Bateaux traditionnels jaguens
Bretagne ; Côtes-d'Armor (22) ; Saint-Jacut-de-la-Mer
Communes littorales des Côtes-d'Armor
Matignon
En écart
"Les canots jaguens utilisent des voiles au tiers, d'apiquage moyen, hissés sur des mâts non haubanés. On y adjoint un ou plusieurs focs amurés sur de longs bout-dehors. Les voiles restent hissées du même côté du mât et ne sont jamais gambeyées au changement d'amure. Cette caractéristique est liée aux conditions géographiques de navigation, qui obligent, pour rentrer au port en baie de Lancieux, de tirer des bords très courts, avec la difficulté de descendre la voile pour virer de bord. Le gréement reste souple et léger au niveau des espars, malgré une forte mâture, souvent démâtée à l'échouage (sans béquiller) sur des fonds durs comme à la Houle Causseul. Les coques sont peintes au coaltar avec le bordage des hauts (la préceinte) peint d'une bande de couleur blanche.Le Dragous porte deux mâts de misaine, un foc et un hunier gréé sur le mât de taillevent plus incliné sur l'arrière. L'aménagement de la coque se caractérise par la présence d'un pontage bas sur le tiers avant du bateau creux, qui sert d'abri et de rangement. "La planche de mâture" renforce cette tille et forme l'étambrai du mât de misaine. Juste en arrière du maître bau est implanté un grand banc qui tient lieu d'étambrai pour le mât de taillevent. Au tiers arrière, un autre banc transversal, qui fait office de banc de pompe (comme sur nombre de chaloupes creuses), délimite le coin du barreur.Le sloup de 14 pieds comme le sloop de 12 pieds se caractérise par son gréement : une grand'voile surmontée d'un flèche au tiers très apiqué, un grand foc amuré sur un long bout-dehors passant à travers deux blins, situés l'un sur l'étrave, l'autre sur le pied de mât. Le point de drisse de la trinquette est saisi directement sur la 4ème cosse de ris de la voile, l'amure par un simple amarrage à mi-distance du bout-dehors. Ce détail de gréement est spécifiquement jaguin. On peut ajouter un petit foc qui se prend directement sur le bout de la vergue. Le mâtereau du tape-cul gréé au tiers est fixé à l'extérieur du tableau par des ferrures, ou encore implanté dans le banc arrière. Le gui du tape-cul est "embouffeté", soit emmanché dans un trou percé dans le tableau, avec une écoute tournée sur un taquet "à gueule de raie" à l'arrière du tableau. Les trois bancs transversaux raidissent la charpente du canot. Le tillac arrière sert à recevoir le bac ou "aussas" qui sert à contenir les maquereaux pêchés, avant de les conserver dans des mannes pour le retour. La charpente de ce type de canot bien membré se caractérise par une serre-gouttière. Les derniers bateaux de 14 pieds seront lestés plus tard avec une quille en fonte.La "Joséphine Eugénie", bateau de plusieurs co-propriétaires, non motorisé, de 15 pieds a été construite à la Landriais en 1911 et démolie en 1946 au pied de la Fontaine aux Rats (plage de la Pissotte). Elle était gréée de façon spécifiquement jaguine avec le point de drisse du foc sur le guindant de la misaine.Le canot de 12 pieds mesure 4 mètres pour un tirant d'eau de 0, 75 et une largeur au maître bau de 1, 72 m. Il porte une voilure de 23 m2.Ces bateaux étaient tous équipés de grands avirons. Il fallait 3 heures à 3 heures et demi de route pour arriver au Cap Fréhel au jusant (moins longtemps au flot) en venant du port de St-Jacut, avec 4 hommes aux avirons de nage et le patron à la godille. Par suroît, on buvait la rosée sur le bateau. C'étaient les petits vents de suroît qui buvaient la rosée et c'en était fini des calmes (témoignage de Pierre Aubin. Ce qui signifie que le vent sèchait l'humidité et allait permettre au bateau d'voluer avec la seule force du vent."
Présentation du mobilier
2008
2008
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