Groupe sculpté
Ensemble (groupe sculpté) de la Dormition de la Vierge
Occitanie ; Pyrénées-Orientales (66) ; Perpignan ; palais des rois de Majorque (citadelle)
66136
Anciennement région de : Languedoc-Roussillon
Palais des rois de Majorque (citadelle)
PA00104069
Sculpture
Bois : taillé, polychrome, doré ; toile ; coton ; soie ; argent ; verre
Bois sculpté, polychrome, doré et toile apprêtée, coton, soie, argent et verre.
Le groupe statuaire représentant la Dormition de la Vierge est composé de six statues mannequins en bois sculpté, toile marouflée et peinte, habillés de vêtements en brocarts et dentelles. La Vierge repose sur un lit faisant office de brancard de procession. Elle a les yeux clos, est vêtue d'une longue robe dans le style du milieu du 18e siècle en soie brochée à décor de branches fleuries avec galon doré et d'un voile bleu pâle. La tête est ceinte d'une toile de lin. Elle porte une couronne radiée, en argent repoussé ornée du monogramme de la Vierge AM, surmonté d'une croix et de la lettre S. La Vierge porte également une paire de bracelets en résille de fer attachée aux poignets et ses pieds sont chaussés de sandales sculptées et dorées (décor en sgraffito). Elle est entourée de cinq anges fixés autour du lit, quatre portan des instruments de musique (deux harpes, un violoncelle et une guitare) et l'un plus grand, placé à la tête avec un bouquet de fleurs blanches. Ils sont debout, vêtus de longues robes en taffetas de soie bleu et d'une cape de gaze. Des couronnes de papier doré sont posées sur leur chevelure faite de cheveux naturels blonds (une perruque manque). Ils portent des bracelets et des colliers de perles et de verroterie et des ailes de carton peint accrochées dans leur dos (manques). Les vêtements sont constitués d'un grand nombre de pièces indépendants fixés avec des épingles ou noués avec des liens, ce qui permet un habillage aisé.
Dimensions totales de la Dormition (lit avec brancard déplié) : h = 84 (h avec la Vierge = 100 ; h avec les anges = 141 cm) ; l = 260 ; la = 77. Dimensions de la Vierge : l = 166 (145 sans la couronne), la = 70 ; pr = 20. Dimensions des anges musiciens : h = 59,5 ; l = 45 ; pr = 10 env.
Inscription
A l'intérieur de la couronne figurent plusieurs poinçons du 18e s. : la lettre Q surmontée d'une fleur de lys (poinçon de la généralité de Perpignan), la lettre L couronnée (poinçon date alphabétique du corps des orfèvres) et le poinçon de maître, Paul Albar, orfèvre à Perpignan. Ces différents poinçons permettent de dater la couronne des années 1766 - 1767.A côté du poinçon de maître figure un autre poinçon de maître sensiblement différente. M. Ausseil pense qu'il s'agit d'un échec lors de la première application du poinçon de Paul ALBAR.
3e quart 18e siècle
1766-1767
La Dormition de la Vierge provient du château de Cuxous, situé sur la commune de Cassagnes (66). Elle était présentée dans une sorte d'oratoire prévu à cet effet. Le château était jusqu'en 2002 une propriété d'une personne privée, héritière par alliance du baron de Boixo. Le groupe de la Dormition appartenait à la famille de Boixo de Villaret de Joyeuse, qui aurait acheté ce château en 1850. Cet ensemble aurait été porté en procession pour les fêtes du 15 août. Le conseil général des Pyrénées-Orientales a acheté ce groupe sculpté lors de la vente aux enchères du 21/05/2003 à Paris. ce genre de groupe statuaire représentant la mort terreste de la Vierge est rare. On en connaît un autre exemple à Millas (qui fut exposée à l'Hospice d'Ille-sur-Têt) et une à Céret. Plusieurs éléments permettent de dater le groupe du 18e s. D'abord, le style de la robe en usage à partir du milieu du 18e siècle jusqu'à la Révolution (corset, manches...). Ensuite, les tissus des vêtements (robes de la Vierge et des Anges) sont datables de la même époque (en revanche, on note des rajouts du 19e s. : galon doré appliqué sur la robe de la Vierge, habillage du brancard notamment). La polychromie des pieds avec les sandales décorées de sgraffito est un autre élément datable du 18e s. Enfin les poinçons de la couronne que l'on peut dater précisément des années 1766-1767 confirment la datation, et au regard des autres éléments énumérés on peut supposer qu'il s'agit de la couronne d'origine. Cette couronne a été conçu par Paul ALBAR, orfèvre à Perpignan, baptisé le 23 novembre 1724, fils de Joseph et frère de Jean ALBAR (maître orfèvre à Perpignan également). Sa maîtrise est enregistrée au consulat de la ville le 3 décembre 1749. Dans un enquête datée de 1761, il est noté qu'il effectue son tour de France. Revenu peu après dans le Roussillon, il y est actif jusqu'au 11 décembre 1792, date de sa sépulture. Sont joints à cet ensemble, deux reliques du Voile de la Vierge, quelques médailles postérieures (Immaculée Conception, Rocamadour) et un scapulaire contenu dans une enveloppe adressée à la Révérente Mère Prieure des Carmélites d'Angoulême, avec cachet dela poste du 1er avril 1913 portant la mention manuscrite : scapulaire bleu qui ornait la statue de la Vierge dans la cellule de tante Célestine. On trouve également plusieurs livres religieux, un chemin de croix et des chapelets qui étaient présents dans l'oratoire de la Dormition. De même quelques bijoux ont été placés sous la Vierge dont l'un porte une date de mariage de 1833.
Propriété du département
Classé au titre objet
2012/06/15 : classé au titre objet
Bonneau Catherine, Massegu Séverine, Inventaire des églises et clochers des Pyrénées-Orientales, tome IIn conseil général des Pyrénées-Orientales, 2000 ; Aribaud, Christine, Soieries en Sacristie : fastes liturgiques XVIIe-XVIIIe siècles, Paris, Somogy, 1998 ; Ausseil, Louis, L'Orfèvrerie en Roussillon, Perpignan, conseil général, archives départementales, 1994 ; cat. de la vente Artcurial-Briest-Poulain-Le Fur-, Paris, 2003 ; Le Costume français, guide historique, Paris, Flammarion, 1996.
Dossier individuel