Charpente
Charpente du manoir du Molant (Bréal-sous-Montfort)
Bretagne ; Ille-et-Vilaine (35) ; Bréal-sous-Montfort
35037
Grand Ouest
Plélan-le-Grand
Molant ((le))
En écart
Charpente
Chêne
Des charpentes de la fin du XIVe siècle ne subsistent que celles de la salle. Celle au dessus du cellier est datée par dendrochronologie de 1771d ce qui correspond à l’agrandissement du manoir vers l’ouest. La charpente au-dessus de la chambre seigneuriale est encore plus récente : les traces d’outils, les bois utilisés et la technique constructive s’apparentent à n’en pas douter à une réalisation du XIXe siècle. Les fermes de ces deux charpentes sont à poinçons courts, faux-entraits droits et aisseliers sans jambes de forces. Les aisseliers des fermes au dessus du cellier sont cintrés sans doute par souci d’harmonisation avec les fermes de la salle alors que les fermes les plus proches du mur pignon ouest possèdent des aisseliers droits tout comme les fermes au- dessus de la chambre est.La charpente de la salle comprend trois fermes armoricaines classiques à poinçons longs, faux-entraits droits, aisseliers cintrés et jambes de force ainsi qu’une ferme dite de « refend » avec un poinçon long, un arbalétrier, deux sous-arbalétriers et une contrefiche par côté. La datation dendrochronologique récente prouve que cette ferme fait partie du même ensemble que les fermes de la salle. Le logis construit pour Guillaume Levesque comportait huit fermes de charpente dont celles au-dessus de la chambre est et du cellier devaient être construites sur un plan proche de celles de la salle car il est certain que les fermes détruites étaient des modèles armoricains.Le marquage de la charpente XIVe siècle étant lacunaire, nous numéroterons les fermes armoricaines de 1 à 4 de l’est vers l’ouest ce qui place la ferme de « refend » enquatrième position. L’écart entre les fermes est rigoureusement identique (3,65 m entraxe). La ferme n°1 est espacée de 1,50 m du mur de refend de la cuisine soit une salle longue de 12,45 m sur 6,88 m en intérieure.Le maître charpentier à tracé sa charpente sur la base d’un pied d’une valeur de 30,416 cm. La salle mesure alors 36 pieds de long et les travées sont espacées de 12 pieds. La ferme n°1 est située à environ 5 pieds du mur de refend est. Un écart des travées de 12 pieds a également été observé sur la charpente de la nef de la chapelle Saint-Gonéry à Plougrescant (22) pourtant construite un siècle après le manoir.Les trois premières fermes sont réalisées d’après le même tracé : les sections des bois, les dimensions et les assemblages sont identiques. Les arbalétriers prennent départ sur l’entrait au niveau du nu intérieur du mur, là où commence l’entretoise. La courbure des jambes de force et des aisseliers ainsi que le délardement des arbalétriers et des faux- entraits inscrit l’intrados dans un arc en plein cintre des plus parfait. Les extrémités des chanfreins des entraits se font par des congés au niveau des entretoises et des embases sous les poinçons. Les extrémités des entraits et les embases sont de section carrée (25 x25 cm) excepté celle de la ferme n°1 qui est légèrement chanfreinée en partie basse. Les entraits sont élégis entre l’embase et les jambes de force, là où deux bagues décorent cette partie octogonale. Les poinçons présentent comme souvent une partie basse octogonale (12 cm) délimitée par des bagues. Les parties hautes des poinçons sont comme toujours de section carrée à partir des faux-entraits. Les liens de faîtage des fermes s’assemblent au poinçon à hauteur des faux-entraits. Pour cela, le poinçon est percé de part en part pour recevoir les tenons des faux-entraits et des liens de faîtage (4 cm de largeur).Les faux-entraits chevillés au poinçon puis les fiches sont arasées pour permettre l’ajustement des liens de faîtage. Ces derniers sont maintenus au poinçon par une cheville au plus près des faux-entraits.Malgré un plan commun, les trois fermes possèdent chacune un décor qui lui est propre. Ainsi l’embase de la ferme n°1 comporte deux bagues carrées dont le centre est marqué d’un trait de scie profond de 4 mm. Le pied de poinçon débute par une large base de 25 cm de large sur 25 cm de haut dont les angles sont chanfreinés. Un élégi chanfreiné de 20 cm permet le passage à une section octogonale régulière de 8 cm avant qu’une large bague (25 cm sur 12 cm) vienne séparer le reste du fût. Il s’agit d’une double bague octogonale dont le centre est évidé de 3 cm de profondeur sur tout le pourtour. L’embase de la ferme n°2 est délimitée par deux bagues renflées octogonales. Le pied de poinçon repose sur une base carrée puis chanfreinée haute de 20 cm dont la partie haute présente un trait de scie décoratif. Un élégi incurvé octogonal amène à une double bague de même section large de 25 cm dont les faces supérieures sont aplanies. L’embase de la troisième ferme est équipée de bagues identiques à celle du pied de poinçon de la ferme n°1. La partie basse du poinçon de la ferme est pourvue d’une section carrée de même largeur que l’entrait sur 8 cm avant qu’elle ne réduise à 12 cm par un élégi chanfreiné. Une triple bague aux faces supérieures arasées précède le fût octogonal du poinçon. Pour les trois fermes à liens courbes, la partie haute des fûts est toujours pourvue d’une bague similaire à celle du pied de poinçon correspondant mais de plus petite dimensions.
Altération biologique de la matière ; altération de l'armature
Malgré sa construction pendant le dernier quart du XIVe siècle, la charpente du manoir de Molant est en excellente état. Toutefois, un lien de faitage s'est désolisarisé de la mortaise du poinçon.
14e siècle ; 4e quart 14e siècle
1380
Plus d’une vingtaine de manoirs répertoriés par Paul Banéat subsistent encore sur la commune dont le plus ancien pourrait être celui du Molant. La datation dendrochronologique récente de la charpente armoricaine réalisée par le laboratoire Dendrotech situe l’abattage des arbres au cours de l’hiver 1385-1386. Toutefois, la présence noble sur le site est millénaire puisqu’une motte castrale a précédé le manoir. On observe très nettement ses fossés encore en eau sur le cadastre de 1824. De nos jours, l’empreinte des fossés reste encore identifiable dans le pré, à seulement quelques dizaines de mètres du manoir.Les prélèvements dendrochronologiques effectuées par le laboratoire Dendrotech de Betton en juin 2014 peaufinent et complètent les datations avancées par le Laboratoire de Chrono-Ecologie de Besançon en 1997 à partir de prélèvements des charpentes effectués en 1994. La construction du manoir dans le dernier quart du XIVe siècle est l’œuvre de Guillaume Levesque, seigneur du Molant. Guillaume Levesque ou L’evesque voir Levêque né vers 1340 épouse en première noce une certaine Théophanie avant de se remarier en 1369 à Jeanne de Montfort de la maison de Montfort-la-Cane. Il est chevalier, conseiller du duc et un de ses procureurs à l’occasion du second Traité de Guérande auquel il ratifie en 1381. Il devient juge universel de Bretagne en 1380 et sénéchal de Broërech et de Ploërmel en 1382. Ces fonctions lui procurent une placemajeure dans la justice du duché. Il aura deux enfants avec Jeanne de Montfort de l famille de Montfort la Canne : Marguerite née en 1370 future « Dame du Molant » héritière du domaine et un fils au nom de Mahé ou Macé. Lorsqu’il meurt en 1388, la famille Levesque est de loin la plus riche et la plus puissante du secteur.Messire Guillaume Levesque construit donc le manoir du Molant lorsqu’il est à l’apogée de son pouvoir. On soulignera le fait que la construction du manoir ne suit pas son mariage (1369) mais bien sa nomination en tant que juge universel de Bretagne (1380) et de sénéchal (1382). Bien plus qu’une vocation résidentielle le manoir est érigé pour devenir le siège de haute justice. Les dispositions internes uniques à ce jour en Bretagne trouvent alors toute leur place.Aujourd’hui le manoir de Molant est déclassé en ferme.
Propriété privée
classé MH ;
À signaler
2014
2014
Région Bretagne - Service de l'Inventaire du Patrimoine Culturel - 283 avenue du général Patton - CS 21101 - 35711 Rennes Cedex 7 - 02.22.93.98.35