Tableau ; cadre
Tableau avec cadre : Saint Antoine de Padoue (Saint François ?) adorant l'hostie
Île-de-France ; Essonne (91) ; Boutigny-sur-Essonne ; église Saint-Barthélemy
91099
Mennecy
Église Saint-Barthélemy
PA00087829
Sur le mur ouest de la tribune de l'église.
Peinture ; menuiserie
Toile (support) : peinture à l'huile ; bois : taillé ; vernis
Huile sur toile ; cadre en bois vernis, non peint.
Saint Antoine de Padoue ; agenouillé ; ange ; prière ; ostensoir ; hostie ; angelot ; nuée
Le caractère naïf, voire maladroit de l'oeuvre (quasi absence de relief et de perspective, accentuée par la prédominance de tons bruns au premier plan, traits grossiers des physionomies du saint et des angelots) ne doit cependant pas faire oublier la recherche manifeste d'une dynamique : la construction triangulaire de la composition attire le regard vers l'ostensoir dans la partie supérieure du tableau, vers lequel converge également le regard du saint, dont les deux mains écartées pointent en quelque sorte vers les deux anges agenouillés sur des nuages à droite et à gauche, au deuxième plan. Le cercle de têtes d'angelots surplombant la scène referme la composition sur elle-même, comme en un huit clos révélateur du caractère fantasmatique de l'image, de sa dimension visionnaire. L'usage subtil de la palette chromatique permet par ailleurs d'opposer le monde terrestre (tons chauds voire étouffés à dominante brune), et le monde céleste (illustré par les touches vives des manteaux rouges et bleu des anges, ainsi que celles des ailes des petits anges du registre supérieur, sans oublier la trouée de lumière cerclant l'ostensoir) - le saint assurant en quelque sorte la transition, l'intercession entre ces deux mondes ; ce qui peut autoriser l'identification du saint comme étant saint Antoine, considéré depuis le XVIe siècle comme l'intercesseur favori des chrétiens.
H = 200 ; la = 130
Oeuvre restaurée ; altérations
Oeuvre restaurée en 1982 ; couche picturale altérée (coulures) en partie inférieure, craquelures généralisées, oxydation du vernis.
17e siècle ; 18e siècle
A noter tout d'abord la fréquente confusion entre l'iconographie de saint Antoine et celle de saint François d'Assise (dont le premier rejoignit l'ordre). Le doute persiste dans le cas présent, en raison de la mauvaise lisibilité de l'oeuvre qui empêche d'affirmer ou d'infirmer la présence des stigmates - marque de saint François. Les figurations de saint Antoine de Padoue (1195-1231) sont innombrables, bien que peu fréquentes en Essonne - à l'exception de Saint Antoine dans le désert (église Saint-Denis d'Athis-Mons, 18e siècle, IMH 1979) ; toutefois cette image d'adoration de l'hostie demeure rare. Sa stature d'orateur et de prédicateur incomparable lui vaut un culte considérable à partir du XVe-XVIe siècle, bien au-delà de sa ville d'adoption, Padoue - où il meurt en 1231 ; après avoir été dans l'ombre d'il poverello d'Assise, il devient le saint patron du Portugal, et plus encore, le saint le plus populaire de la chrétienté, sorte d'intercesseur par excellence. Son iconographie devient omniprésente à parti du XVIe siècle. Ce tableau peut être rapproché d'oeuvres comme Saint Antoine de Padoue adorant l'Enfant Jésus du musée de Chambéry ou encore le Saint Antoine de Padoue avec l'Enfant de Bartholomé Murillo au musée de Séville. Le caractère remarquable de cette oeuvre tient à ce qu'il s'agit de l'une des très rares représentations d'adoration de ce type en Essonne, qu'il s'agisse de saint Antoine ou de saint François. Diverses illustrations mettent en exergue les épisodes légendaires de la vie du saint : prêchant aux foules comme aux poissons, débattant avec saint François, accomplissant des miracles , guérissant des malades, faisant s'agenouiller une mule devant l'Eucharistie ; la représentation la plus courante le montre dans une scène de vision où la Vierge et l'Enfant (assis ou debout sur un livre) lui apparaissent. Le caractère visionnaire l'emporte ici, même s'il ne s'agit d'aucune des images traditionnelles du saint. On peut demeurer incertain quant à la dénomination du saint, car on peut le cas échéant apercevoir dans la paume de la main droite les stigmates du supplice du Christ qui caractérisent saint François. En tout état de cause, la composition de la scène s'apparente à celle du tableau de Murillo avec ce couronnement de nuées emplies de têtes d'angelots. La tête à l'expression extatique du saint n'est pas sans rappeler celle du saint représenté sur le tableau de l'église Saint-Martin de Steene (Nord) - elle-même potentiellement inspirée par une oeuvre de Pierre-Paul Rubens -, et permet peut-être de dater cette oeuvre de la fin du XVIIe siècle plutôt que du XVIIIe siècle.
Propriété de la commune
Inscrit au titre objet
2011/05/06 : inscrit au titre objet
Commission départementale des objets mobiliers : 31/03/2011.
Duchet-Suchaux, Gaston, Pastoureau, Michel, La Bible et les saints, Guide iconographique, Paris, Flammarion, 1990.
Documentation de la conservation des antiquités et objets d'art de l'Essonne : dossier de récolement, 2007-2008 ; 2W15 (fiche de pré-inventaire n° 16)
Dossier individuel