M.P.Lav.1894-213
Allégorie de la Guerre
Naples, 1634 ; Naples, 1705
Italie
1700
Hauteur en cm 101.2 ; Largeur en cm 126.9
signé, annotation
signé en bas à gauche : Jordanus/F ; étiquette manuscrite sur le châssis, au centre : Mention d'une date et d'un lieu : 18 mai 18 - musée Amiens
Cette Allégorie de la Guerre est le prétexte à un enchevêtrement pittoresque de cuirasses, de brassards, de casques parfois empanachés, de drapeaux, d'instruments de musique guerriers (trompette, tambour), de boucliers, de canons et d'armes diverses (épées, sabres, masses d'arme). De cet amoncellement émergent trois figures de guerriers en armure : l'un, assis à droite, saisit un étendard; un autre, à gauche, est comme étendu sur la masse métallique étincelante, tandis que le troisième, derrière lui, de dos, semble se précipiter au combat. Dominant ce monumental trophée et se détachant devant une colonne dissimulée par une immense draperie secouée par le vent, un condottiere barbu, debout, l'armure scinte d'une écharpe, brandit son épée en fixant le spectateur; il s'accoude sur un piédestal à l'antique, orné d'un bucrane, où deux putti travaillent à l'érection d'une cuirasse. La peinture se situe à la croisée de l'allégorie et de la scène de bataille, thème que Giordano a plusieurs fois abordé dans le sillage de Salvatore Rosa. La composition a parfois été intitulée Les Forges de Vulcain : cette dénomination s'explique par la scène discernable au fond de la toile, à gauche, où se distinguent au milieu des fumées et des lueurs d'un brasier, dans une caverne, trois forgerons frappant une enclume, tandis qu'un homme nu et barbu (Vulcain?) apparaît en buste au centre. On retrouve le détail du personnage de dos brandissant une masse dans une autre composition de Giordano, Mars et Vénus dans les forges de Vulcain (Londres, coll. Denis Mahon), datée vers 1658-1660 par Ferrari et Scavizzi (autre version sur le marché de l'art, Milan, Compagnia di Belle Arti, 1998). Ce tableau est la réplique réduite de l'Allégorie de la Guerre conservée, avec son pendant l'Allégorie de la Paix, dans une collection particulière de Galatina (Ferrari et Scavizzi, 1992, n° A.282, fig. 390-391). On connaît une autre version plus petite de l'Allégorie de la Guerre, avec des interventions de l'atelier, autrefois localisée à Londres (galerie Agnews Ibid., n° A.284). La version de Galatina est datée vers 1702-1704 par d'Elia (cat. exp. Bari, 1964, p. 63), après le séjour en Espagne de Giordano (1692-1702), tandis que Ferrari et Scavizzi préfèrent l'avancer vers 1690-1700; il s'agit en tout cas d'une oeuvre à placer dans les dernières années d'activité de Giordano où le peintre révèle une grande liberté d'exécution, une technique enlevée et lumineuse (Auffret, 1982-1983). L'énergie d'exécution de cette éclatante composition héroïque, traitée avec une dramaturgie appuyée, en fait un témoignage spectaculaire des développements du baroque à Naples à l'orée du XVIII° siècle. Notice de Matthieu Pinette
objet en rapport
en rapport avec : Allégorie de la Guerre
propriété de la commune, don manuel, Amiens, musée de Picardie
1890
Collection privée, Lavalard, Frères, 1890
Amiens, musée de Picardie, Couleurs d'Italie. Peintures méridionales des musées d'Amiens, 1998-1999. (p. 5)
Horsin-Déon L., 'Cabinet de MM. Lavalard', dans P. Lacroix, Annuaire des artistes et des amateurs, Paris, 1862. (t. 1, p. 148) Catalogue des tableaux composant la collection Lavalard Frères de Roye au musée de Picardie, Amiens, 1894. (p. 45, n° 213 (Giordano)) Catalogue descriptif des tableaux et sculptures du musée de Picardie, Amiens, Impr. Piteux Frères, 1899. (p. 223, n° 213 (Giordano)) Bellemère J., Le Musée d'Amiens, Etude critique, Amiens, 1908. (p. 39) Catalogue descriptif des tableaux et sculptures du Musée de Picardie, Amiens, Impr. Picarde, 1911. (p. 143, n° 209 (Giordano)) Ferrari Oreste et Scavizzi Giuseppe, Luca Giordano, Naples, 1966. (t. II, p. 101) Foucart (Borville) Jacques, Les Lavalard, Amiens, 1977. (p. 45, n° 209, p. 53) Auffrey Isabelle, Catalogue des tableaux italiens du musée d'Amiens, mémoire de maîtrise d'histoire de l'art et archéologie sous la direction d'Antoine Schnapper, 1982-1983. (pp. 47-48) Consigli Valente Patrizia, La natura morta del Seicento e del Settecento, Parme, 1987. (p. 371) Brejon de Lavergnée Arnaud et Volle Nathalie, Musées de France. Répertoire des peintures italiennes du XVIIe siècle, Paris, 1988. (p. 170) Ferrari Oreste et Scavizzi Giuseppe, Luca Giordano, Naples, 1992. (p. 298, n° A 283, fig. 390-391) Pinette Matthieu, Couleurs d'Italie, couleurs du Nord. Peintures étrangères des musées d'Amiens, 2001, musée de Picardie / Somogy éditions d'art, (280 p. ; ouvrage accompagné d'un CD-Rom contenant l'intégralité des notices). (p. 212)