Retable
Du maître-autel
Retable du maître-autel
Auvergne-Rhône-Alpes ; Cantal (15) ; Albepierre-Bredons ; église de Bredons
15025
Anciennement région de : Auvergne
Murat
Église de Bredons
PA00093426
32 sculptures du retable du maître-autel, statues d'Adam et Eve et d'un ange, de la Vierge et de Jésus et d'un ange, quatre têtes d'anges, Moïse, Aaron, le Christ en croix ainsi que trois contreforts sculptés, etc. Une des sculptures du retable, le buste d'Aaron, a été restituée et replacée dans l'église en juillet 2011 suite à sa redécouverte en Allemagne en 2010.
Menuiserie ; sculpture
Bois : taillé, peint (polychrome), doré
Tabernacle avec colonnettes élargies, balustres, statuettes. Entre les colonnes, statues de Saint Paul et Saint Pierre, les saints patrons de l'église. Deux bas-reliefs en bois dorés au bas des colonnes. Peintures murales en haut. Le relief d'Aaron : il s'agit d'une sculpture en demi-relief réalisée dans un bois dense observable sur la partie postérieure de l'objet, plane et dénuée de polychromie. Le restaurateur Didier Rousset identifie ce dernier comme étant du cèdre, essence relativement rare dans le Cantal où les sculpteurs préféraient le tilleul pour la fabrication des ornements et des sculptures de retable. Le relief était fixé au retable par deux clous placés à mi-hauteur de l'oeuvre. Léonce Bouyssou signale une autre spécificité des retables de Bredons : alors que dans l'ensemble, les architectures des retables étaient réalisées en chêne, ou en noyer et châtaignier, à Bredons c'est l'orme qui prédomine dans la construction.
Sous le regard de Dieu le père, assis à la manière médiévale, au frontispice et en majesté, est représenté le destin de l'homme entre chute et rédemption. Au-dessus de la corniche à droite, le Paradis terrestre et le décor de la Tentation. Adam et Eve, quoique très décemment vêtus, ainsi que le recommande le concile de Trente, succombent à la tentation, et sont chassés du paradis par l'ange armé de son épée. Un cartouche guide la méditation du fidèle : 'La mort vient du bois' c'est-à-dire de l'arbre de la tentation. A gauche formant pendant un second cartouche est là pour donner espoir au chrétien : 'Le salut vient du bois' c'est à dire de la Croix puisque le Christ s'est sacrifié sur la Croix pour racheter les péchés des hommes. Le Christ rédempteur d'un geste large accueille sa mère qui représente ici l'église. L'ange qui les domine tient dans sa main droite clé et chaîne, insignes du pouvoir, tandis que de sa gauche il étouffe un serpent qui représente symboliquement le Mal. Toute la base du retable est consacrée à la notion de sacrifice. L'autel a la forme d'un tombeau sur lequel est représenté un agneau prêt à être immolé, image du sacrifice de la messe, acte central de la vie chretienne. Deux-bas reliefs illustrent l'un, à gauche du tabernacle, côté Epître, le sacrifice sur lequel se fonde l'ancienne Loi, l'autre, à droite côté Evangile, le sacrifice qui est le fondement de la nouvelle Loi. Ces deux panneaux sont finement sculptés : à gauche David suivi de divers personnages offre au Grand Prêtre les pains de proposition. Plus loin, les apôtres récoltent une abondante moisson dont un dixième sera offert aux lévites. Au fond, Jésus, le bâton du marcheur en main, fatigué par la route, à l'heure de midi s'appuie sur le rebord du puits de Jacob. Il demande à boire à la Samaritaine. Cette scène veut illustrer la soif physique dont souffre le Christ, à distinguer avec la soif spirituelle que connaît cette femme consciente de son peu de vertu. 'Tout homme qui boit de cette eau aura encore soif ; mais celui qui boira de l'eau que moi je lui donnerai n'aura plus jamais soif' à quoi la Samaritaine répond : 'Seigneur, donne-la moi cette eau, que je n'aie plus soif, et que je n'aie plus à venir ici pour puiser'. Dans le lointain, sur les collines, le prieuré de Bredons et ses alentours. A droite, précédé par les larrons qui avancent, les mains attachées derrière le dos, entouré de bourreaux, écrasé par le poids de la croix, Jésus gravit la Via dolorosa. Au premier plan, Simon le Cyrénéen lui vient en aide ; à l'arrière-plan les tours de Jérusalem et le calvaire, où sont dréssées les deux croix destinées aux larrons. Enfin, au centre, le tabernacle, pour répondre à la Contre-Réforme, ce meuble prend de grandes dimensions. Le tabernacle comporte des colonnes torses et une coupole à la manière romaine. La porte du tabernacle forme une niche qui a dû jadis abriter une petite statue du Christ aux liens, la niche de l'étage supérieur offre un Christ en croix. Le regard s'élève ensuite de façon naturelle vers la coupole puis est mystérieusement emporté par la force du miracle : Jésus apparaît dans la gloire de sa Résurrection au matin de Pâques. De part et d'autre du tabernacle sont représentés Moïse et Aaron. A gauche Moïse, reconnaissable à sa barbe bifide, porte la baguette qui, à Rephidim, durant l'exode, lui permit de faire jaillir l'eau et de désaltérer ses frères inquiets. De sa main droite il soutient les tables de la Loi sur lesquelles il a noté les dix principaux commandements dictés par Yahvé. Pour être compris du plus grand nombre, le Décalogue est donné ici en latin. Enfin, de façon traditionnelle, Moïse porte au front les deux cornes d'or en souvenir des rayons surnaturels qui l'illuminaient quant il descendit du Sinaï chargé des précieux commandements. A droite de Moïse, son frère aîné Aaron, qui fut le premier grand prêtre de l'Ancienne Alliance. Témoins ou rapporteurs essentiels de la vie, la mort, et la résurrection du Christ : les quatre évangélistes, Matthieu, Marc, Luc, Jean chacun proposant un extrait en latin de ses écrits. Ils ornent chacun le piédestal de l'une des quatre colonnes torses du véritable temple élevé ici à la gloire de Dieu et de ses saints. Saint Pierre et saint Paul sont les meilleurs exemples à proposer au fidèle. Plus grands que nature ils occupent les places d'honneur. Sur la base de la description donnée par Eusèbe de Césarée, Pierre apparaît toujours vêtu d'une tunique et d'un pallium ; il tient les deux clés servant à lier et à délier. Ses cheveux et sa barbe sont toujours courts et bouclés. Paul a le cheveu rare mais une longue barbe noire. Vêtu lui aussi d'une tunique et d'un pallium, ses attributs sont le livre et l'épée qui le décapita. La nature elle-même prend part à la louange de Dieu. Des pampres enlacent les riches colonnes (corinthiennes, à sept volutres, inspirées de celles du temple de Salomon à Jérusalem). des oiseaux, des serpents et de charmants angelots, dont certains sont musiciens, s'y ébattent gaiement. Les deux arbres peints à fresque ultérieurement au-dessus du retable participent à cette hymne. Le tableau central représente le Christ de la Résurrection. Aaron, représenté à mi-corps émergeant des nuées, est debout de face, le visage de trois-quart tourné vers la droite. La main droite est sur la poitrine et la gauche détient la cruche. Il est représenté sous les traits réalistes d'un homme mûr à la longue barbe et à la chevelure ondulée, vêtu d'une ample tunique plissée aux manches resserrées aux avant-bras et aux poignets. Cette dernière est recouverte d'un plastron à bord découpé avec une large encolure en V, soulignée d'un sur-col vert qui vient casser la monotonie de la dorure, appliquée sur le costume, la nuée et la cruche. Les chairs sont naturelles et la chevelure et la barbe grises. Aaron constitue sur le retable du maître-autel, le pendant d'un Moïse présentant le Décalogue, qui prenait place de l'autre côté du tabernacle.
H = 1000 (retable) ; h = 200 (tabernacle)
Oeuvre restaurée
Retable restauré par Arts et Bâtiment (Christian Karoutzos) en 1988.
1er quart 17e siècle ; 1er quart 18e siècle
Ce retable, dont on possède le prix-fait, fut commandé le 17 juillet 1706 par les prêtres et les luminiers de la paroisse à Antoine Boyer sculpteur à Murat et à René Journiac d'Apchon pour les figures et les basses-tailles ; achevé dès 1710 il fut ensuite doré par Noël Verdier, 'maître dhoreur' d'Apchon. Il remplaçait un retable commandé en 1673, qui lui-même succédait à un grand retable surmonté par le 'Christ de la Résurrection' actuel daté de 1625 et signé à Murat par Nicolas Gargan. Nicolas Gargan est un peintre natif de Chalons en Champagne, cette toile rappelle par la position de la pierre tombale qui n'a pas été soulevée et par le geste du soldat qui se cache derrière son bouclier une gravure provenant du recueil' Varie inventioni per depositi' de Bernardo Radi datant de 1625 et publié par A. Pardailhé-Galabrun.
Propriété de la commune (?)
Classé au titre objet
1908/06/30 : classé au titre objet
Objet bénéficiant d'un double classement : arrêté du 30 juin 1908 et arrêté du 26 juin 1952, avec CSMH du 9 novembre 1951.
Oeuvre volée partiellement
Bouyssou, Léonce, Retables de Haute-Auvergne, XVIIe-XIXe siècles, Nonette, Créer, 1991, p. 153. ; Votrolles, Henri, Murat : quelques prix-faits et donations des XVIIe et XVIIIe siècles, RHA, tome 57, janvier-mars 1995, p. 53-63. ; Crété, Anne, L'église de Bredons, Cahiers des Amis du Patrimoine de Haute-Auvergne n°3, Aurillac, 2008. ; Breuil-Martinez, Véronique, Chronique d'un retour longtemps espéré : de Mayence à Bredons et Fridefont, le retour d'Aaron et de la Vierge à l'enfant langé, Objets d'art, Revue de la Haute-Auvergne, juillet-septembre 2011.
Véronique Breuil-Martinez (conservateur des antiquités et objets d'art du Cantal)
DOM
Dossier individuel