Relief
Relief : Scènes de la vie du Christ, dit ivoire de la Crucifixion
Occitanie ; Aude (11) ; Narbonne ; église Saint-Just (ancienne cathédrale)
11262
Anciennement région de : Languedoc-Roussillon
Narbonne-Sud
Église Saint-Just (ancienne cathédrale)
PA00102790
Trésor
Sculpture ; tabletterie
Ivoire : taillé
Feuillet en ivoire sculpté représentant la Crucifixion entourée de diverses scènes de la vie de Jésus en lien avec la Passion.Plaque ayant probablement servi de couverture de reliure de manuscrit. La matériau utilisé pour la sculpture est un ivoire d'excellente qualité, parfaitement homogène et non fissuré (...) La bordure extérieure est formée par une série de plis tuyautés, en éventail, se rejoignant par le contact des perles qui terminent les plis extrêmes. La rencontre de ces séries détermine des demi-médaillons légèrement bombés. La bordure intérieure se présente sous la forme d'une baguette sur laquelle est enroulée une sorte de ruban guilloché ou formé de petites feuilles de laurier, bordé de perles (d'après Bonnery, 1992).
Vie du Christ
Une Crucifixion en son centre avec la Vierge et saint Jean, entourés d'éléments narratifs très denses. Philippe Péneaud reprend la notice de Danielle Gaborit-Chopin (Ivoires du Moyen Age, Fribourg, 1978, p53) et écrit en 2009 : Magistrale plaque de reliure d'un psautier ou d'un évangéliaire, gravée dans un bel ivoire, la Crucifixion de Narbonne date de l'époque carolingienne. Réalisée dans les ateliers de l'école d'Aix-la-Chapelle avant 815, date de la cessation d'activité des ateliers qui coïncide avec la mort de Charlemagne, elle pourrait représenter l'ultime point d'aboutissement des recherches des ivoiriers de la cours. Entourée de six scènes évangéliques, la Crucifixion occupe le centre de la plaque. Le Christ au modelé gras et large, au ventre proéminent est étendu sur large croix bordée de perles. Les deux inscriptions en latin figurent sur la croix. Un titulus au sommet du stipes, l'élément vertical de la croix, porte l'inscription suivante : Hic est IHS, Nazarenus, Rex Iudeor. Sur le patibulum, sous chaque bras du Christ sont marquées les injonctions suivantes : Muliere ecce filius tuus et Aple (pour Apostole) ecce mater tua. Le Christ, debout sur la croix, les pieds posés sur un large suppedaneum, rappelle le jeune athlète victorieux de Sainte-Sabine. Le corps droit, les bras à l'horizontale, les jambes parallèles, les pieds en rotation externe, il est ceint d'un perizonium, tenu par un noeud aux plis savants. Sa tête cerclée d'un nimbe crucifère s'incline légèrement à droite. Imberbe selon les canons de l'art classique hellénistique, le visage impassible aux traits un peu lours est encadré par une longue chevelure ramenée en arrière et tombant derrière les épaules. Grands ouverts, les yeux du Christ portent sur le monde un regard d'impassibilité. Quatre fleuves de sang s'écoulent en volutes des plaies causées par les clous aux mains et aux pieds de celui qui a ouvert, par sa mort, les portes du nouveau paradis. Au plus près de la croix, trois tableaux réunissent les témoins historiques de la Crucifixion. A droite du Christ, Longin le porte-lance précède la Mère de Jésus accompagnée des trois Marie : Marie, la mère de Jacques, Marie-Salomée et Marie-Madeleine. A gauche, le porte-éponge devance Jean, couronné d'une auréole. L'évangéliste bien-aimé du Christ cache son visage avec sa main droite en signe de douleur dans le geste qui lui est habituel depuis l'évangile de Rabbula. Derrière Jean, deux autres personnages lèvent le regard vers le Crucifié. Peut-être représentent-ils la foule qui raillait le Christ et l'injuriait en hochant la tête ? Le troisième tableau au pied de la croix montre la scène du partage des vêtements. Elle réunit deux soldats ; l'un deux brandit la tunique du Christ et s'apprête à la couper à l'aide d'un long couteau. Le soleil et la lune, les deux luminaires suspendus au-dessus de la croix font l'objet d'une personnification. Un homme en buste entouré d'une couronne de sept rayons personnifie le soleil. Un personnage arborant un croissant de lune en guise de coiffure représente la lune.
H = 25,3 ; la = 15,7
A l'intérieur du montant supérieur a été placé un titulus aux extrêmités en queue d'aronde, portant l'inscription HIC EST IHS / NAZARENUS / REX IUDEOR. Sur les bras horizontaux, deux plaquettes sont gravées de l'inscription suivante, à gauche : MULIERE ECCE FILIUS TUUS, à droite : APLE (pour APOSTOLE) ECCE MATER TUA (d'après Bonnery, 1992).
9e siècle
Nouvelle étude en 1992 par André Bonnery de la plaque d'ivoire représentant la Crucifixion conservée dans la cathédrale de Narbonne. Par analogie, l'oeuvre est considérée comme provenant d'Aix-la-Chapelle et datée de la fin du règne de Charlemagne.Il indique : <I>Certains historiens de l'art, impressionnés par la qualité de la sculpture de cette pièce, n'ont pas hésité à en faire une oeuvre de l'époque romane. C'est donc vers la sculpture du XI et du XIIe qu'ils se sont tournés pour établir des comparaisons stylistiques par lesquelles ils se sont efforcés de justifier leur opinion (cf R. Rey, L'ivoire de Narbonne, in Bul. Com. Arch. Narbonne, 22, 1947-48, p.79 sqq et Trésor des églises de France, Paris, 1965, n°601). Ils n'avaient pas connaissance, il est vrai, des remarquables catalogues d'ivoires et des études capitales réalisées pourtant anciennement par A. Goldschmidt (Die Elfenbeinskulpturen aus der Zeit der Karolingischen und Sächsischen Kaiser VIII-IV Jh., Berlin, 1914, 1,27) et W.F. Volbach (Die Bildwerke des Deutschen Museums. Die Elfenbein bildwerke, Berlin, 1923 ; WF.V., Elfenbeinarbeiten der Spätantike und des frühen Mittlealters, Mayence, 1976). Ces travaux avaient eu l'avantage de mettre en relief la parenté indéniable de l'ivoire de Narbonne avec les ivoires carolingiens. Celle-ci devint encore plus évident à la suite des observations de H. Schnitzler dans le catalogue de l'exposition d'Aix-la-Chapelle en 1965 (p.30sqq, n°531).[...] Rien ne s'oppose donc plus désormais à ce que l'on considère que l'ivoire de la Crucifixion comme étant la propriété de la cathédrale de Narbonne depuis l'époque carolingienne. Rien d'étonnant à cela. On sait que l'Archevêque Nébridius, ancien abbé de Lagrasse, fut un fervent défenseur de la politique religieuse de Charlemagne en Septimanie et dans la Marche d'Espagne. A plusieurs reprises il se rendit à la cour d'Aix-la-Chapelle. C'est au retour d'un de ses voyages que le chancelier de Louis le Pieux, Hélisachar, lui fit parvenir un psautier, comme nous l'apprend une de ses lettres. C'était avant l'an 819. Des manuscrits ont donc abouti à Narbonne, au temps de Nébridius, en provenance des centres de gouvernement de l'Empire. L'ivoire a pu servir de plaque de reliure à l'un d'eux./<I>
Propriété de l'Etat
Classé au titre objet
1901/06/17 : classé au titre objet
Classé comme du 12e siècle. Noté comme du 9e siècle à l'exposition Charlemagne (Aix-la-Chapelle, 20 juin - 21 septembre 2014).
Voir aussi la notice PM11000467 (évangéliaire)
Charlemagne, Aix-la-Chapelle, Centre Charlemagne, 26 juin 2014-21 septembre 2014.
L'ivoire de la Crucifixion de la cathédrale de Narbonne par André Bonnery (L'art et la société à l'époque carolingienne : actes des XXIIIe journées romanes de Cuxa : 10-18 juillet 1991), Les Cahiers de Saint-Michel de Cuxa, 1992, t. XXIII, p.121 ; Philippe Péneaud, Le visage du Christ: Iconographie de la Croix, L'Harmattan, 2009, p175
ARCH. PHOT. (MH65S1995)
Dossier individuel