misaine pour faire le sable ou le maërl pendant la saison d'hiver, de novembre à fin avril sur les îlots de Kinier et de Molène à l'Île Grande (le sable à Roc'h Losquet). On retrouve cette disposition de double gréement pour les bateaux de la rivière de Tréguier.A Locquémeau, une perche était plantée au Vorlenn, à Dossenn Ruz, pour fixer le tas de maërl et indiquer sa position au navire pour décharger au pied de mât et mouiller précédemment à marée haute avec une ancre affourchée sur l'avant et sur l'arrière. Les cultivateurs pouvaient venir ensuite prendre leur chargement autour de cette perche, qui distinguait chaque pêcheur.C'est aussi à Dossenn Rouz que se tenait l'atelier des bouilleurs de sel au temps de la Préhistoire. Le goémon était transporté en charrette jusqu'à Tonquédec dans l'intérieur des terres.Sur le cliché des sabliers au quai de Lannion, on a pu identifier le bateau L375, "Charlemagne", qui appartenait à Jean-François Le Doyen de Locquémeau. Ce bateau de 3, 34 tonneaux a été construit en 1900 au chantier Collet de Locquémeau. Le L251 est le "Saint-Germain" de 3,18 tonneaux, construit à Carantec en 1896 pour Eugène Le coz et François Kerleau de Servel. On peut remarquer de nombreux détails intéressants : le gréement de flambart, avec les voiles serrées contre les mâts, l'aménagement intérieur très rustique (bancs de nage), les outils, en particulier les civières sur tribord, les planches de déchargement. Le canot creux a peu de franc-bord de l'arrière. La coque est très large et tonturée.Il y avait parfois des drames de mer liés au transport du goémon (qui représentait l'activité maritime la plus dangereuse) : plusieurs frères de la famille Cojean se sont noyés en 1920-25 au Beg Guen, en revenant du goémon ; en 1944 la famillle Lelous a été durement affectée par la noyade de ses trois membres, dont le père François Lelous et son fils Robert, qui remontaient le Guer par fort vent d'est, à bord du "Richelieu"."
Présentation du mobilier
2004
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