Tableau
Tableau : Acis et Galatée
Île-de-France ; Seine-et-Marne (77) ; Fontainebleau ; hôtel de ville
77186
Fontainebleau
Hôtel de ville
Peinture
Toile (support) : peinture à l'huile
Huile sur toile avec une préparation rouge rosée du 18e siècle, châssis à clés toile de rentoilage et cadre sont du 19e siècle , sans doute contemporains l'un de l'autre. L'incrustation de toile carrée au dos, qui correspond à un ancien accident important sur la face, semble un travail du 20e siècle et relève sans doute de l'intervention "Frolich" citée ci-dessous, en avril 1946.
Acis ; Galatée
H = 90, l = 121 (sans cadre) ; h = 102, l = 133 (avec cadre)
Cachet ; inscription ; numéro d'inventaire
Numéro d'inventaire (sur étiquette).
4e quart 17e siècle
1680
Toile datée d'avant 1680. L'origine de la présence de cette toile dans les collections de la ville de Fontainebleau n'est pas connue. Les recherches entreprises aux archives municipales ont donné un élément de chronologie qui, étant donné le silence total qui entoure la vie de cette toile, est à signaler. Le registre des mandats de l'année 1946 signale, au n° 386, le versement de 400 F à un certain "Ch. Frolich" pour la restauration d'"un tableau Eva Braun". Cette précieuse et unique mention contredirait donc l'hypothèse avancée par D. Brême dans le catalogue "1704", mais elle ne nous dit toujours pas le cheminement entre Münich et Fontainebleau. D'autre part, la toile ne provient pas non plus du château (hypothèse que donnait Cl. Gustin-Gomez dans son catalogue raisonné), et où Charles de la Fosse n'a d'ailleurs pas exercé son talent. Seul est relevé son passage en ce lieu en 1716, mention aimablement communiquée par monsieur V. Droguet. Le double cachet, au dos de l'oeuvre - directement sur la toile et au dos du cadre - du nom et de l'adresse d'Eva Braun, à Munich, en 1936, est paradoxalement la seule donnée historique précise et vérifiée de l'histoire de l'oeuvre. Malgré les recherches récentes de D. Brême à l'occasion de l'exposition du tableau au musée de Sceaux (2012), personne n'a pu élucider jusqu'à présent comment cette toile est arrivée à Munich, et encore moins comment elle réintégra la France après la guerre, et plus précisément la mairie de Fontainebleau (pour l'hypothèse avancée par D. Brême, voir le catalogue de l'exposition du musée de Sceaux). Autant le parcours de la version sur le même sujet, conservée à Madrid (Prado) est parfaitement documenté, autant la nôtre échappe à toute réelle localisation avant la deuxième guerre. Il est néanmoins possible de situer sa création, stylistiquement et par recoupement avec certaines étapes de la carrière de Ch. De La Fosse, dans les années 1680-1690. Puis, on sait qu'une toile consacrée à ce sujet est repérée sur le marché de l'art allemand- à Hambourg en 1784 puis en 1790. Son format en vertical laisse cependant penser qu'il s'agirait de la version du Prado ou d'une de ses répliques. Le dessin de Stockholm, de toute évidence lié à la gestation de l'oeuvre, laisse bien voir que le projet s'intégrait à un ensemble décoratif dans la sphère d'une demeure privée, la scène devant se situer en pendentif ou en corniche. Sans doute s'agit-il des ébauches pour le décor du château de Meudon appartenant à Louvois, dont l'aménagement date des années 1680, décor cité dans l'inventaire de ce lieu en 1689 (Grouchy, Mémoires de la Société (…) 1893, p. 178). En outre, une tenture de sept pièces, consacrée aux "Métamorphoses d'Ovide", fut tissée à la manufacture des Gobelins et livrée au roi avant 1680. La pièce consacrée à la scène d'Acis, Galatée et Polyphème, est directement traduite d'après les recherches de composition de Ch. De la Fosse : cette réalisation constitue donc l'"ante quem" des toiles de Madrid et Fontainebleau. Un exemplaire de cette suite est aujourd'hui conservé au Rijksmuseum d'Amsterdam (cf. : VITTET J., La collection de tapisseries de Louis XIV, A. Brejon de Lavergnée p. 204 fig. 165). A propos de la localisation pendant la guerre, il est permis de se demander pourquoi l'adresse - correcte - d'E. Braun à Münich, a été rayée. L'oeuvre n'est pas visible dans les clichés de l'intérieur de cette demeure lors de son occupation par les américains, dès l'été 1947 les moindres objets de décor et d'équipement portaient exactement le même timbre (jusqu'aux cintres des armoires par exemple…) : l'oeuvre aurait-elle suivi Eva Braun au Berghof, à Berchtesgaden, où elle accompagna la plupart du temps Hitler par la suite, et dont elle était devenue la vraie "maîtresse de maison"? A Fontainebleau, la toile est expertisée par Me Ozenat, en 1984, avec une valeur financière conséquente (110.000F) - la plus élevée de la collection, mis à part un splendide bureau d'époque Louis XV-, mais mal attribuée : "école italienne du 18e siècle, Renaud détourné par Armide" puis elle est répertoriée par E. Cornetto - mon prédécesseur-, dans le cadre de l'inventaire des biens meubles de la Ville, en 1995. J'ai retrouvé par ailleurs, de sa main, une demande de photocopie couleur à partir de la photographie de cet inventaire, adressée au photographe, avec la mention "demander avis à un conservateur" : elle avait bien l'intuition d'être devant quelque chose d'intéressant. Elle remarque aussi le cachet d'E. Braun, au dos, et ajoute: "prise de guerre?", mais sa question resta sans suite, n'étant pas portée alors par le même contexte d'intérêt et d'engouement que nous connaissons aujourd'hui pour la restitution des saisies de cette triste période.
Propriété de la commune
Inscrit au titre objet
2015/09/21 : inscrit au titre objet
Base des objets mobiliers de la conservation des antiquités et objets d'art de Seine-et-Marne, 2019 : référence 77AOA5481 (Domitille Cès).
Dossier individuel