Tableau ; cadre
Tableau et son cadre : Vierge de l'Apocalypse
Normandie ; Calvados (14) ; Lion-sur-Mer ; église Saint-Pierre
14365
Anciennement région de : Basse-Normandie
Douvres-la-Délivrande
Église Saint-Pierre
PA00111470
Dans le transept sud de l'église, mur ouest de la chapelle.
Peinture ; menuiserie
Toile (support) : peinture à l'huile ; bois : taillé, doré
Huile sur toile. Cadre : bois doré incurvé bordé d'une frise de tore. Aux angles, feuilles d'acanthes et sur le pourtour cannelure.
Vierge à l'Enfant ; nuée ; étoile ; Enfant Jésus ; nu ; victoire ; serpent
Sur un fond de nuée, la Vierge couronnée d'étoiles met le pied sur le serpent. L'Enfant qu'elle tient nu devant elle, met son pied sur le pied de sa Mère, comme pour lui venir en aide pour écraser le symbole du mal et de l'hérésie. Contraste de polychromie entre le bas du tableau aux tonalités sombres et la partie haute qui s'éclaircit.
H = 147 ; la = 120 (avec cadre)
Oeuvre restaurée
Oeuvre restaurée en 2014 par Romana et Corneliu Andronescu.
Lieu d'exécution : Italie
2e quart 17e siècle
La Vierge écrase du pied le mal avec l'aide de l'Enfant Jésus mettant son pied sur celui de sa mère. Le sujet est traité avec un fort contraste chromatique, s'éclaircissant depuis le bas assez sombre, vers le visage de la Vierge. Il est issu d'une controverse autour de la traduction de la Vulgate, où il est question de l'inimitié entre la femme et le serpent, et de la postérité de la femme, identifiée à la Vierge vouée à écraser la tête du serpent. Or, les protestants, par une variante dans la traduction, vont dans le sens d'un écrasement du serpent par un personnage masculin, c'est-à-dire par son fils, le Christ : Les protestants avaient élevé une objection sur le texte de la Vulgate qui traduisait le passage de la Genèse, où il est parlé de la lutte de la femme et du serpent. Leurs critiques soutenaient qu'il ne fallait pas lire ipsa, mais ipse conteret caput tuum. Suivant eux, ce n'était pas la Vierge, mais le Christ qui devait écraser la tête du serpent. L'église savait en effet que la traduction grecque de Septante donnait dans ce passage le masculin au lieu du féminin et que dans certains manuscrits de la Vulgate on trouvait ipse au lieu de ipsa ; aussi avait elle concilié les deux interprétations de la façon la plus ingénieuse. Il y a, dit Jean de Carthagène, une lutte engagée entre la femme et le serpent, et c'est la femme qui triomphe, mais elle en triomphe par son fils (Emile Mâle). Dans ce tableau, l'iconographie traduit un compromis trouvé par l'Eglise, l'Enfant Jésus aidant la vierge à écraser la bête. Stéphane Loire, conservateur du musée du Louvre, département des peintures, et Francesco Frangi, spécialiste du peintre, ont attribué cette oeuvre à Francesco Cairo, peintre milanais (1607-1665). Il s'agirait pour eux d'une oeuvre de jeunesse, à situer dans les 30 premières années du seicento. Les oeuvres de jeunesse de cet artiste mêlent le maniérisme lombard et le luminisme d'origine caravagesque, comme c'est le cas dans l'oeuvre de Lion-sur-Mer. Son voyage à Rome vers 1639 transformera son style, qui subira l'influence des peintres vénitiens. Le tableau est donc à situer avant ce voyage, comme le prouve la comparaison avec un tableau de 1630 environ figurant sainte Catherine d'Alexandrie (collection privée, New-York) ou avec le tableau représentant Hérodias, exécuté avant 1635 (Metropolitan Museum of Art, New-York), où Herodias renverse sa tête en arrière, d'une façon similaire à la Vierge de Lion-sur-Mer. Les sources sont muettes sur l'histoire de ce tableau, qui est peut-être un don en vue de sa présentation dans l'église.
Propriété de la commune
Classé au titre objet
2014/01/21 : classé au titre objet
Arrêté n° 001. Commission nationale des monuments historiques du 02/02/2012. Commission départementale des objets mobiliers du 30/04/2010. Inscrit au titre objet le 30/04/2010.
Mâle, Emile, L'Art religieux après le Concile de Trente, étude sur l'iconographie de la fin du XVIe, du XVIIe et du XVIIIe siècles en Italie, en France, en Espagne et en Flandre, 1932, p. 38. ; Engerand, Fernand, Engerand, Marthe, Les trésors d'art religieux du Calvados, Marigny et Joly, Caen, 1940, p.221.
Pauline Lucet (conservateur des Monuments Historiques) ; Aude Maisonneuve (conservateur délégué des antiquités et objets d'art du Calvados)
Dossier individuel