Moteur à gaz chaud
Centrale électrique composée d'un moteur à explosion monocylindrique ; d'une dynamo ; des deux tableaux de contrôles et des bacs en verre subsistants des anciennes batteries
Nouvelle-Aquitaine ; Vienne (86) ; Les Ormes ; château des Ormes
86183
Anciennement région de : Poitou-Charentes
Dangé-Saint-Romain
Château des Ormes
PA00105572 ; IA86000547
Dans l'ancien logement du gardien du château, à gauche de la cour, devant le pavillon en retour de l'aile d'Argenson.
Électricité
Cette centrale électrique est formée de quatre composants : un moteur fixe à explosion servant à l'entraînement de la génératrice ; une génératrice d'électricité ; la salle des batteries : celles-ci ont quasiment disparues mais on trouve dans le local un stock d'ampoules conservées dans leurs caisses d'origine ; deux tableaux de commande avec leurs câblages. La centrale est conçue pour délivrer un régime de 110/160 volts/44 ampères à 1275 tours/minute. Elle peut aussi fonctionner comme un moteur à explosion auquel elle est asservie. Le moteur : il s'agit d'un engin monocylindrique à quatre temps fonctionnant selon le cycle Beau de Rochas : 1er temps : aspiration des gaz ; 2e temps : compression ; 3e temps : explosion ; 4e temps : échappement. Sur le côté droit du moteur, une excentricité combinée avec un arbre à cames active la bougie d'allumage en fonction du cycle. Le mouvement alternatif de l'unique cylindre est transformé en mouvement rotatif par l'intermédiaire d'un grand volant qui actionne la génératrice par le biais d'une courroie. Le courant était stocké dans des batteries qui étaient rechargées en temps voulu et à la demande par la dynamo entraînée par le moteur fixe. Les tableaux de commande : il en existe deux : un tableau de commande principal et un tableau de commande auxiliaire muni de lapes-témoins. Le tableau de commande principal est posé sur une plaque de marbre, isolant classique de l'époque. Il comprend les appareils de mesure et de contrôle indispensables : cadrans voltmètre / ampèremètre pour la dynamo et la batterie, volant central qui permet de régler le régime de la génératrice par action sur la tension et disjoncteurs - sectionneurs à lames et réarmement manuel placés de part et d'autre du volant. Dans le bas du tableau se trouvent deux interrupteurs à commande manuelle. Le tableau auxiliaire est monté sur une planche de bois. Il porte des lampes dont chacune correspond à une pièce du château. Ce tableau permettait à l'opérateur de con
En état de marche ; manque
Il manque les batteries, le générateur.
Inscription concernant le fabricant
Inscription concernant le fabricant (plaque sur le moteur) : Stockport-Gasmotor / Prêcheur, Sumner et compagnie - Mülhausen.
Lieu d'exécution : Alsace, 68, Mulhouse
1er quart 20e siècle
1905
Il s'agit de la première installation électrique du château des Ormes réalisée à Mulhouse par les établissements Prêcheur-Summer et Cie, livrée par la Compagnie internationale d'électricité établie rue Lafayette à Paris et mise en oeuvre par Charles Caillaud, ingénieur constructeur à Poitiers. Elle a été installée dans la chambre du portier, précédée d'un escalier menant au comble mansardé et d'un ancien cabinet faisant office d'annexe à l'installation. Le château des Ormes a été construit par les frères Pussort, parents de Colbert, vers 1642. Dans le courant du XVIIIe siècle, la partie centrale est démolie. Plusieurs fois reconstruite, jusqu'en 1904-1908 par l'architecte Coulomb. Le château avait été acquis en 1729 par le marquis Marc-Pierre de Voyer d'Argenson (1696-1764), chancelier de Philippe d'Orléans, régent de France, puis ministre de Louis XV et ami des philosophes. La famille d'Argenson est restée propriétaire du château jusqu'en 1978. Dans l'ancien logement du gardien, construit en 1825, est installée depuis le début du XXe siècle une centrale électrique destinée à l'éclairage du château. La date d'installation de cette centrale n'est pas certaine car les archives de la famille d'Argenson sont muettes sur ce point, mais on peut la situer autour de 1905. A l'époque où les campagnes s'éclairent, au mieux, à la lampe à pétrole, au pire, à la bougie, la volonté de la famille d'Argenson d'installer cette centrale électrique montre non seulement son soucie suivre la pointe de la modernité, mais aussi de s'offrir un gadget pour personnes fortunées. De même qu'est mal connue la période de sa mise en service, l'époque où elle a arrêté de fonctionner est tout aussi difficile à dater de manière précise : on peut estimer que ce fait a dû intervenir au plus tard durant la seconde moitié des années 1950, lors du développement des réseaux d'électrification collective. Le moteur à explosion : La plaque fixée sur le moteur donne des indications sur sa provenance. Il s'agit d'un moteur de type Stockport-Gasmotor. On peut noter que l'époque de l'installation de ce groupe-moteur au château des Ormes correspond sensiblement à la période de rachat des moteurs Andrew par Richard Hornsby. Il semble que ce moteur était conçu à l'origine pour fonctionner au gaz et le carburant devait lui être fourni (on trouve des traces du raccordement) par une chaudière à gazogène productrice de gaz pauvre résultant de la combustion de morceaux de bois ou de charbon. Malheureusement le générateur a disparu dès les années 1920 semble-t-il, et le moteur a été alimenté par un carburateur à flotteur en bronze, relié à un réservoir d'essence posé sur une étagère. La génératrice d'électricité : contemporaine du moteur, elle a été construite, tout comme l'ensemble de l'appareillage électrique, par la Compagnie internationale d'électricité dont le siège français se trouvait à Paris, 141 rue Lafayette. Cette compagnie a été fondée en 1889 par Henri Pieper (1841-1898), sujet belge d'origine allemande installé à Verviers puis à Liège, et son fils, Henri Pieper (1876-1952). Henri Pieper père fonde en 1866 une manufacture d'armes. Son entreprise acquiert très rapidement une excellente réputation dans le domaine de la mécanique de précision. Mais Henri Piepper, industriel énergique et imaginatif, ne va pas en rester là : en 1889, il fonde avec son fils la Compagnie internationale d'électricité qui va se spécialiser dans la fabrication des moteurs et d'équipements électriques. Une de ses premières réalisations consiste en une dynamo montée sur une locomotive à vapeur et destinée à éclairer les voitures de luxe des chemins de fer belges et de la Compagnie internationale des wagons-lits. En 1892, la firme Pieper fournit l'équipement électrique des tramways de Liège, premier réseau de tramways électriques de Belgique. La Compagnie fournit également, grâce à ses dynamos, l'énergie nécessaire à l'éclairage des halles et au f onctionnement des machines présentées à l'Exposition Internationale de Liège en 1905. Les batteries : elles étaient stockées dans une petite pièce attenante au local de la centrale électrique. Composées de grands bacs de verre contenant de l'acide sulfurique, elles étaient posées sur des châssis en bois munis de piétements sur lesquels étaient fixés une petite plaque émaillée portant un numéro correspondant à chaque groupe d'accumulateur. Ces batteries appartenaient au système Peyrusson avec une anode constituée par une série de feuilles de plomb pur ou antimonié et une cathode formée de cylindres de plomb cannelés et fendus pour permettre l'action de l'électrolyse sur les deux faces de la feuille. L'ensemble reposait dans un bac en verre, comme il était d'usage à cette époque. Au château des Ormes, elles ont toutes disparu. Il ne reste que quelques bacs en verre dans une dépendance. En revanche, ont été retrouvées sur place plusieurs caisses d'ampoules soufflées, des catalogues de fournisseurs pour les pièces d'entretien courant ainsi que le faisceau de câbles électriques partant de la salle des batteries pour aller alimenter les différentes pièces du château. Ces câblages, probablement contemporains de la centrale, possèdent un gainage d'isolation en tissu imprégné, technique aujourd'hui totalement abandonnée. La seule modification qui soit intervenue sur la centrale a été le changement du carburateur quand on est passé de l'alimentation à gaz pauvre à l'alimentation par essence (automobiline, essence des véhicules automobiles du début du XXe siècle dont certains bidons sont encore conservés). Cette modification date des années 1920. Une telle modification est fréquente, elle se trouve souvent liée à l'abandon de l'élevage sur le domaine, car le gaz pauvre était très souvent produit par le fumier des animaux d'élevage. Le moteur est actuellement alimenté par un mélange d'essence et d'huile à 2 %. (Sources : Luc Fournier)
Propriété privée
Classé au titre objet
2013/07/15 : classé au titre objet
Arrêté n° 048. CNMH du 04/04/2013.
Dossier individuel