Statue
Statue : tête masculine représentant un roi, vraisemblablement Philippe IV le Bel, roi de France
Hauts-de-France ; Oise (60) ; Compiègne ; ancien prieuré royal de Royallieu
60159
Anciennement région de : Picardie
Compiègne
Ancien prieuré royal de Royallieu
Conservé dans le centre Antoine Vivenel, 17 rue James de Rothschild. Dépôt des propriétaires au musée Antoine Vivenel de Compiègne.
Sculpture
Calcaire : taillé, peint (polychrome)
Traces de polychromie, notamment sur les yeux.
Portrait ; tête ; roi de France ; Philippe IV le Bel
H = 23 ; la = 23
Fragment ; oeuvre mutilée ; oeuvre déposée
1er quart 14e siècle
1308 ; 1320
Le buste de Saint Louis (PM60005238), la tête de Philippe le Bel (PM60005237) et celle de Marguerite de Provence ou de Jeanne de Navarre (PM60005236) ont été fortuitement mis au jour en 1995 lors de travaux menés sur le site de l'ancien prieuré royal de Royaullieu à Compiègne. La date de fondation du prieuré, 1308, peut être définie comme terminus post quem pour la datation des statues, ce qui autorise in fine à les reconnaître comme étant les effigies de saint Louis, patron de l'église, Philippe le Bel, fondateur, et Marguerite de Provence, épouse de Louis IX, à moins qu'il ne s'agisse de Jeanne de Navarre, épouse de Philippe le Bel. L'analyse stylistique borne au plus tard vers 1320. La localisation précise des statues dans le prieuré avant leur mutilation n'est pas identifiée. Celles-ci ont vraisemblablement été brisées lors de la Révolution et leurs vestiges dissimulés. Production parisienne ou influencée par l'art des ateliers royaux. En 1303, Philippe le Bel cède aux instances de son aumônier Jean des Granges, frère de Sainte-Catherine du Val-des-Ecoliers à Paris. Il fonde alors un prieuré contigu à sa demeure de La Neuville-aux-Bois près de Compiègne. De nouvelles lettres de fondation sont données en 1308. L'église priorale est dédiée à saint Louis et, en son honneur, le lieu est rebaptisé Royallieu [ ]. La date de fondation, 1308, peut donc être choisie comme terminus post-quem pour la datation des statues, ce qui nous autorise in fine, dit Stéphanie-Diane Daussy, à les reconnaître comme étant les effigies de saint Louis, patron de l'église, Philippe le Bel, fondateur, et Marguerite de Provence, épouse de Louis IX. La démarche se fait l'écho de la série de statues de la Grand'Salle du Palais à Paris (avant 1314), donnant une dimension toute idéologique au programme sculpté de Royallieu [ ]. Il n'est pas exclu que la statue féminine puisse d'ailleurs être celle de Jeanne de Navarre, épouse défunte de Philippe IV. Elle accompagnerait ainsi son époux et saint Louis selon le même principe qu'au collège de Navarre (après 1309). A l'appui de cette hypothèse, le fait que le prieur de Royallieu, Jean des Granges, ait été aumônier de la reine, exécuteur testamentaire de celle-ci et chargé de la réalisation du collège de Navarre, constitue un argument de poids. Au regard de l'analyse stylistique, la datation des têtes pourrait être bornée au terminus ante quem des années 1320 et s'insère dans le contexte d'une production parisienne ou influencée par l'art des ateliers royaux. La bonne conservation des vestiges de polychromie plaide en faveur d'une élévation des statues à l'intérieur des bâtiments. Elle sont été vraisemblablement mutilées lors des émeutes du 17 septembre 1792. L'examen de chaque statue permet d'établir les correspondances avec d'autres sculptures du temps et d'appuyer les hypothèses émises quant à leur identification. Stéphanie-Diane Daussy voit dans le second visage masculin, aux traits fortement individualisés, un rapprochement incontestable avec le gisant de Philippe IV le Bel à Saint-Denis (entre 1327 et 1329), ce qui en ferait une effigie royale exécutée ad vivum à l'instar des sculptures du Palais de la Cité à Paris (avant 1314) ou du Collège de Navarre (après 1309). Ce caractère de portrait d'après modèle vivant confirmerait l'intervalle de date proposé pour la réalisation des trois élémets (source : Stéphanie-Diane Daussy). Le caractère exceptionnel de ces oeuvres les place au rang de chefs-d'oeuvre de la sculpture parisienne du début du XIVe siècle et donc de l'art au temps de Philippe le Bel. En émanent les évidentes qualités de force et de fraîcheur malgré l'état d'usure de l'épiderme de certaines parties, dû à leur enfouissement, et les mutilations d'autres parties. L'iconographie est rare. L'identification proposée s'avère la plus probable même si la prudence reste de mise (source : Pierre-Yves Le Pogam, conservateur en chef du département des sculptures du musée du Louvre).
Propriété privée
Classé au titre objet
2017/05/12 : classé au titre objet
Arrêté de classement n° 020. Commission nationale des monuments historiques 27/06/2016. Commission départementale des objets mobiliers 26/05/2016.
Daussy, Stéphanie-Diane, A propos de trois têtes sculptées provenant de l'abbaye de Royallieu (Oise) (Premier quart du XIVe siècle)., Regards sur les dépôts lapidaires de la France du Nord, Actes publiés sous la direction de Delphine Hanquiez, CRAHM, Caen, 2011.
Anita Oger-Leurent (conservatrice des monuments historiques)
Dossier individuel