M.P.3057.310.68 ; Centre Jean Charbonneaux (981 0388)
Lécythe attique à figures noires
480 av JC
Hauteur en cm 22.8 ; Diamètre en cm 7
inscription (grec)
inscription, sur la panse, près de la tête du bouc : Kalos, traduction : beau
Argile, peinture, détails incisés ; Le lécythe, dont le col très long, presque cylindrique, accosté d'une seule anse verticale, se termine par une large embouchure plate, se caractérise par une panse circulaire, dont l'arête de l'épaule est vivement exprimée, qui s'amincit dans sa partie inférieure pour reposer presque directement sur un pied à degrés, également circulaire, haut de quelques centimètres. Seule la panse est rehaussée de motifs de couleur noire sur le fond blanc du vase, si l'on fait exception de l'ensemble de traits rapidement disposés sur le plat de l'épaule, dans lesquels on peut deviner des boutons de lotus schématisés à l'extrême. On y voit évoluer, sous un méandre simple entre deux filets, Dionysos, drapé dans un long manteau aux plis marqués par des incisions, qui s'avance, debout, le canthare dans la main gauche. Derrière lui se dessine l'avant-train d'un animal que la longue corne et la barbiche désignent comme étant un bouc, un des animaux familiers du dieu. Derrière Dionysos apparaît une fausse inscription tandis que, près de la tête de l'animal, on peut lire le mot 'Kalos' (beau). Plus loin, un satyre ithyphallique s'engage dans un pas de danse, le buste rejeté vers l'arrière, les bras fouettant l'air de leur mouvement saccadé. De l'autre côté apparaît un second satyre, le buste penché en avant, le thyrse dans la main gauche. Dans le champ décoratif, des rameaux de points symbolisent le cadre végétal dans lequel le thiase dionysiaque, les satyres et les ménades emportés dans une sorte de délire, avaient coutume d'évoluer au sein de la flûte et du tambourin. Sur la partie inférieure de la panse, enfin, seuls deux filets réservés viennent interrompre le fond uniformément noir du vase. Ancêtre par sa forme et sa technique des grands lécythes attiques à fond blanc du Ve siècle avant J.C, le petit vase d'Amiens n'en a pas la qualité du dessin. Si l'incision vient préciser un contour là où le pinceau est resté par trop flou, le torse du silène ou le drapé de Dionysos ne témoignent cependant pas en faveur d'une recherche poussée dans le rendu précis d'une anatomie ou du jeu des plis d'un vêtement. L'artiste a cherché beaucoup plus ici à camper ses personnages par des silhouettes hâtives mais ô combien significatives, dans une scène où la gesticulation des satyres contraste avec la majesté du dieu. Il est vrai d'ailleurs que la destination commerciale de ces vases, que l'on a retrouvés en grand nombre dans les tombes, ne permettait pas aux peintres d'exprimer pleinement leur talent sur chacune de leurs créations. Mais le vase qui a donné son nom au peintre de la Mégère, conservé au musée national d'Athènes, peut dire combien l'artiste était maître d'un art qui, s'il n'avait plus rien à dire dans la voix de la minutie de détail ou de la monumentalité des figures qui avaient été le propre des peintres de figures noires des années 550 avant J.C, valait cependant pleinement par l'aptitude à caractériser, en quelques touches rapides, une situation, un geste, une physionomie.
Grèce, Athènes (lieu de création)
lieu de découverte inconnu
propriété de la commune, legs, Amiens, musée de Picardie
1927
Collection privée, Maignan Albert, 1927, (n° 68 du legs)
Rouen, Musée départemental des antiquités, Hommes, Dieux et Héros de Grèce, 23 octobre 1982-31 janvier 1983.
John Davidson Beazley, Attic black-figure vase-painters, Oxford, Clarendon press, 1956. (p. 709, n° 5 bis) Rouen, Musée départemental des antiquités, Hommes, dieux et héros de la Grèce, cat. expo, Rouen, Impr. Lecerf, 1982. (p. 266 et 267, fig. 108 A, 108 B et 108 C) Noël Mahéo (dir.), 'Les Collections archéologiques du musée de Picardie', Amiens, Trois Cailloux, Musée de Picardie, 1990, 331 p. (p. 88 et 89, n° 32 (notice de Sylvie Drivaud))