Dalle funéraire
De l'abbé Isarn
Dalle funéraire de l'abbé Isarn
Provence-Alpes-Côte d'Azur ; Bouches-du-Rhône (13) ; Marseille ; église Saint-Victor
13055
Marseille I
Église Saint-Victor
PA00081323
Dans la crypte de l'église.
Lieu de déplacement : Provence-Alpes-Côte d'Azur, 13, Marseille, musée d'Archéologie Méditerranéenne
Sculpture
Marbre
En marbre pyrénéen de Saint-Béat. Un fond de sarcophage antique, dit en baignoire, en marbre de Saint-Béat (on sait que les transports lointains étaient fréquents à l'époque romaine), a été réutilisé pour réaliser la plaque funéraire. Deux bouts arrondis dont on a bûché le bas du du décor sur le pourtour, invisible quand on regarde la face.
Abbé ; bâton
Abbé représenté couché ; seuls la tête et les pieds sont visibles ; le corps est recouvert d'un linceul sur lequel figurent les inscriptions. Le bâton pastoral en tau est marqué lui aussi avec un mot : Virga.
H = 60 ; l = 178 ; pr = 14
Inscription (gravée)
Sur la plaque, inscription de neuf lignes et inscriptions au deux extrémités, autour de la tête et des pieds, et sur le tau.
11e siècle
Abbé Isarn : abbé de Saint-Victor de Marseille de 1020 à 1048. Nous pouvons résumer brièvement la vie de saint Isarn, qui s'inscrit dans le grand mouvement d'ascension de l'abbaye, lancé par la carte liberalis de 1005 assurant son autonomie entière, à l'occasion de l'élection de l'abbé Guifred, prédécesseur d'Isarn. Un moine de Marseille, Gaucelm, était devenuabbé de Saint-André d'Age. Il eut l'occasion de rencontrer à l'abbaye de Frédelas (le futur Pamiers) un jeune homme qui y était élevé, Isarn, et lui trouva tant de qualités qu'il l'enleva littéralement pour l'amener avec lui à Rome, non sans lui avoir fait donner l'habit religieux. Isarn était déjà moine à Saint-Victor de Marseille en 1005 et en devint abbé en 1020. La charte de consécration de l'église saint-Victor, en octobre 1040, est discutée, mais il semble assuré qu'il a fait faire des travaux très importants, et on aimerait lui attribuer l'allure de forteresse qu'a gardé l'édifice, surtout la tour d'Isarn (nom traditionnel), couverte de bossages, avec un soubassement en grand ou moyen appareil. Les sponsalitia ou actes de dotation d'églises lors de leur consécration soulignent une activité de construction dans les dépendances du monastère tout au long du XIe siècle, mais Isarn y figure pour sa bonne place. Si deux moines de l'abbaye ont écrits sa vita, très peu de temps après sa mort, c'est qu'on voulut tourt de suite en faire un saint, d'où les récits extraordinaires le concernant, avec même des miracles. Les effets de son abbatiat pour la première extension du monastère sont patents. On lui confie le monastère Saint-Ferreol, le contrôle de la grotte-monastère de San Miquel del Fay en Catalogne, et associé à l'évêque de Marseille pour le contrôle des moines grecs que ce dernier a placé à Saint-Pierre d'Auriol. Il intercède auprès du comte de Barcelone Raymond Béranger pour la libération de moines enlevés par les sultans du Levant. Epuisé, Isarn rentre à Marseille pour y mourir le 24 septembre 1047. Les liens de l'abbaye avec l'Esapgne s'amplifieront ensuite. On lui attribua des guérisons miraculeuses, et, en 1476, Louis XI envoya 30 écus d'or en offrande à son tombeau. Robert de Lasteyrie, successeur de Quicherat comme professeur d'archéologie à l'Ecole des Chartes, avec son compendium très riche sur L'Architecture religieuse à l'époque romaine, paru en 1912 [...] rappelait la mort d'Isarn en 1048 et admettait l'exécution peu après, en y voyant <I>l'ancêtre des gisants, fréquents ensuite dès le XIIe siècle</I> et succédant à la tradition des tombes de pavements en mosaïque, existant déjà dans les basiliques africaines et prolongée vers le Moyen Age. [...] Dès 1923, le grand précurseur de l'histoire de l'art médiéval aux Etats-Unis Arthur Kingsley Porter reproduisait la tombe d'Isarn et donnait en note l'inscription, en concluant que l'oeuvre avait été réalisée peu après son décès. Il y revenait dans le revue Speculum dès sa première parution en 1926, [...] En 1929, dans son étude épigraphique, Paul Deschamps, grand connaisseur de la sculpture romane, acceptait sans hésitation la date de 1048 pour la tombe d'Isarn comme celle de 1108 pour la tombe de Bégon à Conques.(cf Jacques Bousquet, 1996). Jacques Bousquet cite également Focillon, Robert Doré, Raymond Rey, Fernand Benoît, Marcel Aubert, Denise Jalabert, José Pijoan, Béatrice Canestro Chiovenda, Roberto Salvini, Meyer-Schapiro, Erwin Panofsky, Alan Borg, Breckenridge, J. Adhémar, J. Hubert, André Villard, Raymond Oursel, M.F. Hearn, Marcel Durliat en 1982 (après 1048), Philippe Ariès. La sculpture est traitée très en relief et bien détachée du fond, par souci particulier de naturalisme. Le rendu des plis du vêtement est obtenu par des traits dessinés (petites courbes entre des lignes parallèles) surtout en haut tandis que le bas de la tunique se termine par des plis en pince de crabe et que les cheveux reprennent le motif de crossettes. Recherche d'un modelé à la fois réaliste et simplifié avec rigueur (la tête avec les obliques fermes des joues et du menton, les yeux en amande). Pieds et orteils finement ciselés.
Propriété de la commune
Classé au titre objet
1974/12/11 : classé au titre objet
Jacques Bousquet, La tombe de l'abbé Isarn de Saint-Victor de Marseille, in Provence Historique, Fasc. 183, 1996, p.97-130
Jacques Bousquet
DOM
Dossier individuel