843.3.6 ; 843.3.1
Les Enfers
Metz, 1593 (?) ; Naples, 1650 (?)
Italie, Naples
1622
H. 113 cm ; l. 175 cm ; TAIL. G (sans cadre) ; H. 133,3 cm ; l. 194,7 cm ; E. 8,5 cm ; VOLUM. 0,2206 (avec cadre)
annotation, date
annoté et daté, en bas, à gauche, dans un cartel : HEV MIHI QVIA IN INFERNO / NVLLA EST REDEMPTIO / 1622.
huile sur toile
Le tableau nous emmène dans le monde infernal. Sur la gauche, Pluton contemple son empire des ténèbres, accompagné de son épouse Proserpine. A leurs pieds, un cartiglio : “Hélas pour moi en enfer il n’y a point de salut”. En bas, à droite, sur le Styx glauque, accoste la barque de Charon remplie de damnés que deux monstres entraînent déjà ; un peu plus en arrière apparaît Cerbère, le terrible molosse tricéphale qu’Hercule tente d’apprivoiser. En bas au centre, des malheureux se pressent autour d’une table où des mages semblent examiner les conditions de leur entrée dans le monde chtonien ; la scène est surmontée d’un long gibet d’oû pendent quatre cadavres. Sur la gauche s’élève une construction étrange, sans doute l’un de ces chars jadis construits pour célébrer certains triomphes ; la charogne d’un équidé, un ossuaire de crânes, des momies désarticulées s’y accumulent ; sur des colonnes se dressent les statues de la Mort et du Temps (Chronos dévorant un enfant) ; l’élévation s’achève par un trophée guerrier, symbole - devenu dérisoire - de la victoire terrestre. L’architecture du lieu, éclairée par des brasiers, tendue d’échelles et de cordes, exhale ponctuellement vapeurs et fumerolles ; d’immenses cavernes aux perspectives infinies débouchant sur des fournaises à de hautes nefs gothiques. La foule grouillante des damnés envahit cet univers impressionnant.
Ce chef-d'oeuvre visionnaire est dû a un artiste lorrain longtemps ignoré : Nomé a été confondu autrefois, sous le nom de Monsù Desiderio ('Monsieur Didier'), avec un peintre de même origine, Didier Barra, actif comme lui à Naples au XVIIe siècle. Le tableau nous plonge dans le monde infernal [...]. Nomé a rendu ce monde de désolation avec un sens aigu du dramatique dans l'esprit fantastique et catastrophique dont il s'est fait la spécialité et qui a connu à Naples [...] un succès tout particulier ; l'imaginaire de l'artiste, fécondé sans doute par la lecture de L'énéide de Virgile, fonctionne comme la vaste mise en scène de quelque mystère médiéval. (in PINETTE Matthieu et SOULIER-FRANCOIS Françoise, De Bellini à Bonnard, Paris, Pierre Zech Editeur, 1992, p.64)
propriété de la commune, don manuel, Besançon, musée des beaux-arts et d'archéologie
1840
CARAFA Giuseppe ; DONZELOT François-Xavier ; Giuseppe Carafa ; François Xavier Donzelot
«Ce chef-d’œuvre visionnaire est dû à un artiste lorrain longtemps ignoré : Nomé a été confondu autrefois, sous le nom de Monsù Desiderio (”Monsieur Didier”), avec un peintre de même origine, Didier Barra, actif comme lui à Naples au XVIIe siècle. Le tableau nous plonge dans le monde infernal [...]. Nomé a rendu ce monde de désolation avec un sens aigu du dramatique dans l’esprit fantastique et catastrophique dont il s’est fait la spécialité et qui a connu à Naples [...] un succès tout particulier ; l’imaginaire de l’artiste, fécondé sans doute par la lecture de L’Enéide de Virgile, fonctionne comme la vaste mise en scène de quelque mystère médiéval.» in PINETTE Matthieu et SOULIER-FRANCOIS Françoise, De Bellini à Bonnard, Paris, Pierre Zech Editeur, 1992, p.64 « Les Enfers constitue un excellent exemple du monde de Nomé : laissant libre cours à son imagination, il crée un univers fantastique, semblable à un décor de théâtre, peuplé de minuscules personnages gesticulant. Le coup de pinceau est fébrile, avec des « impastos », traités dans les jaunes sur fond sombre. La peinture quasi monochrome caractéristique de Nomé, est traitée avec ce graphisme particulier qui n’est pas sans évoquer ses compatriotes maniéristes lorrains, Callot ou Bellange. Son univers étrange chargé de symbolisme pouvait séduire les amateurs napolitains. C’est particulièrement dans ce contexte théâtral, où une atmosphère de désolation et où des éclairages violents procurent une impression de catastrophe qu’il est aujourd’hui redécouvert et étudié à nouveau.» in BREJON de LAVERGNÉE Arnauld (sous la dir. de), “Peintures napolitaines du Musée des Beaux-Arts et d’Archéologie de Besançon”, 1986, p.19 (notice par Isabelle HUSS)
2021-2022, Inferno ; Rome, Scuderie del Quirinale, 15 octobre 2021 - 9 janvier 2022 2005-2006, Mélancolie, génie et folie en occident : en hommage à Raymond Klibansky, 1905-2005 : Galeries nationales du grand palais, Paris, 10 octobre 2005 - 16 janvier 2006 ; Neue Nationalgalerie, Berlin, 17 février - 7 mai 2006
LANCRENON Joseph-Ferdinand, Catalogue des peintures et dessins du musée de Besançon, Besançon, Outhenin-Chalandre Fils, 1844, 16, n° 66 ; LANCRENON Joseph-Ferdinand, Catalogue des peintures, dessins et sculptures du Musée de Besançon, Besançon, Dodivers et Cie, 1853, 20, n° 84 ; LANCRENON Joseph-Ferdinand, CASTAN Auguste (édition revue et complétée par A. Castan) , Musées de Besançon. Catalogue des peintures, dessins et sculptures, Besançon, Dodivers et Cie, 1879, p.40, n°133 ; LANCRENON Joseph-Ferdinand, CASTAN Auguste (édition revue et complétée par A. Castan) , Musées de Besançon. Catalogue des peintures, dessins et sculptures, Besançon, Dodivers et Cie, 1879, 40, n° 133 ; CASTAN Auguste, Musées de Besançon. Catalogue des peintures, dessins, sculptures et antiquités, Besançon, Dodivers et Cie, 1886, 65, n° 144 ; CASTAN Auguste, Histoire et description des musées de la ville de Besançon, Paris, Plon, Nourrit et Cie, 1889, p.81, n° 6 ; COLLECTIF, Musée des Beaux-Arts. Salles des peintures. Guide-catalogue du visiteur , Besançon, Impr. de l'Est, 1949, 18, n° 78 ; CORNILLOT Marie-Lucie, LERAT Lucien, et al., Besançon, le plus ancien musée de France, cat. exp. [février - avril 1957, Musée des arts décoratifs, Paris], Paris, Impr. Tournon, 1957, p.17-18, n°39 ; SLUYS Félix (Dr), Didier Barra et François de Nome, dits Monsu Desiderio, Paris, Editions du Minotaure, 1961, n°1 ; BREJON de LAVERGNEE Arnauld (sous la dir. de), Peintures napolitaines du musée des Beaux-Arts et d’Archéologie de Besançon, cat. exp. [3 juillet - 4 octobre 1982, Musée des beaux-arts et d'archéologie, Besançon] (réédition réalisée à l’occasion de l’exposition de ces peintures au musée d’Unterlinden à Colmar en avril - mai 1986), Besançon, Musée des Beaux-Arts et d’Archéologie de Besançon, 1982, p.19, n°6 ; COLLECTIF, Escales du baroque, cat. exp. [8 oct. 1988 - 27 janvier 1989, Centre de la Vieille Charité, Marseille], Paris, Adam Biro, 1988, p.204, n°62 ; NAPPI Maria Rosaria, François De Nomé e Didier Barra : l'enigma Monsù Desiderio, Milan, Jandi Sapi ed, 1991, p.155-158, et passim, n° A 82, repr. ; PINETTE Matthieu, SOULIER-FRANÇOIS Françoise, De Bellini à Bonnard. Chefs-d’oeuvre de la peinture du Musée des Beaux-Arts et d’Archéologie de Besançon, Paris, Pierre Zech Editeur, 1992, p.64, reprod. en couleurs p.65 ; COLLECTIF, De la Lorraine, cat. exp. [25 avril - 26 juillet 2004, Musée de Metz, Metz et Musée des Beaux-Arts, Nancy], Paris, Hazan, 2004, p.144-145, reprod. en couleurs n°74 ; CLAIR Jean (sous la dir. de), Mélancolie : génie et folie en Occident, cat. exp. [10 oct. 2005 - 16 janvier 2006, Grand Palais, Paris, 17 février - 7 mai 2006, Neue Nationalgalerie, Berlin], Paris / Berlin, coéd. RMN / Gallimard / Staatliche Museen zu Berlin, 2005, p.75, reprod. en couleurs n°18 ; ZAMORA Lois Parkinson, The Inordinate Eye. New World Baroque and Latin American Fiction, Chicago, The University of Chicago Press, 2006, p.140 ; Guide des collections. Musée des beaux-arts et d’archéologie de Besançon, Besançon, Milan, Silvana Editoriale, 2018, 157 ; Inferno, Rome (Scuderie del Quirinale), 15 octobre 2021 - 9 janvier 2022, 112, cat. 36 ; L’oeil et la main. Les peintures italiennes du musée des Beaux-Arts et d’Archéologie de Besançon, Milan, , 128-129, cat. 37