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Plateforme ouverte du patrimoine

Cadmos combattant le dragon

Identification du bien culturel

N°Inventaire

M.P.997.15.1

Domaine

Dénomination

Titre

Cadmos combattant le dragon

Précision auteur

PO : Rome, 1652 ; Naples, 1726

Ecole-pays

Italie

Période de création

Millésime de création

1710

Matériaux - techniques

Mesures

Hauteur en cm 72 ; Largeur en cm 104.1

Inscriptions

signé

Précisions inscriptions

signé en bas au centre : Giacomo del Po p.

Précisions sujet représenté

Identifié avant son entrée au musée comme un épisode de l'histoire de Jason (la fourrure visible sur le dos du guerrier étant interprétée - à tort selon nous - comme la Toison d'or), le tableau figure plutôt la lutte entre Cadmos et le dragon. Les aventures de ce héros, fils d'Agénor et frère d'Europe, parti à la recherche de sa soeur enlevée par Jupiter métamorphosé en taureau, sont racontées par Ovide (Les Métamorphoses, livre III) qui narre ainsi cette scène : les compagnons de Cadmos se sont risqués dans une 'antique forêt' pour puiser de l'eau, mais un terrible dragon les surprend et les décime; le jeune héros, parti secourir ses hommes, affronte le monstre dont il sera vainqueur. 'Le fils d'Agénor recule peu; de la dépouille du lion, il repousse les assauts, et il tient en respect la gueule menaçante, de sa lance pointée en avant (...). C'est alors que le fils d'Agénor, lui ayant plongé le fer dans la gorge, sans répit continua sa poursuite et son effort jusqu'à ce qu'un chêne arrêtât le recul du serpent, et transperça, en même temps que le bois, le cou de la bête'. Le peintre a suivi le texte assez scrupuleusement, en ajoutant toutefois, sur la droite, un cheval - sans doute la monture de Cadmos - maintenu par la bride par un écuyer. L'agitation de la scène, l'enchevêtrement des corps parmi lesquels gisent un carquois, un arc ou un heaume, le contournement frénétique des attitudes du héros, des morts et des blessés terrassés par la douleur autant que par l'effroi, le frémissement des lambrequins de la cuirasse de Cadmos, du panache de son casque et de la peau de lion qui lui couvre les épaules, comme du plumage monstrueux du dragon à l'horrible tête, et jusqu'à la bichromie bleu-violet et claire de la toile qui génère une troublante atmosphère nocturne et fantastique, tout contribue à faire de celle-ci un emblème de la manière baroque napolitaine dans ses accents les plus outrés, dignes d'un opéra, en même temps que d'une sorte de large camée décoratif. L'étude du tableau au laboratoire de recherche des musées de France a mis en évidence, outre quelques repeints masquant des lacunes, de légers repentirs (tête de l'homme appuyée sur une souche à droite) et une technique d'exécution très nerveuse. Une autre version de cette scène, avec variantes, attribuée à del Po - et interprétée comme un saint George combattant le dragon - est passée en vente à Londres en 1986. Giacomo del Po est l'un des plus brillants représentants du baroque napolitain dans ses tendances extrêmes. Etabli à Naples, de manière quasi permanente à partir de 1683, del Po développe un style original, curieusement inspiré à la fois par le ténébrisme de Mattia Preti (Taverna, 1613 - Malte, 1699) et l'effervescence de Luca Giordano, en opposition avec le travail structuré et 'raisonnable' de son contemporain Francesco Solimena (Canale di Serino, 1657 - Barra, 1747). Usant de clairs-obscurs dramatiques, il offre des compositions vibrantes qui annoncent les raffinements du rococo. Il est l'auteur de grandes décorations murales dans des palais ou des églises de Naples, mais aussi de tableaux indépendants. La carrière du peintre sera couronnée par la commande en 1723, par le prince Eugène de Savoie, de la décoration de plusieurs plafonds au château du Belvédère à Vienne. Brejon de Lavergnée (cat. exp. Lyon, Lille, 2000-2001) avance l'hypothèse que le tableau d'Amiens peut 's'apparenter, sous toutes réserves, à ces tableaux mythologiques que G. del Po peignit pour le roi d'Angleterre'. Situable autour de 1710, il est contemporain d'une curieuse composition de l'artiste, Les Portes de l'Enfer (coll. Paul H. Gansz, New York), illustration d'après Le Paradis perdu de John Milton (1608-1674), publié en 1667 où l'on retrouve la même ambiance d'étrangeté dramatique. Notice de Matthieu Pinette

Contexte historique

Genèse

objet en rapport

Historique

en rapport avec : Cadmos combattant le dragon

Informations juridiques

Statut juridique

propriété de la commune, achat, Amiens, musée de Picardie

Date acquisition

1997

Ancienne appartenance

Collection privée, Anvers, 1997, (Achat avec l'aide du Fonds régional d'acquisitions pour les musées de Picardie.) ; Anvers

Informations complémentaires

Exposition

Paris, Salon des Beaux-Arts de Paris, 1997. (p.88) Amiens, musée de Picardie, Couleurs d'Italie. Peintures méridionales des musées d'Amiens, 1998-1999. (pp.11, 13 (notice de Matthieu Pinette)) Lyon, musée des Beaux-Arts, Lille, palais des Beaux-Arts, Settecento. Le siècle de Tiepolo. Peintures italiennes du XVIIIe siècle exposées dans les collections publiques françaises, 2000-2001. (p.259, n°107 (notice d'Arnauld Brejon de Lavergnée)) Toulouse, Musée des Augustins, Pas la couleur, Rien que la nuance! Trompe-l'oeil et grisailles de Rubens à Toulouse-Lautrec, 15 mars - 15 juin 2008 (n°24, p.88, ill.p.89)

Bibliographie

Gazette des Beaux-Arts, 'Principales Acquisitions des musées en 1997', mars 1998, p. 1-91. (p.10, n°38) Pinette Mathieu, 'Acquisitions : Amiens, musée de Picardie : Bartholomeus van Bassen, Giacomo del Po', La Revue du Louvre, 1998, n° 1, pp. 87-88. (p.89, n°7) Pinette Matthieu, Couleurs d'Italie, couleurs du Nord. Peintures étrangères des musées d'Amiens, 2001, musée de Picardie / Somogy éditions d'art, (280 p. ; ouvrage accompagné d'un CD-Rom contenant l'intégralité des notices). (pp.218-219, ill.)

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