Tableau ; cadre
Tableau et son cadre : Jésus chez Marthe et Marie
Île-de-France ; Essonne (91) ; Corbeil-Essonnes ; église Saint-Etienne
91174
Corbeil-Essonnes
Église Saint-Etienne
PA00087864
Sur le mur gauche de la nef de l'église.
Peinture ; menuiserie
Toile (support) : peinture à l'huile ; bois : taillé
Jésus chez Marthe et Marie
Illustration de la visite de Jésus chez Marthe et Marie-Madeleine, scène symbolisant tarditionnellement l'opposition entre la vie contemplative (Marie-Madeleine agenouillée aux pieds du Christ) et la vie active (Marthe et une servante occupées à leurs tâches ménagères). La construction en triangle accompagne cette opposition symbolique, avec les jeux de regards entre le Christ et Madeleine, au premier plan, leur gestuelle, et Marthe au second plan dont le regard passe au-dessus de la tête du Christ et dont les bras invitent à s'ouvrir vers d'autres horizons. Les postures un peu raides et figées des personnages ainsi qu'une palette chromatique froide sont à noter, en contraste avec la volonté d'illustrer le caractère intimiste de la scène (intérieur d'une cuisine, avec ustensiles sur la table). Les personnages conservent toutefois cette douceur et cette rondeur propres à ceux peints par Philippe de Champaigne : des visages très ovales, des mains aux contours et aux mouvements ronds et souples, la chevelure ondulée de Madeleine épousant le flot de son manteau. A noter aussi la perspective paysagère en arrière-plan, offrant une trouée de lumière derrière une tenture pourpre aux lourds drapés. On se trouve à la fois dans la scène de genre et la représentation traditionnelle d'un épisode de la légende du Christ, traitée certes selon un modèle plus ancien (Philippe de Chgampaigne) mais dont la manière trahit néanmoins l'appartenance de son auteur à son temps.
H = 250 ; la = 190
Date
Date relevée sur le cadre : 1859.
3e quart 19e siècle
1859
Tableau attribué à Alexandre Legrand (1822-1901), élève de Léon Coignet (1794-1880), élève de Guérin, peintre d'histoire et de genre, Grand Prix de Rome en 1817 ; son atelier devient une sorte d'institution académique d'où sortirent bon nombre de petits maîtres dans la seconde moitié du XIXe siècle. Sa peinture qualifiée de son temps de remarquable lui valut de nombreuses commandes officielles pour les plafonds du musée du Louvre (en travaux sous la Restauration et la Monarchie de Juillet), le musée de l'Histoire de France (créé par Louis-Philippe au château de Versailles) et plusieurs églises dont la Madeleine à Paris. Ses portraits, notamment celui de Champollion ou de Louis-Philippe jeune, sont estimés de plus belle facture. Quelle que soit la valeur du maître, l'intérêt de cette oeuvre réside dans ce qu'elle livre de l'évolution de la production picturale en ce milieu du XIXe siècle : après la fin du néo-classicisme, la redécouverte des peintres primitifs lié à un goût préraphaélite et le triomphe du romantisme dans les années 1830-1840, l'avènement d'une école archéologique et la mise en place d'une véritable doctrine de la peinture religieuse (l'art saint-sulpicien), c'est un courant plus réaliste et éclectique qui illustre la peinture de la IIIe République (Bonnat, Baudry, Gérôme) avec l'émergence de la peinture moderne via Courbet. L'iconographie ici présentée est caractéristique de l'exposition de la peinture religieuse au Salon des artistes vivants à partir de 1840. Cette prépondérance ne signifie pas pour autant un interventionnisme de l'administration dans le choix et l'exécution des commandes - les influences politiques formant exception. L'auteur de cette toile semble s'inspirer à la fois d'un Delacroix par la souplesse des tissus et des corps, la tonalité fondue et estompée des couleurs, et d'un peintre comme Ary Scheffer via le visage du Christ - la Tentation du Christ de ce dernier peinte en 1854. Il est aussi représentatif de cette iconographie à la fois populaire - la scène se passant dans une cuisine - et savante - une atmosphère assez froide et peu émotive. A noter que ce tableau se démarque toutefois de la représentation majoritaire des scènes de la Passion du Christ et de ses divers miracles et guérisons - illustrant les bienfaits du christianisme en action. On se trouve ici typiquement devant une peinture de genre d'art chrétien imprégnée de la religiosité à la fois simpliste et mondaines des années 1850-1860 : touche de sentimentalité, accent de familiarité, interférences constantes entre la peinture de l'anecdotique et des grands événements de l'Histoire.
Propriété de la commune
Inscrit au titre objet
2008/04/09 : inscrit au titre objet
Commission départementale des objets mobiliers : 10/12/2007.
Bénézit, Emmanuel, Dictionnaire critique et documentaire des peintres, sculpteurs, dessinateurs et graveurs, T. 11, Gründ, Paris, 1999. ; Foucart, Bruno, Le Renouveau de la peinture religieuse en France (1800-1960), Athéna, Paris, 1987.
Documentation de la conservation des antiquités et objets d'art de l'Essonne ; archives départementales de l'Essonne (sous-série 8V)
Dossier individuel