RF 1993-4
LE CHRIST EN CROIX
peintre originaire du diocèse de Liège, mentionné à Aix-en-Provence en 1444, puis au service de René d'Anjou de 1447 à 1470
France
Quarton Enguerrand (attribué en 1993 en vente publique)
1444 vers, ?
H. 25, l. 17.5
La présence, derrière la croix, d'un fond décoratif abstrait, semble exclure a priori l'hypothèse d'une scène narrative et militer en faveur d'un thème de dévotion, un Calvaire selon toute probabilité. Les documents d'archives provençaux attestent le succès de cette iconographie : le Christ en croix était encadré par la Vierge et saint Jean l'Evangéliste, accompagnés parfois de donateurs
Nouveau Testament
Fait rarissime et quasi sacrilège, les pieds et les mains du Christ ont été mutilés. L'existence au revers, à la partie inférieure, d'une cavité correspondant à l'emplacement d'une ancienne cheville de bois laisse penser qu'une autre planche était assemblée à l'actuel panneau et que, très logiquement, se poursuivaient sur celle-ci les pieds et la hampe de la croix. Les trois autres bords ont certainement été sciés. Le bois, vraisemblablement du peuplier, une essence fréquemment utilisée dans les régions méditerranéennes, présente des fibres orientées dans un sens horizontal, preuve que la composition se développait plutôt en largeur. Le mauvais état de conservation du support de bois, peut-être aussi le désir, dicté par des considérations commerciales, de fabriquer plusieurs petites images de dévotion à partir d'une seule, peuvent être à l'origine de cette fâcheuse intervention. Quelle pouvait-être la destination du Calvaire ? On pense en premier lieu à un élément central de prédelle; les contrats de l'époque montrent la fréquence de ce thème à cet emplacement. Ils témoignent aussi de l'existence de retables longitudinaux épousant la largeur de la table d'autel, sans doute moins ambitieux et moins onéreux pour une famille et une confrérie modeste que les grands polyptyques à volets ou à compartiments multiples. A l'heure actuelle, aucun élément ne permet véritablement de trancher entre un élément de prédelle et un tableau indépendant, sinon les proportions modestes dela figure du Christ
propriété de l'Etat, don manuel, musée du Louvre département des Peintures
1993
R. B. ; vente Paris, hôtel Drouot, 1993/03/29, salle 5-6, cat. no10, repr. en couleurs (sous l'attribution à Enguerrand Quarton) ; société des amis du Louvre
Les analogies avec l'oeuvre d'Enguerrand Quarton ne manquent pas, à commencer par la présence, derrière le Crucifié, d'un fond de couleur orangée, animé de motifs réalisés au pochoir, à l'imitation d'un tissu damassé : c'est le même type de champ brodé, très apprécié de la clientèle provençale du temps, que l'on rencontre par exemple derrière le Retable Requin (Avignon, Musée du Petit Palais). Mais le type physique du Christ, (proportions trapues de la figure, visage triangulaire, regard glissant de côté) rappelle davantage l'oeuvre de Barthélémy d'Eyck, de même que les accents profondément humains avec lesquels est décrite la douleureuse agonie du Crucifié
Musée du Louvre, nouvelles acquisitions du département des peintures, 1991-1995, Paris, 1996, p. 110-113