Tableau
Tableau : Le Martyre de Saint Etienne
Île-de-France ; Seine-et-Marne (77) ; Brie-Comte-Robert ; église Saint-Etienne
77053
Brie-Comte-Robert
Église Saint-Etienne
PA00086836
Maître-autel
Peinture
Toile (support)
Martyre de saint Etienne
Représentation du martyre, on retrouve les faits évoqués dans le chapitre VII des Actes des Apôtres : le diacre conduit au supplice a une vision céleste, les Juifs se bouchent les oreilles, les bourreaux, pierres à la main, prêts à le lapider tandis que des anges apportent déjà au saint diacre la couronne du martyre. La scène du tableau représente deux actions simultanées : le jugement du Sanhédrin, tribunal des juifs, condamnant le diacre Etienne et le livrant à la vindicte populaire et, parallèlement, le début de son exécution par lapidation. L'iconographie traditionnelle représente Etienne vêtu de la dalmatique, portant l'Evangéliaire et une des pierres de son supplice.
H = 300 h ; la = 250
Signature ; date
Signature et dates au crayon au revers : 'Berthelet Fernand 1877-1927'.
1ère moitié 19e siècle
Anciennement, sur la foi d'une inscription placée au bas du tableau, cette toile était attribuée au peintre Despeigne et elle était datée de 1723, elle aurait été donnée la même année par le chevalier d'Agoty, peintre de la Cour et de Madame. Or, à l'occasion de la dépose du tableau (2014) des essais de lecture en lumière rasante ou avec une lampe ultra-violet n'ont rien révélé venant confirmer cette donnée. Outre les incohérences de datations sur le peintre Despeigne et de l'identité du Chevalier D'Agonty, stylistiquement, le tableau actuel se rattache au style académique propre à la fin du XVIIIe siècle et au début du XIXe siècle et n'a donc pas pu être réalisé en 1723. Cette mention, que l'on retrouve pour la première fois dans l'ouvrage du baron Fernand de Guilhermy 'Inscriptions de la France' publié en 1879, fait certainement référence à une oeuvre aujourd'hui disparue. Suite au travail de recherche de Jérôme Aymard et Daniel Dumont, ce tableau est une copie d'un tableau attribué au peintre académique Abel de Pujol. L'oeuvre de Pujol s'inscrit dans une longue lignée de représentations traditionnelles, dont elle se démarque cependant par quelques hardiesses d'interprétation. Alexandre-Denis Abel de Pujol, né en 1785, fut inscrit dès 1799 à l'Académie de Valenciennes où il révéla rapidement un talent exceptionnel. En 1803-1804, il entrait parallèlement à l'Ecole des Beaux-Arts de Paris et dans l'atelier de Jacques-Louis David, alors au faîte de sa gloire. Récompensé d'une première médaille en 1806, il tenta plusieurs fois le Prix de Rome et l'obtint finalement en 1811 avec son 'Lycurgue présentant aux Lacédémoniens l'héritier du trône de Sparte'. Un court séjour romain puis le retour à Paris le consacrèrent comme peintre de renom. Louis XVIII le récompensa ainsi pour sa 'Mort de Britannicus' en 1814. Dès lors, ce fut une carrière de peintre de commande qui s'ouvrit à lui. Couronné d'honneurs mais déjà un peu oublié, il mourut sous le Second Empire en 1861. Au Salon de 1817, le jeune peintre présenta une toile qui lui avait été commandée par le Préfet de la Seine, Gaspard de Chabrol de Volvic, pour l'église Saint-Etienne-du-Mont. Le sujet en était la lapidation de saint Etienne, oeuvre de grande dimension (4,65 m x 6, 58 m), elle fut récompensée de la Médaille d'or et remporta un vif succès public, ce qu'exprima avec enthousiasme le critique Gault de Saint-Germain (1752-1842). Cette composition qui montre Etienne prêchant marque une filiation avec ses grands prédécesseurs, Le Sueur et Vien, et s'inscrit dans une tradition soutenue par l'Académie des Beaux-Arts. Lorsque le tableau fut réexposé en 1855, le peintre et critique Delescluze (1781-1863) le salua comme l'un des témoignages de l'académisme de David. L'oeuvre connut une belle pérennité. Plusieurs églises furent dotées de copies du tableau : en 1823, on en signale une (aujourd'hui disparue) dans la petite église vendéenne de Saint-Etienne-de-Corcoué (Loire-Atlantique), une autre peut toujours se voir dans l'église Saint-Etienne de Cheverny (Loir-et-Cher) et une troisième dans l'église Saint-Etienne de Brie-Comte-Robert. Le tableau fut également tiré en tapisserie par la Manufacture d'Aubusson en 1824. Exposé un temps au Palais du Luxembourg, le tableau original rejoignit ensuite l'église Saint-Etienne-du-Mont à laquelle il était destiné. En 1880, dans le cadre du réaménagement des églises parisiennes dévastées par la commune, le tableau fut transféré à Saint-Thomas-d'Aquin (VIIe arrondissement), où il se trouve toujours. La copie du tableau de Brie-Comte-Robert fut probablement installée entre 1817 et 1880, sans doute avant 1850, date de la dernière visite du baron de Guilhermy à Brie où ses notes précisent qu'au retable [se trouve] une copie de saint Etienne peint par Abel de Pujols qui se voit à Paris dans l'église Saint-Etienne-du-Mont'. Il est possible d'inscrire l'installation de ce tableau dans le programme de restauration et de décoration intérieures de l'église par l'abbé Petit durant près de quarante ans. Disposant des fonds de la fabrique et d'une fortune personnelle confortable, Charles Félix Petit, curé-doyen de Brie-Comte-Robert de 1836 à 1876 consacra beaucoup d'argent à réaménager l'église dont il avait la charge.
Propriété privée
Classé au titre objet
1905/12/05 : classé au titre objet
Ce tableau a été classé comme une oeuvre du peintre Despeigne et daté de 1723.
Aymard Jérôme, Dumont Daniel, 'A propos du tableau du maître-autel de l'église Saint-Etienne de Brie-Comte-Robert', Phacip (Publications Historiques et Archéologiques du centre d'Interprétation du Patrimoine de Brie-Comte-Robert), juin 2014 n°5, Les Amis du Vieux Château, pp. 18 - 37.
Aymard, Jérôme ; Dumont, Daniel
Dossier individuel