CA 21 ; 21 (Cat. 1883) ; 13 (Cat. peint. françaises 1968) ; A2 n° 7 (Cat. peint. italiennes 1980)
La Présentation de la Vierge au Temple
Les traces d'une production importante dès les années 1510 sont localisées dans la région d'Autun, de Chalon-sur-Saône et de Bourg-en-Bresse, autour d'artistes d'origine nordique. Il n'est pas impossible que le chantier ouvert par Marguerite d'Autriche à Brou en 1506 ait contribué à les attirer. Un des principaux est Grégoire Guérard, établi à Tournus. Selon les sources, il a fourni un triptyque pour l'église des Carmes de Chalon, un autre pour l'église de Saint-Laurent-lès-Chalon, travaillé au château de Brancion et à celui de Balleure pour Claude de Saint-Julien de Balleure, dont le fils Pierre loue les 'beaux tableaux, de singuliers et exquis ouvrage, faicts de la divinement docte main de l'excellent peintre Guererd Gregoire Hollandois compatriote et parent d'Erasme de Roterdam', qui se trouvent à l'église Saint-André de Tournus. Alors que l'exposition de 1990 s'était refusée, par prudence en l'absence de données documentaires, à faire plus que constater des points communs entre certaines oeuvres, Frédéric Elsig pense pouvoir attribuer à un même artiste une douzaine de panneaux datés entre 1512 et 1530, conservés, à quelques exceptions près, en Bourgogne du Sud, Bresse ou Franche-Comté. Quelques autres oeuvres associées permettent de supposer l'existence d'un atelier avec des collaborateurs plus ou moins compétents. L'élément majeur de cet ensemble serait le 'Triptyque de l'Eucharistie' à Autun (1515). 'L'Arrestation du Christ' et La 'Présentation au Temple de Dijon' en feraient partie. En se basant sur 'la coïncidence aussi bien chronologique que géographique', Frédéric Elsig propose de reconnaître dans cet artiste formé dans les Pays-Bas septentrionaux et dont la manière semble redevable d'un séjour en Italie dans les années 1515 et 1518, Grégoire Guérard de Tournus. ; nationalité : Flamande
masculin
France
Le nombre des attributions proposées pour cette peinture, et parfois leur ambiguïté, en dénonce assez le caractère hybride. Entrée sous le nom de Pontormo, elle est considérée comme l'oeuvre d'un faible imitateur de cet artiste par Frederik Mortimer Clapp en 1916. Mais depuis que l'érudit dijonnais Henri Chabeuf a fait remarquer le caractère germanique de l'oeuvre, il n'a plus échappé aux commentateurs, et Walter Hugelshofer est même allé jusqu'à proposer le nom de Hans von Kulmbach. ancienne attribution : MAITRE DE 1521 : Peintre actif en Bourgogne ; Ancienne attribution : KULMBACH VON Hans ; Ancienne attribution : PONTORMO Jacopo Carucci
1521
époque Renaissance
Dimensions Hauteur : 102 cm ; Largeur : 81 cm ; Hauteur (en cm) 102 ; Largeur (en cm) 81 ; Hauteur avec cadre (en cm) 122 ; Largeur avec cadre (en cm) 105 ; Epaisseur (en cm) 8
date
date, dans un cartouche : en chiffres romains : MVCXXI
Peinture à l'huile sur bois (chêne) Trois traverses verticales parquetées, fil de bois vertical ; Cadre en stuc doré
La mise en scène, qui isole l'adolescente dans un cadre architectural imposant, où elle est dominée par les hauts dignitaires ecclésiastiques, et sous les regards de l'assistance, ne manque pas d'intensité dramatique. L'artiste prend ses distances avec le modèle, où la Vierge se mêle au contraire à son entourage. Les silhouettes s'élancent, les physionomies s'adoucissent, et les femmes au long cou penchent leur tête, comme le font celles du panneau de l'hôpital de Cluny, baissant aussi leurs paupières qu'évoque à peine un trait de pinceau. Le luxe des détails fait oublier la rigueur géométrique de la composition. Vases, bucranes, animaux affrontés et grotesques couvrent d'un fin réseau les piliers du Temple, tandis que le parement du parvis est sculpté d'une frise en bas-relief. Au réalisme de la cage et de la hotte à pains s'accorde l'éclat des tissus chamarrés, de la passementerie, de la chevelure enfantine qui s'éparpille en étincelles, et des vermillons alliés au brun mordoré ou des roses associées au bleu nuit.
oeuvre en rapport
C'est Michel Laclotte qui, le premier, a décelé, en 1965, la raison de cette orientation de la critique, en reconnaissant derrière la composition du tableau, mais en sens inverse, une gravure de Dürer appartenant à la suite de la 'Vie de la Vierge' publiée en 1511. Le peintre a directement emprunté, en effet, certains motifs tels que l'arcade ouverte sur un paysage, au fond, et au premier plan le groupe de sainte Anne et Joachim, la Vierge adolescente à la longue chevelure ondulée gravissant les marches du temple, ainsi que le panier plein de pains, au premier plan. Mais tout en identifiant cette source allemande, Michel Laclotte a restitué à un peintre travaillant en Bourgogne ce panneau, étranger dans son essence à l'art germanique. L'artiste, en premier lieu, a délibérément simplifié la composition de Dürer en supprimant, par exemple, le groupe des marchands de gauche, sans doute jugé caricatural et accessoire, ainsi que la statue au-dessus de la porte. Cette figure énigmatique représente un chasseur accompagné de son chien qui tient dans sa gueule un oiseau. Interprétée comme Apollon vainqueur du dragon par Erwin Panofsky (traduction française, 1987, p. 162), elle évoque en tout cas, comme le décor des chapiteaux et des écoinçons d'arc dans l'estampe allemande, un paganisme meurtrier rejeté d'emblée par le peintre. Il se permet en revanche de laisser gambader des singes sur les tailloirs des piliers du Temple, où l'on distingue à peine, dans la pénombre, l'effigie de Moïse. Le cadre architectural est également modifié. Le recours à la perspective se limite à l'indispensable, et la composition se fonde sur des orthogonales. Le motif de la petite Marie franchissant les degrés vus de profil demeure, mais l'escalier qui conduit au grand-prêtre fait ici face au spectateur, privilégiant le caractère monumental du sanctuaire, et l'aspect décoratif des façades ornées de guirlandes. La peinture anversoise offre des exemples semblables, ainsi au revers d'un panneau anonyme conservé au Bode Museum de Berlin, où sont figurés deux saints (Friedlander, XI, 1974, pl. 69, fig. 69). Deux autres peintures dérivées de la planche de Dürer attestent son succès en Bourgogne. Cette gravure a inspiré le volet droit d'un triptyque provenant de Beaune maintenant conservé à l'église d'Auxey-Duresses, et une semi-grisaille au musée des beaux-arts de Nancy. (Notice de Marguerite Guillaume extraite de 'La peinture en Bourgogne au XVIe siècle', Dijon, musée des beaux-arts, 1990) ; Acheté à Dijon en 1822 pour la somme de 1,50 F, en même temps que le diptyque de l' 'Annonciation' aux armes des Bretenières, par Charles Févret de Saint-Mémin, qui en fit don au Musée dont il était alors conservateur. En 1965-1966 et en 1967, Michel Laclotte rendait ce tableau entré sous le nom de Pontormo, puis cru de l'école allemande et rapproché de Hans von Kulmbach, à un peintre travaillant en Bourgogne en 1521. Autour de ce panneau, l'auteur a regroupé des oeuvres présentant des caractères semblables et influencées par l'art germanique, telles les 'Saintes Femmes au tombeau' de l'hospice de Cluny, parmi lesquelles on retrouve le type de visage et le port de tête de la Sainte Anne du panneau de Dijon. Ainsi se révélait non seulement l'existence d'un courant original en Bourgogne, dans le premier tiers du siècle, mais encore son rayonnement. Celui-ci est ressenti jusqu'en Champagne, en Bresse et dans le Jura. D'étroits rapports permettent de rapprocher la 'Présentation de Dijon' (1521), l' 'Assomption' du Musée de Vauluisant à Troyes (1522), le triptyque de l'Hôtel de Ville de Châtillon-sur-Chalaronne dans l'Ain (1527), les panneaux de retable de l'église de Bourg-en-Bresse, la 'Montée au Calvaire' et la 'Mise au tombeau' (1523), et la 'Mise au tombeau' conservée à l'Institution Sainte-Ursule de Dole. Des gravures de Dürer ont parfois inspiré ces compositions. La suite de la 'Vie de la Vierge', parue en 1511, est à l'origine de la 'Présentation de la Vierge au T emple' de Dijon et de celle du triptyque de l'église d'Auxey, Côte d'Or, autrefois à Beaune, ainsi que de la 'Nativité de Marie' dans le même ensemble.
France, Bourgogne-Franche-Comté (lieu de création)
Bourgogne
propriété de la commune, don manuel, Dijon, musée des beaux-arts
1823
Collection privée, Févret de Saint-Mémin Charles-Balthazar
Un descendant d'une grande famille de parlementaires bourguignons. Charles-Balthazar-Julien Fevret de Saint-Mémin, artiste, archéologue, conservateur du Musée de Dijon, Dijon : musée des beaux-arts, 1965 (n° 866 (Ecole allemande : Maître de 1521)) Le XVIe siècle européen : Peintures et dessins dans les collections publiques françaises, Paris : Petit-Palais, octobre 1965 - janvier 1966 (n° 332, repr. p. 270 (Peintre travaillant en Bourgogne)) Sainte Anne, Nantes : Musée Dobrée, 1966 (n° 27, repr. pl. 8 (Maître de 1521)) La peinture en Bourgogne au XVIe siècle, Dijon, Musée des Beaux-Arts, 1990 (n° 12 (Peintre travaillant en Bourgogne, 1521))
Notice des objets d'arts exposés au Musée de Dijon, Dijon, Victor Lagier libraire, 1834 (n°332 (Pontormo)) Notice des objets d'arts exposés au Musée de Dijon et catalogue général de tous ceux qui dépendent de cet établissement, Dijon, Victor Lagier, 1842 (n°360 (Pontormo)) Notice des objets d'art exposés au Musée de Dijon, Dijon, Lamarche, 1860 (n°409 (Pontormo)) Catalogue historique et descriptif du Musée de Dijon. Peintures, sculptures, dessins, antiquités, Dijon, Rabutôt imp., 1869 (n°441 (Pontormo)) Catalogue historique et descriptif du Musée de Dijon. Peintures - Sculptures - Dessins - Antiquités - Collection Trimolet, Dijon, 1883 (n°21 (Le Pontormo)) Gnoli (Umberto), 'L'Arte italiana in alcune gallerie francesi di provincia', Rassegna d'Arte, VIII, novembre 1908 (p.187 (maître allemand qui suit la manière des vénitiens)) Chabeuf (Henri), 'Une nouvelle salle au Musée de Dijon', Bulletin des Musées de France, n°3, 1908 (p.44 (n'est pas de Pontormo ; germanique)) Vitry (Paul), sous la dir. de, 'Une nouvelle salle au Musée de Dijon', Bulletin des Musées de France. Archives des musées nationaux et de l'Ecole du Louvre, Paris, 1909 Magnin (Jeanne), La peinture au Musée de Dijon, Dijon, 1914 (1918 sur la couverture) (n°21 p.126 (Le Pontormo)) Magnin (Jeanne), Picture in the Museum of Dijon, Dijon, 1914 (1915 sur la couverture) (n°21 p.126 (Le Pontormo)) Clapp (F.M.), Jacopo Carucci da Pontormo, New Haven, 1916 (p.197-198 (imitateur de Pontormo)) Hugelshofer (Walter), 'Die altdeutschen Gemälde in den französischen Museen, I', Belvedere, t. 10, 1931 (p.25 fig.17 (Hans von Kulmbach)) Magnin (Jeanne), La peinture au Musée de Dijon, 3e éd. revue et complétée, Besançon, 1933 (n°21 p.130 (Hans von Kulmbach)) Marette (Jacqueline), Connaissance des Primitifs par l'étude du bois. Du XIIe au XIVe siècle, Paris, 1961 (p.168, n°12, pl.XXXIII (Ecole allemande) / Mlle A. Hulftegger et M. Charles Sterling pensent qu'il pourrait s'agir d'un artiste de l'école anversoise) Quarré (Pierre) et Geiger (Monique), musée des beaux-arts de Dijon. Catalogue des peintures françaises, Dijon, 1968 (n°13 (anonyme d'origine allemande ou influencé par l'oeuvre de Dürer ; panneau peint en Bourgogne)) Guillaume (Marguerite), Catalogue raisonné du musée des beaux-arts : peintures italiennes, Ville de Dijon, 1980 (A.2 n°7 (Tableau autrefois considéré comme italien donné à l'école française : Peintre travaillant en Bourgogne, 1521)) Starcky (Emmanuel), Gras (Catherine) et Meyer (Hélène), Le musée des beaux-arts de Dijon, Paris, 1992 (Musées et Monuments de France, Fondation Paribas) (p.48, reprod. (Bourgogne, 16e siècle)) Costamagna (Philippe), Pontormo. Catalogue raisonné de l'oeuvre peint, Paris, Electa, 1994 (A 16 p. 275) Chédeau (Catherine), Les Arts à Dijon au XVIe siècle : les débuts de la Renaissance 1494-1551, Aix-en-Provence, 1999 (pp. 191, 197, fig. 246) L'Art des collections : Bicentenaire du Musée des Beaux-Arts de Dijon, Dijon : musée des beaux-arts, (16 juin - 9 octobre 2000), Imprimerie Nationale, 2000 (p.174 fig.2) Lethuillier (Jean-Pierre), sous la dir. de, La peinture en province. de la fin du Moyen Age au début du XXe siècle, Presses Universitaires de Rennes, Collection 'Art et Société', 2002 (fig. 5 p. 213) Elsig (Frédéric), 'Un peintre de la Renaissance en Bourgogne : le Maître du triptyque d'Autun (Grégoire Guérard ?)', Revue de l'Art, n° 147, 2005-1 (p. 84) Jugie (Sophie), 'La peinture en Bourgogne au XVIe siècle', fiche pédagogique (recto-verso), 2009 (fig. 2 (Maître du triptyque d'Autun : Grégoire Guérard ?)) Berthelet (Odette), L'atelier Chauffrey-Müller - 36 ans de rentoilage et de restauration de peintures à Paris (1919-1955), Ecole du Louvre, 2010 (Annexe p. 115)