2004.3.22
Femme en noir au manchon
Paris, 1836 ; Nice, 1932
France
1885
Hauteur en cm 33 ; Largeur en cm 25 ; Hauteur avec cadre en cm 50.7 ; Largeur avec cadre en cm 41.7 ; Epaisseur avec cadre en cm 6
signature, inscription
signature, en bas à droite, JCHERET ; inscription, au dos, 1 - (à l'huile) Jules Cheret 1885. 2 - (à la craie) 416. ; étiquette, au dos, 1 - M. Senn / à restaurer. 2 - (autocollante) au stylo 25. 3 - (à l'encre) n° 7906 (?)/...
Jules Chéret dont Gustave Geffroy affirmait qu'il avait ' élevé l'affiche au rang de peinture murale ' pratique la peinture durant ses loisirs jusqu'en 1900, date à laquelle il s'y consacre de plus en plus. D'un caractère gai et agréable, qui transparaît dans son ouvre, il a su créer un certain idéal de la Parisienne Belle-Epoque. Ce proche des impressionnistes excelle à restituer la magie scintillante de la vie nocturne parisienne. La Femme en noir au manchon offre le parfait exemple de cet art, fait d'élégance et de suggestion. La silhouette de la jeune femme se détache en ombre chinoise selon un mouvement dynamique qu'accentue l'ombre fuyante et coupée d'un promeneur sur la gauche du tableau. Ce cadrage qui le rapproche de ses amis Toulouse-Lautrec et Degas, associé au vif miroitement des lumières de la ville, lui permet de traduire la vie fugace et trépidante des grands boulevards. Sous la voilette de l'élégante se devinent un nez mutin et une bouche spirituelle que relève un regard malicieux. Hymne à la ville-lumière et à l'éternel féminin, cette ouvre pourrait passer pour une illustration des vers de Jules Laforgue : '(.) Mon But se perd dans les Etoiles !.. C'est moi qui suis la Grande Isis ! Nul ne m'a retroussé mon voile. Ne songez qu'à mes oasis.. Si mon Air vous dit quelque chose, Vous auriez tort de vous gêner ; Je ne la fais pas à la pose : Je suis La Femme !on me connaît. ' Cependant le traitement plutôt sombre de la toile peut surprendre chez un artiste qui privilégie habituellement des compositions plus aérées et d'un trait plus nerveux. Le parti adopté pour ce tableau évoque volontiers les esquisses de son contemporain Jean Béraud qui aborda le même genre de sujets que Chéret. Cette oeuvre atypique montre chez Olivier Senn le souci d'élargir sa collection à ces épigones de l'impressionnisme qui, par la vitalité et l'inventivité de leur art, ont su influencer la génération post-impressionniste. Peintre et lithographe de la légèreté et de la futilité des plaisirs parisiens, Jules Chéret a su se distinguer par un maniement habile des couleurs primaires que retiendront Seurat et Cross et par la qualité synthétique d'un dessin qui influence jusqu'aux recherches cloisonnistes de Gauguin et Bernard. La Femme au manchon établit ainsi une passerelle entre les oeuvres purement impressionnistes de sa collection et les toiles de Cross, Sérusier, Bonnard ou Vallotton. J.-P. M.
propriété de la commune, donation, Le Havre, musée Malraux
2004
Senn-Foulds Hélène ; Collection SENN
De Courbet à Matisse. Donation Senn-Foulds, Le Havre, musée Malraux, 13 mars-12 juin 2005
Blanchard (Michèle), Haudiquet (Annette), Lefebvre (Géraldine), Mélot (Jean-Pierre), De Courbet à Matisse. Donation Senn-Foulds, Paris, Somogy Editions d'Art, 2005.