Tableau
Trompe-l'oeil
Tableau : monument aux morts de la Première Guerre Mondiale en trompe-l'oeil
Grand Est ; Aube (10) ; Nogent-sur-Seine ; église Saint-Laurent
10268
Anciennement région de : Champagne-Ardenne
Nogent-sur-Seine
Église Saint-Laurent
PA00078171
Dans la nef de l'église.
Peinture
Toile (support) : peinture à l'huile ; carton : découpé, peint
Ce tableau comporte un support, un châssis en bois et une toile peinte en grisaille. On observe également des éléments rajoutés en carton, des silhouettes de consoles, en bas de la toile ainsi qu'en haut, une terminaison de pinacle. Ces éléments cartonnés sont recouverts de peinture. Cette peinture est principalement à base d'huile, avec un peu de détrempe. Elle n'a pas de vernis, mais comme la toile est très rigide, on suppose qu'elle a été encollée. L'envers de la toile révèle qu'elle a été réalisée en deux morceaux. Une traverse horizontale relie ces deux morceaux de toile. Des détails montrent comment sont appliquées les petites silhouettes en carton peint.
Écusson ; époque gothique ; arcature ; pinacle
Décor d'architecture néo-gothique en trompe-l'oeil. Ornement : blason de la ville de Nogent-sur-Seine.
H = 264 ; la = 135
Oeuvre restaurée
Oeuvre restaurée en août 2014 par Valérie Tremoulet.
Épitaphe ; signature ; inscription
Epitaphe peinte au-dessus du blason : souvenons-nous dans nos prières de nos chers compatriotes tombés au champ d'honneur. ; signature : Henri COULON (1879-1943). ; inscription en bas à gauche : A. CAMUT (curé) et A. BONNEFOY (vicaire).
19e siècle ; 1er quart 20e siècle
1920
Trompe-l'oeil peint vers 1920 par Henri Coulon. Il s'agit d'un objet à la fois rare et insolite. Nogent-sur-Seine est beaucoup plus connue pour son autre monument aux morts réalisé par le sculpteur Alfred Boucher en 1921. Valérie Tremoulet, restauratrice qui a travaillé sur des décors de théâtre, indique que cette oeuvre s'inscrit, par sa technique, dans cette typologie, notamment pour les décors que l'on pouvait voir à l'époque de Louis-Philippe, et dont il existe un exemple à Compiègne. En bas à gauche sont mentionnés les noms de ceux qui ont contribué à sa réalisation, de l'archiprêtre et du vicaire. La liste des noms des morts du monument ne correspond pas exactement à celle du monument aux morts dû à Alfred Boucher. Parmi ces noms on distingue celui de L. Boeswillwald, qui est sans doute Louis Boeswilwald, l'un des deux fils de Paul Boeswilwald, qui s'est marié avec une nièce du sculpteur Paul Dubois, originaire de Nogent-sur-Seine. Paul Boeswilwald a décoré en 1878 le choeur de l'église Saint-Laurent de Nogent-sur-Seine. On ignore l'emplacement d'origine de cette oeuvre dans l'église. L'originalité de cet objet réside dans son support. A première vue on a l'impression qu'il s'agit d'un relief en pierre sculptée de la guerre de 1914-1918. En fait, il possède la particularité d'avoir été réalisé sur une toile peinte, assez épaisse, comme un décor de théâtre. Il serait intéressant d'effectuer des recherches et de comparer l'histoire du monuments aux morts commandé par la municipalité avec le monument aux morts commandé par le clergé. Il y a peut-être eu une discussion au sein de la commune de Nogent-sur-Seine ou une rivalité. On sait qu'à cette époque, dans le cadre des commémorations, l'édification et l'emplacement des monuments aux morts ont souvent fait l'objet de débats entre édiles et communaux et clergé. Il s'agit là d'une oeuvre unique. Elle évoque aussi le diorama créé par Daguerre à l'église Saint-Gervais-Saint-Protais de Bry-sur-Marne, où l'on retrouve un grand décor néo-gothique. Bertrand Rondot, conservateur au château de Versailles, pense qu'Il est possible qu'il s'agisse d'un remploi plus que d'une création. Stylistiquement, cela n'a pas de sens de réaliser un décor néo-gothique avec ces techniques de théâtre. Cela peut avoir été effectué dans le dernier tiers du XIXe siècle ou même un peu avant. On se demande si les listes de noms n'ont pas été peintes sur un fond qui aurait pu cacher autre chose, à moins que les arcades aient été vides à l'origine. Cependant, la graphie des noms inscrits correspond tout à fait au décor gothique. Des exemples très proches datent des années 1830 (recherches menées par la restauratrice). Cette théorie de remploi expliquerait que l'inscription transversale traverse de manière peu élégante les sculptures du gâble. Néanmoins, qu'il s'agisse du vestige remployé d'un décor des années 1830-1850 ou d'une réappropriation pour l'usage d'un monument aux morts, cette oeuvre est très intéressante. On peut observer que le type de châssis, assez simple, n'évoque pas quelque chose du début du XXe siècle, mais de bien plus ancien. Ce qui est intéressant c'est de voir comment, même s'il ne s'agit pas d'une oeuvre créée pour 1914-1918, le clergé, à l'époque, va créer, peut-être parce qu'il n'a pas les moyens, ce monument aux morts pour les victimes de la guerre au sein de l'église. Son intérêt est plus ethnologique qu'artistique.
Propriété de la commune
Classé au titre objet
2015/05/05 : classé au titre objet
Arrêté de classement n° 031. Commission départementale des objets mobiliers 14/05/2013. Commission nationale des monuments historiques 28/01/2014. Inscrit par arrêté du 21/10/2013.
Isabelle Loutrel (conservateur des Monuments Historiques de Champagne-Ardenne) ; conservation des antiquités et objets d'art de l'Aube
Dossier individuel