OA 1193
L'amphore est attribuée au peintre Aison par J. D. Beazley. Ce peintre, contemporain du peintre d'Erétrie, maître du peintre de Meidias, semble actif à Athènes durant le dernier tiers du Vème siècle av JC Aison est connu par une signature sur une coupe du musée archéologique de Madrid (inv. 11265), représentant les exploits de Thésée. C'est à partir de ce point de départ qu'un ensemble de vases lui est attribué. Son style, teinté par le classicisme parthénonien, se caractérise par des figures clairement espacées, plastiques et par le naturel vivant de leur attitude. Il cultive aussi un certain goût pour les diagonales vigoureuses dans des scènes de combats où les protagonistes demeurent toujours bien lisibles les uns par rapport aux autres. Le vase du musée Condé est une heureuse illustration de ses productions, exportées jusqu'en Italie du Sud.
450 av JC-425 av JC
figures rouges
H. 35 ; D. 18
inscription, graffiti (grec)
face et revers, graffiti sous le pied
Le vase est muni d'anses torsadées, son col est décoré de frises de palmettes et de fleurs de lotus enchaînées. Un registre composé de séries de quatre méandres, interrompues par un motif de damier, sert de ligne de sol aux deux scènes figurées.
Sur la face principale, une amazonomachie met aux prises la reine des Amazones, Hippolyte, Deinomaché et Thésée, tout trois désignés par des inscriptions. Le héros attique par excellence est représenté conventionnellement nu et imberbe. Il est coiffé d'un casque corinthien, armé d'une épée au côté gauche et d'un bouclier au bras gauche. Le fer de sa lance s'enfonce dans le flanc d'Hippolyte. Celle-ci, sur un cheval cabré, riposte vainement par un coup de lance qui glisse sur le bouclier de son assaillant. La reine est coiffée d'un bonnet phrygien, le tissu de sa tunique à manches est semé d'étoiles et bordé de palmettes, sa poitrine est couverte d'une étoffe à losanges. Ses anaxyrides sont ornés de lignes brisées horizontales. En arrière d'Hippolyte, Deinomaché combat à pied. Elle s'apprête à décocher une flèche à Thésée. Son costume ne diffère de celui de la reine que par la tunique qui semble plus lourde et se couvre cette fois de taches annulaires. L'invasion des Amazones en Attique et leur défaite est un mythe populaire à Athènes : Thésée ayant enlevé Antiope, la reine Hippolyte et ses guerrières assaillent Athènes pour libérer la captive mais sont défaites par le héros. Les Amazones sont orientales, la déroute qu'elles subissent prend un sens tout symbolique lorsque les grecs repoussent l'invasion perse, entre 490 et 480. Le mythe est ainsi représenté par le peintre Micon à la stoa Poikile durant le deuxième quart du Vème siècle av JC Si les Amazones combattent le plus souvent à pied sur les vases attiques du VIème siècle av JC, elles sont couramment figurées en cavalières au cours du Vème siècle. La mise en scène de trois personnages, opposant un héros à pied à une Amazone sur un cheval cabré, assistée d'une archère, toutes deux vêtues à l'orientale, se retrouvent fréquemment sur les vases attiques de la seconde moitié du Vème siècle av JC Thésée est souvent représenté, luttant contre Hippolyte, Antiope ou Mélousa. Sur le revers du vase, trois personnages debout sont figurés, également espacés. Celui du milieu est un jeune homme, Polités, représenté un pétase rejeté dans le dos, les pieds chaussés de bottines et vêtu d'une chlamyde retombant en plis élégants. Son bras droit s'appuie sur une pique. Devant Polités, une femme, Deinomaché, lui présente une phiale . Elle est vêtue d'un chiton et d'un himation, ses cheveux sont soulevés par un bandeau et porte aux bras des bracelets en forme de serpent. Sur la gauche, Phylonoé est vêtue d'un chiton et d'un himation, ramassé autour des jambes, qu'elle retient de la main droite. De la main gauche, elle soulève un pli très délié du col de sa tunique. Ses cheveux sont ceints par une stéphané décorée de palmettes. L'interprétation de cette scène a été matière à discussion. Se fondant sur l'identité du nom Deinomaché, donné d'une part à l'amazone défendant Hippolyte, d'autre part à la femme tendant une phiale au jeune éphèbe, Visconti, publié par Panofka, s'est efforcé de démontrer que l'amphore fut fabriquée à l'occasion d'un mariage. Deinomaché, la mariée ou l'une de ses parentes, serait représentée lors de la cérémonie de mariage, s'apprêtant à faire une libation avec la phiale. Le peintre aurait choisi ensuite un épisode mythologique mettant en scène son homonyme pour la flatter. Rien ne prouve cependant que la scène du revers du vase représente un acte lié à une cérémonie de mariage. Il paraît plus probable que le sujet du revers s'inscrive dans la vaste série des scènes de départs d'éphèbes ou de guerriers, prenant congé de leur famille pour partir en expédition, salués par une libation. Polytés est effectivement vêtu en voyageur, comme le signalent pétase, chlamyde et bottines. Le peintre fait ainsi simplement allusion à un fait courant de la vie athénienne et à un mythe prisé dans la cité.
Grèce, Athènes (lieu d'exécution)
Italie ; Nola ; fouilles ; (1798 avant, date de découverte)
Cette amphore à col à figures rouges a été découverte lors des fouilles organisées par le marquis Nicola Vivenzio, sur ses terres près de Nola, avant 1798, date à laquelle l'objet est décrit pour la première fois dans sa collection. Un récit, apparu chez Millin et repris par la suite, nous apprend qu'elle reposait ' dans une urne en pierre commune garnie d'un couvercle scellé.'
propriété privée personne morale, donation sous réserve d'usufruit, Chantilly, musée Condé, interdiction de prêt ou de dépôt
1886 date d'acquisition ; 1897 entrée matérielle
1798, collection Vivenzio ; 1801, collection Durand ; 1813, collection Pourtalès Gorgier. Achat le 14 février 1865, lors de la vente de la collection Pourtalès, par l'intermédiaire de H. de Triqueti ; Henri d'Orléans duc d'Aumale. L'amphore est acquise en Italie par le chevalier Edme-Antoine Durand en 1801 et reste en sa possession jusqu'en 1813, date de son passage dans l'une des collections les plus prestigieuse du XIXème siècle, celle du comte de Pourtalès-Gorgier. Millin l'y décrit comme ' le roi des vases de la galerie '. Son achat lors de la vente Pourtalès, en 1865, enrichit la collection du duc d'Aumale d'un antique parmi les plus renommés.
De l'Egypte à Pompéi : le cabinet d'antiques du duc d'Aumale, Chantilly, musée Condé, 5 juin - 9 septembre 2002
Bothmer Denoyelle, 2002 (revue du Louvre, à paraître) ; Beazley, ARV2, p. 1176, n° 25 ; Bothmer, 1957, p. 182, n° 68, pl. 80, 4 ; Macon, 1907, p.11 ; Patroni, 1900, pl. 17 ; cat. de la vente Pourtalès, 6 février 1865, p. 52, n° 214 ; Dubois, 1841, p. 49, n° 203 ; Panofka, 1834, p. 3-20, pl. 35-36 ; Millin, 1802, p. 335-376 ; PVA, I, 1808, pl. 10 ; Comparaison : Bothmer, 1957, p. 181-184 ; Beazley, ARV2, p. 1174-1176; Ludovic Laugier, De l'Egypte à Pompéi : le cabinet d'antiques du duc d'Aumale, Ed. Somogy - musée Condé, 2002, p. 42-44