Outils des carrières
Bretagne ; Côtes-d'Armor (22) ; Pleumeur-Bodou
Communes littorales des Côtes-d'Armor
Perros-Guirec
"La chante-perce représente le premier outil d'extraction, introduit en 1883 par des carriers de Chausey (Alexandre et Pierre Godel, Casimir Belloir). Il a prit le nom breton de "danserez" en s'insérant dans les usages locaux.L'observation des anciens travaux à l'île Plate entre l´Ile Morvil et Landrellec, permet d´imaginer comment on extrayait et coupait le granite à cette époque avant et après l´arrivée sur l´île de la chante-perce.Auparavant, on fendait le granite (assez tendre) avec des coins en bois de 10 à 25 cm de long (en sapin), introduits dans les anfractuosités de la roche avec des burins. Ils gonflaient ensuite lorsqu´ils étaient mouillés, et éclataient la pierre (36 h après). Cependant, le granite (plus dur) ne se fendait pas toujours ; ce sont les trous pour l´emplacement de ces coins qui se voient encore aujourd´hui en de nombreux endroits. Roger Belloir, ancien carrier, a expérimenté cette méthode en 1996 avec succès (figure). Les anfractuosités étaient faites sur mesure, au burin. Il y avait des coins de 10 cm de long et d'autres qui atteignaient 20 cm et même 45 cm. Pour travailler ainsi le granite, faire des trous sur mesure, il était plus facile de choisir les blocs les moins durs donc un peu altérés. L´extraction du granite sain dont on avait besoin pour construire un phare ou un viaduc avec une méthode aussi rudimentaire, a exigé, cela est certain, beaucoup d´effort et de temps.Avec la chante-perce, il était possible de faire des trous dans le granite dur, d'utiliser des coins en acier dont on voit encore les restes rouillés à l'île Plate. Ces coins, bloqués entre deux serres en demi-rond, enfoncés « à force » à la masse, disposés en ligne, espacés de 10 centimètres environ, allaient permettre de fendre plus rapidement les blocs. Ce fut comme une petite révolution technique.Pour mieux préparer le trou recevant le coin d´acier on utilise le poinçon et le « raffineur » ou effiloir. Plus tard, on utilisera la barre à mine et l´explosif. On peut remarquer, dans les pierres, sur l´estran, la trace circulaire de cet outil, plus large que l´étroite marque laissée par la chante-perce. Ce trou était parfois "rayé" d´un côté et de l´autre de façon à orienter la fente dans le sens voulu.Les tailleurs de pavé étaient appelés les "épinceurs". Ils fournissaient entre 60 et 90 pavés par jour de 14 x 20 cm et des boutisses (14 x 30 x 14 cm).On peut remarquer à propos des dessins de L. M. Faudacq, peintre-douanier (1840-1916), publiés à la fin du 19ème siècle, dans la revue "Le Yacht", le processus de chargement des blocs de pierres taillées, dans la grève, à l´aide d´un treuil métallique et du pic ou mât de charge, et le détail de la forte pièce de bois, servant de guindeau pour remonter les pierres à la surface sur un canot. Les blocs de granite pouvaient aussi flotter grâce à des tonneaux arrimés autour de leur circonférence.Les carriers utilisaient régulièrement un dispositif en bois appelé "chèvre" pour soulever les blocs de pierre des fronts de taille, avant que les grues ne fassent leur apparition à la fin de la guerre en 1945. La crise des années 1960 avec la concurrence étrangère, le manque de mécanisation des carrières bretonnes (méthodes vétustes), qui ne disposent pas encore de l'énergie électrique, va provoquer le déclin des carrières de l'Île Grande. A cette époque, l'industrie extractive française, entraînée par les houillères, est déjà mécanisée. "Les techniques modernes n'ont été adoptées que par une minorité d'exploitants", cite le Comité d'Expansion des Côtes-du-Nord en 1974 ; "les techniques modernes n'ont été adoptées que par une minorité d'exploitants", dont ceux des carrières de La Clarté en Perros-Guirec. L'air comprimé, le fleuret au carbure de tungstène et les outils pneumatiques vont remplacer la chante-perce et la barre à mine et les autres outils de taille forgés.Certains sites de carrières gardent la trace de l'intense exploitation dont le granite a été ici l'objet : excavation, front de taille, traces de chante-perce et de barre à mines, en particulier quand les carriers cherchaient à dégager (à "huberder") le bloc par sa base le long d´une fissure horizontale."
Présentation du mobilier
2006
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