OA 1128
Prêtresse ou orante
romain
H. 63 ; La. 27 ; P. 20
La jeune femme, en appui sur la jambe gauche, est vêtue d'une tunique finement plissée, dégrafée sur l'épaule gauche, laissant apparaître le sein. Un manteau couvrant les jambes, s'étend en écharpe autour des bras levés et du dos. Le visage, aux traits idéalisés, présente peu de détails réellement achevés, la bouche mise à part. La chevelure s'organise au-dessus du front en mèches bouclées descendant vers les oreilles à partir d'une raie médiane. La calotte crânienne est couverte d'un voile.
La statuette fait référence à un type statuaire élaboré à l'époque augustéenne, connu par au moins douze exemplaires de grandes dimensions. Le prototype représentait l'impératrice Livie, les bras écartés en signe d'adoration. La propagande impériale soulignait ainsi la piété de l'épouse d'Auguste, portraiturée en prêtresse ou en orante. La statue du musée du Capitole (Jones, Scult. cat. Capitol., p. 27, n° 8) fournit un exemple significatif. Par la suite, le modèle a servi pour accueillir différents portraits encastrés dans une cuvette à la limite de la tunique. Une statue en marbre du musée de Berlin (inv. SK 496) présente par exemple un portrait de l'impératrice Sabine. La statuette du musée Condé, si elle provient bien d'un site détruit par le Vésuve en 79, pourrait chronologiquement faire référence au type élaboré pendant le dernier quart du Ier siècle avant J.-C. Cependant son échelle est surprenante : ce thème n'est pas connu en petite statuaire décorative. Un point attire particulièrement l'attention : la tunique laisse l'un des seins dévoilé. Aucun exemplaire du type ne présente un tel motif : les prêtresses comme les orantes sont toujours austèrement drapées. Cette incohérence, à laquelle s'ajoute la sécheresse de la taille des plis du manteau, fait douter de l'antiquité de l'uvre, malgré son état fragmentaire.
Ce n'est que dans les inventaires d'Orléans House, dressés entre 1853 et 1872 (arch. du musée Condé, 157c 15, f° 78 et 157c 16, f° 83, 84), que la provenance ' Herculanum ' apparaît pour les marbres de la collection du prince de Salerne, y compris pour le OA 1125 découvert à Rome, via Appia et les OA 1128 et 1124, datés deux siècles après l'éruption du Vésuve. Tout au plus, peut-on admettre que les statuettes décoratives OA 850 à 853 et OA 1126 et 1127 proviennent probablement d'habitations de la région de Pompéi et Herculanum.
Italie, Campanie (lieu d'exécution, ?)
propriété privée personne morale, donation sous réserve d'usufruit, Chantilly, musée Condé, interdiction de prêt ou de dépôt
1886 date d'acquisition ; 1897 entrée matérielle
achat de la collection du prince de Salerne, 1854 ; Henri d'Orléans duc d'Aumale. Fait partie d'un ensemble de marbres romains acquis, en 1854, avec la collection que le prince de Salerne possédait à Naples
De l'Egypte à Pompéi : le cabinet d'antiques du duc d'Aumale, Chantilly, musée Condé, 5 juin - 9 septembre 2002
cat. de vente de la collection du prince Léopold de Salerne, 1852, p. 38, n° 194 ; Comparaison :Bieber, 1977, p. 198, pl. 138 ; Ludovic Laugier, De l'Egypte à Pompéi : le cabinet d'antiques du duc d'Aumale, Ed. Somogy - musée Condé, 2002, p. 111-112