63.98
La Résurrection de Lazare (Titre original)
Morazzone, 1573 ; Plaisance, 1626 ?
Italie
1598 vers
H. 83,3 cm ; L. 135,6 cm ; Ep. 2,4 cm ; Pds 6,3 Kg (toile+cadre)
Peinture à l'huile sur toile sur châssis. Cadre en bois peint noir
Evangile : Selon Jean
'La composition, 'étrangement articulée' selon M. Laclotte - découvreur du tableau -, creuse l'espace central, happant le regard au coeur de la scène dramatisée par le quasi-contact des mains du ressuscité et du Christ, d'une puissance symbolique toute michélangelesque. Sur ce sujet, dont O. Ménégaux a montré toute la nouveauté iconographique dans le tableau de Beauvais, Morazzone peindra vingt ans plus tard un petit panneau, désormais conservé à Ottawa, d'un esprit très différent. La 'Résurrection de Lazare' beauvaisienne, malgré quelques points de comparaison possibles, n'a rien à voir non plus avec celle que Caravage peindra en Sicile en 1609 : le coloris acide y entrechoque bleus vifs, roses, verts, jaunes et rouges dans des gammes plus évocatrices du maniérisme que du caravagisme naissant, auquel on a parfois assujetti à tort l'art de Morazzone. Les grands plis cassés sont déjà présents dans cette oeuvre précoce, véritable marque de fabrique des drapés du peintre. Le format moyen du tableau rappelle celui des autels latéraux dans les chapelles lombardes de cette époque. Il pourrait s'agir de la chapelle Santa Maddalena de San Vittore à Varèse, où des 'quadretti' sont mentionnés dans un manuscrit ancien, aujourd'hui non localisé. Quoi qu'il en soit, le tableau a probablement une provenance varésine dont témoigne une copie (H. 1,19 m ; L. 1,15 m), de qualité inférieure, qui se trouve à la cure de l'église de l'Annonciation à Coquio Trevisago (territoire de Varèse). Une autre réplique, de dimensions proches (H. 1,30 m ; L. 0,80 m), est passée en vente à Gênes, chez Boetto, le 20 mai 2005. Morazzone, comme Cerano et Procaccini avec qui il travailla, mais aussi Daniele Crespi et Cairo, est l'un de ces 'peintres de la peste de 1630', événement tragique qu'il ne vécut pas mais qu'immortalisa Manzoni dans le chef-d'oeuvre de la littérature romantique italienne, 'I Promessi sposi' ('Les Fiancés', 1821). Sa personnalité s'épanouit dans le contexte de l'ère borroméenne, celui d'une Réforme catholique menée tambour battant par l'archevêque de Milan, Charles Borromée, bientôt canonisé (1610) et par son cousin, le cardinal Federico, qui encourage les arts et crée la Bibliothèque ambrosienne vers 1600. Morazzone se forme à Rome dans les ateliers des derniers maniéristes, Ventura Salimbeni et le Cavalier d'Arpin, où il a pu croiser son jeune compatriote lombard, le Caravage. Revenu dans sa patrie en 1598, année probable de notre tableau, il commence à travailler dans toute la région où se construisent alors de spectaculaires 'Sacri Monti' (Varallo, Varèse, Orta) et où se déploie sa puissante technique de fresquiste. Sa carrière se déroule en de nombreux points de la Lombardie, au gré d'importantes commandes qu'il exécute à Arona, Milan, Borgomanero, Inverigo, Pavie, Novare, ainsi qu'en Piémont savoyard à Rivoli ou à Susa. Quoique d'une gloire toute provinciale, le talent de Morazzone a séduit la plume du cavalier Marino et conquis certains collectionneurs espagnols contemporains comme le marquis de Leganès. Il meurt peut-être en 1626, des suites d'un accident, à Plaisance où il devait travailler à la décoration à fresque du Duomo.' (Pierre Curie in : Nathalie Volle (dir.), Christophe Brouard (dir.), 'Heures italiennes : trésors de la peinture italienne en Picardie, XIVe-XVIIIe siècles', Gand, Snoeck, 2017, p. 232)
propriété du département, achat, Oise, MUDO - Musée de l'Oise
1963.07.04
Galerie Marcus
'Peintures italiennes (XVIIe-XVIIIe siècles) du Musée départemental de l'Oise', Beauvais, Musée départemental de l'Oise, 18 mai-15 septembre 1971, n°10 ; 'Heures italiennes : le Naturalisme et le Baroque, XVIIe siècle', Beauvais, MUDO-Musée de l'Oise, 27 avril-17 septembre 2017, n°135
Salmon Marie-José et Thuillier Jacques, 'Peintures italiennes (XVIIe-XVIIIe siècles) du Musée départemental de l'Oise', Beauvais, 1971, catalogue d'exposition, p. 19 ; Salmon Marie-José, 'Beauvais, musée départemental de l'Oise', Beauvais, Musée de l'Oise, 1981, p. 40 ; Brejon de Lavergnée Arnauld et Volle Nathalie, 'Musées de France : répertoire des peintures italiennes du XVIIe siècle', Paris, Editions de la Réunion des Musées nationaux, 1988, p. 240 repr. n. et bl. ; Volle Nathalie (dir.), Brouard Christophe (dir.), 'Heures italiennes : trésors de la peinture italienne en Picardie, XIVe-XVIIIe siècles', Gand, Snoeck, 2017, n°135 p. 232 repr. coul.