Voiture automobile
Dite Antoinette
Voiture automobile : Panhard et Levassor (Antoinette) de l'abbé Jules Gavois
Hauts-de-France ; Somme (80) ; Amiens
80021
Anciennement région de : Picardie
Amiens
Patrimoine automobile
Automobile Panhard et Levassor modèle P2D, portant le numéro de constructeur 77. D'un point de vue technique, il s'agit bien davantage d'une voiture sans chevaux que d'une automobile. Comme sur un véhicule hippomobile, le diamètre des roues arrière est plus grand que celui des roues avant. L'éclairage est en option et le poste de pilotage réduit à sa plus simple expression, sans aucune indication quant à la vitesse, ni à la température de l'eau de refroidissement du moteur. La marche arrière n'est pas prévue. Le démarrage de la voiture est assuré par le chauffeur en allumant deux becs à essence prolongés par des tubes à incandescence en platine qui conduisent la chaleur à l'intérieur du cylindre et provoquent l'explosion, technique délicate qu'il convient de bien maîtriser pour éviter tout incendie. La direction est effectuée, non par un volant mais par une tige en bois orientale, surnommée queue de vache. Le freinage est assuré par des patins en bois actionnés par câbles. Le moteur, situé à l'avant, entraîne l'essieu arrière par le biais d'une chaîne. La voiture est équipée d'un moteur Daimler à deux cylindres en V qui tourne très lentement (750 tours/minute). En ordre de marche, elle ne pèse que 650 kilos, ce qui est peu par rapport aux véhicules hippomobiles contemporains. Sa vitesse de pointe est de 12 km/h.
Pds = 650 kg
Gavois Jules (propriétaire)
Lieu d'exécution : Ile-de-France, 75, Paris
Oeuvre de série
4e quart 19e siècle
1891
Cette automobile a appartenu durant près de trente années, de 1895 à 1930, à Jules Gavois (Hangest-sur-Somme, 1863 ; Allery, 1946), un ecclésiastique lointain descendant du général Cambronne. Le véhicule est sorti d'usine le 4 décembre 1891. Dans les archives ont été retrouvées la facture d'achat et l'identité de son premier acquéreur, Emmanuel Buxterf, un industriel de Troyes spécialisé dans la production de métiers à tisser, attiré par l'automobile naissante. En 1895, Emmanuel Buxterf vend son véhicule à l'abbé Gavois qui va le conserver jusqu'en 1928. L'abbé, lui aussi féru de mécanique, surnomme familièrement sa voiture Antoinette. Son manque d'argent endémique ne lui fera pratiquer que des interventions minimalistes, ce qui a pour effet que cette Panhard et Levassor P2P se trouve, aujourd'hui, très proche de son état d'origine. Sa vitesse de pointe est de 12 km/h, performance honorable pour l'époque mais qui sera bien vite dépassée par les modèles de nouvelle génération. Vingt ans après sa sortie d'usine, en 1911, la voiture remporte le concours des ancêtres organisé par le journal l'Auto et défile sur les Champs-Elysées à Paris. Dix ans plus tard, les trente ans d'Antoinette sont célébrés lors d'un rallye où l'antique Panhard et Levassor rejoint d'autres ancêtres dans la région de Saint-Germain-en-Laye. La journée se termine par le baptême de l'air offert à l'abbé Gavois par l'aviateur Charles Nungesser. En 1928, l'ecclésiastique fait don de sa voiture à l'Automobile-club de Picardie en échange d'une quête pour ses bonnes oeuvres. Antoinette est exposée à partir de 1931, dans le hall de la Chambre de commerce et d'industrie d'Amiens. L'image de cette longévité a été exploitée par Panhard et Levassor, firme dominante du marché français du début du XXe siècle et grande exportatrice à l'étranger. Elle fera éditer une affiche à caractère promotionnel illustrée par l'abbé Gavois juché sur son Antoinette. Preuve de sa solidité, le propriétaire, au cours des trois décennies où il l'utilisera, n'aura à changer que la chaîne de transmission et les cerclages de fer des roues en bois ce qui montre combien la construction automobile de l'époque, proche des pratiques de la construction hippomobile, était remarquable de simplicité et de robustesse. (Source : Richard Keller). Panhard et Levassor est la doyenne des firmes françaises. Cette voiture cumule la rareté d'avoir été construite en 1891, d'être une des toutes premières voitures sorties en série et donc d'apparaître comme un incunable de l'histoire de l'automobile française. Elle a été, d'autre part, produite par une marque française pionnière, aujourd'hui disparue : Panhard et Levassor. Cette voiture n'a connu aucune modification fondamentale, jamais accidentée, elle représente un jalon essentiel dans la connaissance et l'illustration du patrimoine technique tant national qu'international. L'histoire d'Antoinette est indissociable de l'abbé Gavois, son second propriétaire. Elle est riche d'une passionnante expérience humaine, celle d'un curé de campagne, petit-cousin du général Cambronne, passionné de mécanique, excellant à entretenir lui-même cette automobile qui le menait sur les chemins de son ministère. Il en avait une connaissance intime grâce au démontage régulier et méthodique qu'il entreprenait de ses différentes pièces. L'abbé Gavois était parfaitement conscient du caractère exceptionnel de sa voiture et c'est la gloire de celle-ci, et non la sienne, qu'il la fit concourir en 1911 pour le titre, qu'elle remporta, de l'Ancêtre, organisé par le quotidien l'Auto. C'est pour cette même raison qu'il la céda à l'Automobile-club de Picardie car il souhaitait que sa voiture puisse rester en France et même, si possible, dans la Somme. Ce véhicule est non seulement un monument automobile mais aussi un monument d'automobilisme. A notre époque où beaucoup d'historiens se penchent sur ce phénomène qui a conditionné certains aspects du XXe siècle, y compris dans l'urbanisme, cette voiture est celle par laquelle on a appréhendé ce qu'était l'automobilisme. La personnalité de son propriétaire, la façon dont il a, non seulement entretenu, mais aussi présenté et promu son automobile, est tout aussi exemplaire que le véhicule en lui-même. Antoinette est une des voitures les plus célèbres au monde. (Source : Rodolphe Rapetti). La collection du musée de Mulhouse possède un exemplaire plus jeune d'un an, un autre en dépôt, celui de la famille Panhard et un troisième, d'un type ultérieur. Le musée de Châtellerault possède également une Panhard et Levassor de cette époque ainsi qu'un musée à Dresde (Allemagne). Certificat de construction délivré à Paris, le 28 août 1900, par le directeur de la société Panhard et Levassor : Je soussigné Directeur de la Société Anonyme des Anciens Etablissements Panhard et Levassor, dont le siège est à Paris, 19, Avenue d'Ivry, certifie que la voiture dont le moteur Daimler porte le n° 77 et que possède actuellement M. l'Abbé Gavois, demeurant à Belloy-St-Léonard, est sortie de nos ateliers le 4 décembre 1891 et qu'à cette époque la construction de ce véhicule ne comportait pas de marche arrière et que néanmoins le Service des Mines en a autorisé la circulation sur les voies publiques. La voiture est exposée à partir du 7 décembre 1931 dans le hall d'entrée de la Chambre de Commerce d'Amiens, mis à la disposition du Club Automobile de Picardie (source : L'installation officielle de l'Ancêtre, L'Automobile du pays picard, décembre 1931).
Propriété d'une association
Classé au titre objet
2013/03/28 : classé au titre objet
Arrêté n° 016. Propriété de l'association Automobile-club de Picardie.
Dossier individuel