Tableau ; cadre
Tableau et son cadre : Jésus-Christ et les petits enfants
Île-de-France ; Seine-et-Marne (77) ; Varennes-sur-Seine ; église Saint-Lambert
77482
Montereau-Fault-Yonne
Église Saint-Lambert
PA00087305
Mur ouest, au dessus des fonts baptismaux
Peinture
Toile (support) : peinture à l'huile ; bois (cadre)
Le cadre repeint en faux bois était anciennement doré et est sans doute celui d’origine.
Christ
Ce tableau, exposé au Salon de 1857, tire son iconographie des trois évangiles synoptiques : Matthieu 19:13-15 : "Alors des gens lui amenèrent des petits enfants afin qu'il pose les mains sur eux et prie pour eux. Mais les disciples leur firent des reproches." Jésus dit : "Laissez les petits enfants, ne les empêchez pas de venir à moi, car le royaume des cieux est pour ceux qui leur ressemblent." Il posa les mains sur eux et partit de là." Luc 18: 15-17 : "Des gens amenèrent à Jésus même des bébés pour qu'il pose les mains sur eux. En voyant cela, les disciples leur firent des reproches. Mais Jésus fit approcher les enfants et dit : "Laissez les enfants venir à moi ! Ne les en empêchez pas, car le Royaume de Dieu appartient à ceux qui sont comme eux. Je vous le déclare, c'est la vérité : celui qui ne reçoit pas le Royaume de Dieu comme un enfant ne pourra jamais y entrer"." Marc 10: 13-16 : "Des gens lui amenaient des petits enfants afin qu'il les touche, mais les disciples leur firent des reproches. Voyant cela, Jésus fut indigné et leur dit : "Laissez les petits enfants venir à moi et ne les en empêchez pas, car le royaume de Dieu est pour ceux qui leur ressemblent. Je vous le dis en vérité : celui qui n’accueille pas le royaume de Dieu comme un petit enfant n'y entrera pas." Puis il les prit dans ses bras et les bénit en posant les mains sur eux." Norblin est extrêmement respectueux du texte biblique. Il bâtit sa composition sur les deux groupes opposés, tant physiquement qu’intellectuellement, des disciples disposés sur et autour d’une estrade en un groupe compact à droite et celui des femmes et des enfants à gauche. Jésus, au centre de la scène, forme un lien tout autant physique qu’idéologique entre ces groupes ; il est accoudé presque nonchalamment, enseignant aux apôtres de sa main gauche à l’index tendu et bénissant les enfants de la dextre. Une bande médiane inclut les mères et leur progéniture, le Christ et deux des apôtres devant le praticable, ces derniers étant disposés sur une diagonale montante gauche droite qui part de saint Pierre (?) assis par terre, se poursuit par saint Jean et s’achève avec le disciple portant un manteau bleu debout sur l’estrade devant trois de ses compagnons. Cette disposition n’est pas sans rappeler l’organisation de certains groupes de personnages de L’École d’Athènes de Raphaël ou de L’Apothéose d’Homère d’Ingres auquel la façade de temple antique visible en arrière-plan du tableau de Norblin semble rendre hommage. Ce décor qui mélange Antiquité, portique palladien et maisons italiennes contemporaines de l’artiste est dominé à senestre par une haute tour carrée, plutôt médiévale, dont la masse verticale forme contrepoids au groupe resserré et quelque peu hiératique des apôtres. La petite foule formée par les quatre femmes et leurs enfants, plus désordonnée, semble très circonspecte, une des mères debout regardant avec crainte, désapprobation et peut-être un peu de défi, les compagnons de Jésus. La gamme colorée, tout à fait ingresque dans l’opposition des couleurs très vives des manteaux des disciples et beaucoup plus pastel et douce pour les familles, exprime la dureté protectrice des apôtres pour le Fils face à l’Innocence donnant accès au royaume du Père. Le blanc de la robe de la femme agenouillée à gauche et celui du manteau de Jean encadrent et font ressortir la figure centrale de Jésus, impression renforcée par la diagonale qui relie les trois personnages. L’originalité de cette iconographie réside dans la désapprobation marquée, très fidèle au texte biblique, des apôtres et dans la présence, pas si fréquente, de nombreuses mères dont la façon de tenir leurs enfants rappelle également l’intimité souvent représentée de Marie et de son fils.
Avec cadre : h = 95, la = 117 ; sans cadre : h = 76, la = 99
Gondolement léger de la toile dans le tiers inférieur. Verni jauni et encrassé.
Signature ; date
Daté et signé en bas à gauche, peinture rouge-orangé : norblin 1856.
3e quart 19e siècle
1856
Sébastien-Louis-Wilhelm Norblin, plus connu sous le surnom de Sobeck, est né à Varsovie le 24 février 1796 et mort à Paris le 18 août 1884 à près de quatre-vingt-dix ans. Il est le fils du second mariage de Jean-Pierre Norblin de la Gourdaine (1745-1830), peintre français né à Misy-Fault-Yonne (Seine-et-Marne) et qui fit la plupart de sa carrière en Pologne où il vécut trente ans. Sébastien fit ses classes dans les ateliers de Jean-Baptiste Regnault et de Merry-Joseph Blondel et se présenta avec assiduité au concours du prix de Rome de 1816 à 1825, sa ténacité trouvant sa récompense avec un premier grand prix cette dernière année. Il demeura en Italie de 1826 à 1832. Ses premières expositions eurent visiblement lieu dans les salons du nord de la France : Douai (1819, 1821, 1823, 1825 et 1833), Lille (1822 et 1825), Arras (1833) et Boulogne-sur-Mer (1847) ; il y est récompensé de quatre médailles d’argent, à Douai en 1819, 1823 et 1825 et à Lille en 1822. Ses présentations étaient alors essentiellement des sujets antiques liés à son travail aux Beaux-Arts où il tentait depuis 1816 d’obtenir le premier grand prix. À Douai, en 1823, il exposa pour la première fois deux sujets religieux : Une tête de Vierge (n° 393) et Une madone (n° 394). Il commença à exposer au Salon de Paris en 1827 et y présenta régulièrement des œuvres en 1833, 1834, 1836, 1839, 1841, 1842, 1844, 1846, 1847, 1848, 1849, 1850, 1857, 1859, 1861, 1863, 1874 et 1876. Très rapidement, Norblin se tourna vers la peinture religieuse qui va devenir, sans abandonner totalement l’Antiquité, son thème de prédilection. Il va essentiellement s’intéresser au Nouveau Testament présentant une Sainte Famille au Salon de 1833 qu’il exposa aussi à Douai (n° 388) et Arras (n° 263) la même année. La vie du Christ retint surtout son attention avec Jésus-Christ guérissant le paralytique dans la piscine de Bethsaïda (Salon de 1839), Jésus au jardin des Oliviers (Salon de 1841), le présent Jésus-Christ et les petits enfants (Salon de 1857), Jésus donnant à saint Pierre les clefs du paradis (chapelle des catéchismes de l’église des Blancs-Manteaux à Paris) et La décollation de saint Jean (Salon de 1850). Il se consacra également à la vie des saints avec la Vision de saint Luc (Salon de 1836 ; sans doute le tableau conservé dans la cathédrale Notre-Dame du Havre), Saint Paul à Athènes (Salon de 1844, attribué la même année à la collégiale de Mantes-la-Jolie où elle se trouve toujours - MH 28/03/1979) et Saint Paul convertissant Lydie (Salon de 1861 ; attribué la même année dans l’église Saint-Paul de Beaucaire dans le Gard où elle se trouve toujours), un Saint Pierre daté de 1846 conservé dans l’église Saint-Cassien de Savigny-lès-Beaune (MH 14/10/1988), le Martyre de saint Laurent (Salon de 1848 ; attribué à l’église de Saint-Mamet-La-Salvetat dans le Cantal où il toujours exposé – MH 22/07/1983), Sainte Suzanne en prière est protégée par un ange contre Maximilien son fils et L’Impératrice Sereine vient dans la nuit couvrir d’un voile le corps de sainte Suzanne, mise à mort par l’ordre de Dioclétien (Salon de 1859). Norblin décore également plusieurs églises parisiennes : la chapelle de la Compassion de l’église Saint-Roch, celle de la chapelle des Catéchismes de l’église Saint-Jacques-du-Haut-Pas ainsi que deux chapelles latérales de l’église Saint-Louis-en-l’Île.
Propriété de la commune
Classé au titre objet
2022/07/18 : classé au titre objet
Commission régionale du patrimoine et de l'architecture du 11/04/2019. 2019/07/16 : inscrit au titre objet. Commission nationale du patrimoine et de l'architecture du 17/02/2022. Arrêté n°8.
Données extraites de la base Ariane 77 du Conseil Général de Seine-et-Marne et mises à jour le 01/04/2019 (réf 77AOA5593). Auteur de la fiche : Thierry Zimmer, conservateur général du patrimoine. © département de Seine-et-Marne Renseignements : Conservation des Antiquités et Objets d’Art.
Dossier individuel