987.19.1
Charge du 9e régiment de cuirassiers dans le village de Morsbronn (titre du Salon) ; La charge du 9e Cuirassiers à Morsbronn (autre titre attribué) ; Charge des Cuirassiers de Reichshoffen (autre titre attribué)
DETAILLE Édouard : Paris, 1848/10/05 ; Paris, 1912/12/23 ; nationalité : Française
France
1874
H x L x E en cm avec cadre 141 x 200,6 ; Hauteur avec cadre en cm 141 ; Largeur avec cadre en cm 200,6 ; Poids en kg 30
signé, daté, en bas à gauche : EDOUARD DETAILLE / 1874
Huile sur toile ; Charge de cavalerie dans une rue étroite bordée de maisons à pans de bois. Au premier plan, derrière une barricade de charrettes, tournant le dos, un lieutenant reconnaissable à son épaulette et à sa contre-épaulette, les mains gantées ; il est coiffé du casque d'officier modèle 1858 mais porte, en revanche, une cuirasse du modèle destiné à la Garde (disposition non réglementaire mais tolérée chez les officiers de la ligne). Au second plan, se trouve un trompette monté sur un cheval blanc et dépourvu de cuirasse comme le veut la tradition. Enfin, on remarquera un autre officier brandissant un revolver Perrin, arme semi-réglementaire de fabrication civile. Le cuirassier à cheval, à droite au premier plan, porte deux chevrons d'ancienneté sur sa manche gauche, est équipé du sabre réglementaire de cavalerie de réserve du modèle 1854 pour la troupe. En arrière plan, un cuirassier est armé d'un pistolet réglementaire de cavalerie du modèle 1822 T bis pour la troupe. Derrière, on distingue le colonel Waterneau (moustache et barbiche grises) commandant le 9e Régiment de Cuirassiers entouré de son état-major dont, à sa droite, un officier coiffé d'un képi (peut-être un officier de liaison). Magnifique rendu des coups de feu sortant des maisons.
bataille de Frœschwiller-Wœrth 1870/08/06 Alsace.
propriété de la commune, achat, Reims, musée Saint-Remi
1988 acquis
Collection privée, GUGGENHEIM Barbara, 1986;Collection privée, Université de Philadelphie, 1896;Collection privée, GIBSON Henry, 1874
Cette toile, qui fut présentée lors du Salon de 1874, figure le sacrifice du 9e régiment de cuirassiers français, lors de la bataille de Frœschwiller, en 1870. Le 6 août, une charge est lancée contre l’armée prussienne dans les rues étroites de la commune de Morsbronn (Bas-Rhin). La quasi-totalité des cuirassiers, moins nombreux et moins bien armés que l’ennemi, est massacrée. À travers cette œuvre, qui représente pourtant une défaite, Édouard Detaille cherche à exalter l’héroïsme de l’armée française. [C. Pichon, 2017] ; Cette pièce majeure de l'œuvre d'Edouard Detaille (1848-1912) présentée au Salon de 1874 et plus connue sous l'appellation de "Charge des Cuirassiers de Reischoffen", était jusqu'à présent, considérée comme perdue (seule une esquisse en était connue au musée de Mulhouse et un cliché noir et blanc conservé au musée de l'Armée). Or, à la suite de circonstances heureuses, cette grande huile sur toile vient d'être retrouvée aux Etats-Unis et le musée Saint-Remi de Reims, grâce à l'appui du Fonds Régional d'Acquisitions des Musées de Champagne-Ardenne et de la Société des Champagnes G.H. MUMM, a procédé à son achat, rapatriant ainsi au sein du patrimoine un tableau mondialement célèbre. 6 août 1870, vers 14 heures; sur le champ de bataille de Froeschwiller qui voit les troupes françaises commandées par le maréchal de Mac-Mahon affronter la IIIe armée allemande du Prince Royal de Prusse, une brigade de cuirassiers entrait dans la légende en fournissant une charge héroïque mais désespérée au cours de laquelle elle se sacrifia sciemment dans un élan forcené qui lui coûta la presque totalité de son effectif... Cette action fameuse fut la plus célèbre de la cavalerie impériale du Second Empire et le peintre Édouard Detaille lui consacra un grand tableau qu'il présenta au Salon de 1874. Les hostilités entre la France et l'Allemagne avaient mal débuté en Alsace pour l'armée française dont l'Empereur Napoléon III assurait le commandement suprême depuis Metz ; en effet, les troupes impériales, du fait des lenteurs de la mobilisation, d'une mauvaise préparation et d'un manque coupable de clairvoyance de la part du Haut Etat-Major, se trouvaient non seulement en état d'infériorité numérique mais également dispersées lors du premier choc avec l'armée allemande. Hormis, le 2 août, une action offensive mais limitée du général Frossard qui passa la frontière allemande pour exécuter, à la tête du 2e corps, une démonstration en direction de Sarrebruck, l'armée française allait être prise de court lorsque le 4 août, la IIIe armée allemande aux ordres du Kronprinz fondit sur la Basse Alsace où notre dispositif était extrêmement relâché. Le jour même, la 4e Division d'infanterie du général d'Abel Douay détachée en avant-garde à Wissenbourg avec 6 000 hommes fut complètement surprise et écrasée par l'irruption de 70 000 Prussiens et Bavarois ! Le maréchal de Mac-Mahon décontenancé par cette attaque brusquée et mal informé sur son ampleur, n'ayant par ailleurs sous ses ordres immédiats que le 1er corps, s'installa en attente sur une position défensive avantageuse de part et d'autre du village de Froeschwiller ordonnant aux 5e et 7e corps, encore fort éloignés de lui, de le rejoindre au plus vite ; malheureusement, le 5 août une partie de l'armée allemande arriva au contact et Mac-Mahon, sans avoir pu recevoir de renforts, dû accepter la bataille le lendemain dans des conditions désastreuses d'infériorité numérique n'ayant que 45 000 hommes à opposer à 135 000 Prusso-Bavarois. Très vite, au matin du 6 août, tout le dispositif français fut fixé au centre par des attaques massives et une violente cannonade ; en fin de matinée, sous un brutal mouvement tournant sur l'aile droite des positions françaises que commande le village de Morsbronn uniquement tenu par deux compagnies de tirailleurs ! Sans coup férir, le village tombe aux mains des Allemands qui, à partir de cette position clé se réorganisent et se regroupent en vue d'envelopper, sur ses arrières, et de capturer l'aile droite française constituée par la Division d'infanterie du général de Lartigue. Afin de sauver cette division de l'encerclement et de lui permettre de se replier, il est impératif de gagner du temps en retardant l'attaque allemande qui est en train de s'organiser à partir de Morsbronn. Une seule solution s'offre au général de Lartigue : faire charger les Prussiens par sa cavalerie de réserve constituée d'une brigade de cuirassiers en position d'attente un peu en arrière de la ligne de front dans un petit vallon. Cette cavalerie de réserve est la 3e Brigade de la Division de cavalerie du 1er corps et se trouve aux ordres du général Michel ; elle est constituée du 8e Régiment de cuirassiers (Colonel Guiot de la Rochère) et du 9e Régiment de Cuirassiers (Colonel Vaternaux) auxquels étaient adjoints deux escadrons (1er et 3e) du 6e Régiment de Lanciers. Le général vicomte Duhesme commandant l'ensemble de la cavalerie du 1er Corps accepte la demande du général de Lartigue et donne l'ordre au général Michel d'exécuter la charge en direction de Morsbronn avec mission de mettre le plus de désordre possible dans l'infanterie ennemie afin de gagner le temps nécessaire au repli des troupes françaises. Les cuirassiers sautent en selle et se portent en avant au pas : le 8e Régiment marche en tête formé en colonne par escadrons ; le 9e Régiment suit déployé de front alors que les deux escadrons de lanciers suivent le mouvement et se placent à côté du 9e cuirassiers. Après cette marche d'approche au pas, ayant dépassé les positions de l'infanterie française, le général Michel tirant son sabre donne l'ordre de charger alors que le cri de "Vive la France!" lui répond, sorti de centaines de poitrines. La portion de terrain sur laquelle se développe la charge est détestable pour la cavalerie : chemins bordés de haies, vergers, houblonnières forment des obstacles et des écrans derrière lesquels se cachent les tirailleurs ennemis ; essuyant les feux de l'infanterie, les cuirassiers sont aussi exposés aux coups de l'artillerie ; dès le début les pertes sont sévères ; mais rien n'arrête cette vague cuirassée que l'excitation de la charge transcende ! Le sentiment du sacrifice désespéré, la griserie de l'action et de la rage d'accomplir l'impossible décuplent leurs forces alors qu'ils ne sont qu'à peine 800 hommes contre plus de 7 000 fantassins retranchés ! La brigade submergea le village de Morsbronn mais elle s'y fit presque entièrement détruire, le choc de la charge se brisant contre des barricades ou se dispersant dans les rues et les jardins. Cependant, ce sacrifice ne fut pas vain car l'énorme confusion que les cuirassiers semèrent au sein des lignes de l'infanterie prussienne autorisa le repli de troupes françaises. [M. Bouxin, 1988] ; Toile présentée par Edouard Detaille au salon de 1874; elle reçut du public un accueil plutôt froid, non parce qu'elle était médiocre, mais au contraire parce que la sûreté dans le rendu des détails historiques et du vécu ravivait le douloureux souvenir du désastre de 1870 et celui du sacrifice des cuirassiers qui, le 6 août 1870, tant à Morsbronn qu'à Elsashausen, à quelques kilomètres en avant de Reischoffen combattirent les Prussiens à 1 contre 3 lors de la bataille de Froeschwiller. Detaille voulait exalter le patriotisme de l'Armée française. Les contemporains ne retinrent qu'une image défaitiste. Le 9e Régiment de cuirassiers, entraîné trop à gauche, se heurte de front contre le village de Morsbronn et s'y engouffre ; ses deux escadrons de tête chargent dans la Grande Rue et voient leur élan butter sur une barricade de charrettes. La moitié des officiers et près du tiers de la troupe (80 hommes sur 286) sont mis hors de combat, tués ou blessés, le reste de l'effectif tombant au pouvoir de l'ennemi... Seuls 6 officiers et une quinzaine de cavaliers parviendront à percer et à rejoindre les lignes françaises.
Alsace, pleurer et rêver la province perdue, Paris - Musée national Jean-Jacques Henner Paris, Exposition Universelle, 1874
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