Tableau
Tableau : La Vierge remettant le Rosaire à sainte Catherine de Sienne et à saint Dominique, au dos d'une inscription dédiée à l'Etre suprême
Occitanie ; Pyrénées-Orientales (66) ; Rivesaltes ; église Saint-André
66164
Anciennement région de : Languedoc-Roussillon
Église Saint-André
Peinture
Papier : marouflé ; toile (support) : peinture à la détrempe
L'oeuvre est complexe : un papier peint représente la Vierge qui remet le rosaire à sainte Catherine de Sienne et à saint Dominique, entourés d'une nuée d'angelots. Ce papier a été marouflé sur une toile aux fils épais et au tissage serré. L'ensemble (papier et toile) a ensuite été découpé asymétriquement et cousu au revers d'une bannière révolutionnaire, lacunaire, qui présente un texte dédié à l'Etre Suprême. On peut reconstituer l'ensemble du texte ainsi : '[Qu'im]porte à l'Eterne [un po]mpeux sacrifice, [Un a]utel par le temps [tôt o]u tard abattu ? Ses temples sont aux lieux [où règne la justice, Ses temples sont les coeurs où règne la vertu].' Cette référence provient du 'Rapport fait au conseil d'administration de la société pour l'instruction élémentaire', par M. le duc de Doudeauville, au nom du comité des livres élémentaires, concernant un recueil de poésie intitulé 'Cantiques religieux et moraux composé de morceaux tirés des meilleurs auteurs, Boileau, La Fontaine... pièces de vers destinées à la jeunesse' (1819). Ce rapport est publié dans un ouvrage de M. Amoros, naturalisé Français, fondateur et directeur des gymnases du gouvernement français, intitulé 'Gymnase normal, militaire et civil, idée et état de cette institution au commencement de l'année 1821'. Pour masquer le changement de format, l'espace lacunaire autour du papier marouflé a été repeint. La bannière est constituée d'une toile fine, au tissage serré, couverte d'une peinture à la détrempe non-vernie. On remarque une courutre au centre. Elle est cloutée directement sur un cadre mouluré et doré. La plupart du cloutage a cédé. Le maintien a été renforcé par quatre pièces de bois, d'environ 34 cm chacune, cloutées aux angles des montants du cadre.
H hors cadre = 179 ; h avec cadre = 179.5 ; la hors cadre = 159 ; la avec cadre = 159.5
Des recherches ont permis d'identifier ces parties de vers conservées : le texte reprend des quatrains propres à célébrer le Créateur de l'univers : Tout annonce d'un Dieu l'éternelle existence, On ne peut le comprendre, on ne peut l'ignorer ; La voix de l'univers annonce sa puissance, et la voix de nos coeur dit qu'il faut l'adorer. Qu'importe à l'Eternel un pompeux sacrifice, Un autel par le temps tôt ou tard abattu ? Ses temples sont aux lieux où règne la justice, Ses temples sont les coeurs où règne la vertu. Cette référence provient du Rapport fait au conseil d'administration de la société pour l'instruction élémentaire par M. le duc de Doudeauville, au nom du comité dses livres élémentaires, concernant un recueil de poésie intitulé 'Cantiques religieux et moraux composé de morceaux tirés des meilleurs auteurs, Boileau, La Fontaine... pièces de vers destinées à la jeunesse ' (1819. Ce rapport est publié dans un ouvrage de M. Amoros, naturalisé Français, fondateur et directeur des gymnases du gouvernement français, intitulé Gymnase normal, militaire et civil, idée et état de cette institution au commencement de l'année 1821. Ces vers sont de Voltaire qui reprenait dans ses Stances LIV des quatrains de Pibrac : <I>stances ou quatrains pour tenir lieu de ceux de Pibrac, qui ont un peu vieilli</I>.
4e quart 18e siècle
Le papier marouflé (début 18e ?) semble antérieur à la bannière, qui date de la Terreur. Sans doute a-t-il été découpé directement dans un cadre complexe, à volutes. La bannière a ensuite été réemployée comme support de l'ensemble, une fois la Révolution passée. Les bannières dédiées au culte de l'Etre Suprême ont été majoritairement détruittes, à la fin de la Terreur, avec le retour aux pratiques religieuses traditionnelles. Il est en cela exceptionnel qu'une d'entre elles, même lacunaire, soit conservée dans l'église de Rivesaltes. Dans le cadre muséal, on pense aux bannières conservées au musée Carnavalet (Paris) et au Domaine de Vizille (Isère) : oeuvres éphémères, réalisées avec des matériaux simples, peu coûteux, visant à la glorification de la Révolution et à l'éducation des citoyens. L'intérêt de cette bannière provient plus de sa rareté et du caractère non pérenne de ses inscriptions que de sa qualité d'exécution. Il en reste quelques-unes au musée Carnavalet et au château de Vizille. Le mot 'Etre suprême' n'apparaît pas dans cette devise, mais que même s'il ne s'agit pas de l'Etre suprême stricto sensu mentionné dans les quelques mois de 1794, s'il s'agit de quelque chose de connexe un peu plus tard, ou un peu plus tôt, c'est un témoignage historiques rare et qui à ce titre est précieux. Aucun élément daté n'apparaît sur la bannière. On sait seulement qu'en Roussillon les religions de la Terreur, les décadies etc, sont très vite tombées en désuétude. Avoir peint un tel décor ne peut avoir eu lieu qu'au moment de l'interdiction du culte catholique car les Roussillonnais étaient extrêmement attachés à leur religion. Ce genre de culte officiel républicain était destiné à une ultra-minorité de gens. Le texte semble à portée religieuse ; le fond montre les trois couleurs : on a l'association du religieux et du patriotique. Le Roussillon est un pays tèrs catholique, et ce genre de manifestation cultuelle est lié surtout à la guerre franco-espagnole. Les troupes qui font la guerre dans les années 1793-1794 sont des révolutionnaires, des montagnards et peut-être y-a-t-il eu là de grandes cérémonies, dans les camps militaires ou à Perpignan mais sans doute pas à Rivesaltes.
Propriété de la commune
Classé au titre objet
2015/09/14 : classé au titre objet
Fiche d'oeuvre établie par Laetitia Desvoix et Jean-Bernard Mathon en 2011.
Dossier individuel