Tableau ; cadre
Tableau et son cadre : Le Christ rencontrant la femme de Zébédée et ses fils
Bretagne ; Finistère (29) ; Quimper ; 5 rue de Rosmadec ; évêché
29232
5 rue de Rosmadec
Évêché
Peinture ; menuiserie
Toile (support) : peinture à l'huile ; bois : taillé, doré
Huile sur toile et bois doré.
Scène biblique ; rencontre ; Christ ; sainte Marie Salomé ; saint Jean ; saint Jacques ; saint Marc ; à mi-corps ; calice
Ce tableau, très énigmatique du point de vue iconographique, était identifié dans un premier temps comme étant Le Repas à Emmaüs mais, T. Ullois a identifié une représentation des versets 20-23 du chapitre 20 de l'Evangile selon saint Matthieu et des versets 35-41 du chapitre 10 de l'Evangile selon saint Marc : le Christ rencontrant la femme de Zébédée et ses deux fils. Plus précisément, il s'agirait du moment de la rencontre entre le Christ et Marie-Salomé, femme de Zébédée, et ses fils, saint Jean et saint Jacques le Majeur. Ils s'adressent au Christ : Accordez-nous, lui dirent-ils, que dans votre gloire nous soyons assis, l'un à votre droite, et l'autre à votre gauche. Jésus leur répondit : Vous ne savez pas ce que vous demandez. Pouvez-vous boire le calice que je dois boire, et être baptisés du baptême dont je dois être baptisé ?, et il ajoute : Vous boirez en effet le calice que je dois boire et vous serez baptisés du baptême dont je dois être baptisé, mais pour ce qui est d'être assis à ma droite ou à ma gauche, ce n'est point à moi de vous le donner, mais cela sera donné à ceux à qui mon père l'a préparé. Selon les textes, les dix apôtres, témoins de la scène, dont saint Marc identifié sur le tableau, s'émeuvent de cette demande : Que celui qui voudra devenir plus grand parmi vous soit votre serviteur, et que celui qui voudra être le premier d'entre vous soit votre esclave , comme le fils de l'homme n'est pas venu pour être servi mais pour servir et donner sa vie, pour la rédemption de plusieurs. On assiste à une leçon d'humilité. Ce passage est lu tous les ans, le 25 juillet, lors de la fête de la Saint-Jacques, à Compostelle. La différence entre les deux Evangiles, c'est que dans l'un, c'est Marie-Salomé qui s'adresse à Jésus : Ordonne que mes deux fils que voici siègent, l'un à ta droite et l'autre à ta gauche, dans ton royaume (verset 21 de l'Evangile selon saint Matthieu). Il s'agit d'une iconographie relativement rare, évoquée dans les scènes de la vie de Jacques de Zébédée, ou Jacques le Majeur, ou saint Jacques. Cette peinture est de grande qualité par les expressions des visages, une composition très ressérée et un clair-obscur caravagesque.
H = 118,5 ; la = 146
Oeuvre restaurée
Oeuvre restaurée en 1867 et en 2012. Le tableau a été malmené par le rentoilage de 1867, date révélée grâce aux bandes de journaux retrouvées dans le cadre. Il était en très mauvais état au point qu'une partie de la préparation rouge avait adhéré à la toile de rentoilage. Par ailleurs, T. Ulliot a décelé trois campagnes d'intervention : un rentoilage à la colle de pâte, en 1867, une intervention plus tardive sur la couche picturale avec un dévernissage, des repeints et un vernissage, et enfin des repeints encore plus récents, notamment dans les parties lacunaires, par-dessus le vernis.
Inscription
Inscrit sur le cadre : Sebastiano del Piombo.
17e siècle
Tableau attribué à Gregorio Preti, étudié par Tatiana Ullois, élève de l'école de Condé à Lyon. Le sujet qu'il traite est privilégié dans le contexte de la Contre-Réforme. En effet, le protestantisme réduit le nombre de sacrements de sept à deux, la Cène et le Baptême, et dénie la symbolique de la transsubstantiation. La Contre-Réforme l'affirme au contraire à l'aide d'une iconographie qui remet l'Eucharistie à l'honneur. Avant sa restauration, cette peinture était considérée comme une copie du XIXe siècle, mais l'analyse et la restauration ont démontré qu'il s'agit d'un original du XVIIe siècle. L'hypothèse d'un tableau original et de son attribution, en -dehors des critères stylistiques et du nom de Sebastiano del Piombo inscrit sur le cadre, se base sur la préparation rouge et la toile d'origine utilisée à trame très large, caractéristique des caravagesques napolitains. Tatiana Ulliot le situe dans la mouvance caravagesque napolitaine. Selon elle, l'auteur pourrait être Battistello Caracciolo, Carlos Sellito ou Filippo Vitale. Stéphane Loire (conservateur au département des peintures du musée du Louvre) a rejeté ces trois hypothèses. Giuseppe Porzio (conservateur à la Surintendance de Naples) y voit une oeuvre typique de Gregorio Preti, frère aîné et premier maître de Mattia Preti (dit Il Cavaliere Calabrese). Il quitta sa ville natale pour Naples puis pour Rome où il vécut de 1624 à sa mort. Son frère Mattia le rejoignit à Rome, qu'il quitta en 1653 pour Naples, puis pour l'île de Malte en 1661. Le Bénézit attribue deux fresques à Gregorio Preti dont une à l'église San Calco ai Catinari à Rome. Giuseppe Porzio a publié un article dans la revue Art Italies, revue de l'association des historiens de l'art italien, intitulé : Per una rivalutazione di Gregorio Preti, traduit par Pour une réévaluation de l'oeuvre de Gregorio Preti, en 2012. Il se penche pour l'essentiel sur les oeuvres de jeunesse de Gregorio et de Mattia, qui travaillèrent ensemble jusqu'au départ de Mattia. Il évoque la difficulté de distinguer avec exactitude, pour cette période, quelle était la part de l'un et de l'autre. Néanmoins Mattia se distingue de son frère par une fortune critique et une production de grande qualité. Plusieurs expositions leur ont été consacrées, dont celles de 2004-2005 à Viterbe et en 2009 au palazzo Arnone, à Cosenza, en Calabre.
Propriété d'une association diocésaine
Classé au titre objet
2015/07/02 : classé au titre objet
Arrêté de classement n° 048. Commission départementale des objets mobiliers 04/03/2014. Commission nationale des monuments historiques 27/01/2015. Inscrit au titre objet le 02/04/2014. Propriété de l'association diocésaine de Quimper.
Cécile Oulhen (conservateur des Monuments Historiques de Bretagne) ; conservation des antiquités et objets d'art du Finistère
Dossier individuel