Tableau (4)
Ensemble de 4 tableaux représentant Le Baiser de Judas, La Flagellation, Le Couronnement d’épines, l’Ecce Homo
Centre-Val de Loire ; Indre-et-Loire (37) ; Loches ; église Saint-Ours
37132
Loches
Église Saint-Ours
PA00097824
Nef
Peinture
Toile (support) : peinture à l'huile
Ces huiles sur toile de 183 cm de hauteur sur 182 cm de largeur se présentent sur châssis en bois, mobile à clés, chanfreiné, comportant deux traverses en croix de 8 cm de large et un dos protecteur au revers. Les toiles en lin sont doublées de papier de bordage en kraft sur la périphérie du tableau. La préparation est ocre, la peinture à l’huile, le vernis en résine naturelle, brillante. Les cadres sont en bois, recouverts d’une polychromie noire et de bronzine (Clémence Fargues, 2019).
Baiser de Judas ; Flagellation ; Couronnement d’épines ; Ecce Homo
La première toile représente Le Baiser de Judas et fait référence à l’arrestation du Christ au jardin de Gethsémani. Au premier plan se déroule le combat entre le disciple Pierre et Malchus, serviteur du Grand Prêtre Caïphe, hurlant et renversé à terre. Pierre, l’épée – ou glaive – brandie, s’apprête à trancher l’oreille de Malchus, que Jésus guérira ensuite. Au second plan sont représentés le Christ et Judas, qui a amené une bande armée envoyée par les grands prêtres juifs et les anciens et qui désigne Jésus en lui donnant un baiser. La scène est éclairée par une lanterne et deux flambeaux. La troupe armée qui se saisit du Christ, aux plumets, armes diverses et aux costumes aux multiples détails caractérise le goût des maniéristes anversois. A l’arrière-plan, un paysage montagneux s’étend profondément et s’achève sur le rempart ou une tour du donjon, référence à Jérusalem. La gravure à l’origine de la composition date de 1598 : inscription en bas à droite : 98 HG. Le tableau de format carré, aux couleurs lumineuses éclairant les plis, replis et drapés des vêtements comme les expressions marquées des visages, montre quelques petites différences avec la gravure rectangulaire mais l’observation détaillée de la toile et de la gravure témoigne du respect la composition originale de Goltzius. La seconde toile représente La Flagellation, après la condamnation à mort du Christ par Ponce Pilate. La scène s’organise ici dans un cadre architectural aux formes géométriques strictes, qui se démarquent par des jeux d’ombres et de lumières. Au premier plan, près du vêtement du Christ qui git au sol, un personnage agenouillé prépare une verge en liant un faisceau de badines souples. Au centre, le Christ, dépouillé de ses vêtements et attaché à une colonne, est flagellé par deux personnages : celui de droite brandit une verge et celui de gauche tient un flagrum. A gauche, un personnage éclaire la scène de sa longue torche ; une autre est brandie par un homme qui apparaît dans les escaliers de l’arrière-plan. Derrière la scène centrale, une assemblée de personnages, assis ou debout, assiste à la flagellation. La gravure à l’origine de la composition date de 1597 et porte les initiales HG. Le tableau reflète l’extrême précision des drapés, plis et replis et cet attachement au détail des vêtements, visages et corps qui révèle le goût de Goltzius pour le maniérisme et lui permettait d’enrichir ses gravures. La troisième toile représente Le Couronnement d’épines, qui se déroule après la flagellation, dont les instruments sont encore présents au premier plan. Au sol git le manteau rouge dont les soldats romains avaient revêtu le Christ. Celui-ci, résigné, est assis au pied de la colonne. Une couronne tressée d’épines est serrée autour de sa tête avec des bâtons tandis qu’un personnage agenouillé devant lui, chapeau en main, lui offre par dérision un roseau. Un autre personnage lève un bâton ou roseau pour le frapper sur la tête. Tous se moquent ainsi de lui en feignent de rendre hommage au roi des Juifs. Face à la scène, à droite, deux personnages et un enfant représentent la condamnation, par tous, du Christ. La gravure à l’origine de la composition date de 1597 et porte l’inscription : A°HG 97. Le tableau de format carré tronque ici aussi la partie haute de la scène de Goltzius mais un plan plus large a permis l’ajout, sur la toile, de l’enfant qui désigne le Christ du doigt (sur la gravure, c’est un postérieur qui est représenté à cette place). La composition, qui emprunte quelques éléments à Dürer dans sa Grande et sa Petite Passion, est de la propre invention de Gotzius, qui transparait notamment dans les visages grotesques qu’il a réalisés et les postures de ses personnages. La quatrième toile représente la scène de l’Ecce Homo, "Voici l’homme", selon l’expression prêtée à Ponce Pilate qui se déroule à Jérusalem. Au premier plan, au bas des marches du palais de Pilate, un personnage dresse le bois destiné à une crucifixion. Légèrement en retrait, le brigand Barabbas, les bras retenus dans le dos par des liens, est maintenu par un personnage au chapeau orné d’une longue plume. A droite, un dignitaire et des membres du peuple juif présents dans la cour du temple, aux costumes et chapeaux variés et chatoyants et aux visages expressifs, répondent en criant à la question de Ponce Pilate. En haut de la scène, à gauche, Ponce Pilate sorti du palais a effectivement présenté à la foule le Christ aux outrages, debout, couronné d'épines et revêtu d'une cape, les deux mains entravées par une corde tenant son sceptre de roseau. Pilate a demandé au peuple de choisir qui, de Jésus ou de Barabbas, échappera à l’exécution. A la réponse du peuple criant « A mort ! Relâche Barabbas ! Crucifie-le ! », Pilate condamne le Christ et se lave les mains, signifiant ainsi qu’il se déclare innocent du sang de Jésus. La gravure à l’origine de la composition date de 1597 : inscription 1597 HG. Le tableau de format carré tronque légèrement la partie haute de la scène de Goltzius. Un plan plus large a permis l’ajout, sur la toile, de deux enfants au lieu d’un qui montre le Christ du doigt et peut-être d’une femme à droite.
H = 183 ; la = 182
Oeuvre restaurée
Les toiles ont été restaurées entre 1966 et 1967 par Robert Baudouin, restaurateur de tableaux et fresques à Paris et des photographies de l’époque, en noir et blanc, subsistent. Entre 2004 et 2005, ils ont fait l’objet d’une opération de traitement des moisissures, bichonnage et revernissage en aérosol (restaurateur Gérard ten Kate, 16500 Brillac). En 2019, une opération de nettoyage et de traitement des moisissures a été réalisée par Clémence Fargues et l'atelier 3PA.
Goltzius Hendrick (d'après, graveur)
Limite 16e siècle 17e siècle
Ces quatre tableaux ont été réalisés, peu après sa diffusion, d’après la très célèbre série de La Passion gravée par Hendrick Goltzius entre 1596 et 1598. Goltzius, Hendrick (Bracht-am-Niederrhein – Venlo (frontière allemande), janvier ou février 1558 – Haarlem, 1er janvier 1617 (Pays-Bas espagnols puis Provinces-Unies) : dessinateur, graveur et imprimeur le plus important graveur des écoles nordiques depuis Albrecht Dürer et Lucas van Leyden. Goltzius concevait, gravait et éditait lui-même et a laissé une œuvre d’ampleur, mise en lumière par trois expositions récentes Amsterdam, New York, Toledo (Ohio), 2003-2004 ; Bâle (Suisse), 2016 ; Fribourg-en-Brisgau (Allemagne), 2020-2021. Goltzius est un inventeur prolixe qui est alors au sommet de sa renommée en tant que graveur lorsqu’il crée la série de la Passion. La série est composée de douze gravures illustrant les moments les plus significatifs de la vie du Christ, datée de 1596-1598 : La Cène, Le Jardin des oliviers, Le Baiser de Judas, Jésus devant Caïphe, Jésus devant Pilate, La Flagellation, Le Couronnement d’épines, l’Ecce Homo, Le Portement de Croix, la Crucifixion, La Mise au tombeau, La Résurrection. Elle appartient à une longue tradition puisqu’aux 15e et 16e siècles, plusieurs séries de gravures représentant les scènes de La Passion ont été réalisées par des graveurs du nord de l’Europe : Martin Schongauer, Albrecht Dürer, Lucas van Leyden puis Goltzius, dont les compositions affichent un style individuel qui transparaît dans ses dessins préliminaires, à la craie noire et touches de couleur au pinceau, violet et vert, conservés au Musée de Liebzig. L’auteur des toiles de la collégiale et de celle de Perrusson n’est pas connu. Dans la collégiale de Loches, la présence de nombreux tableaux, à l’iconographie rarement détaillée, est attestée depuis le tout début du 19e siècle par plusieurs documents d’archives.
Propriété de la commune
Inscrit au titre objet
2021/12/16 : inscrit au titre objet
Commission du patrimoine et de l'architecture du 18/05/2021. Arrêté n°21.284.
Girard Isabelle (conservation des antiquités et objets d'art d'Indre-et-Loire), 2021.
Dossier individuel