OA 1202
Minerve
romain
H. 18
Etiquette n° 55
Cette figurine en bronze, coulée à la cire perdue, représente une divinité casquée : Minerve. Ses bras étaient fondus à part et rapportés, tout comme le cimier du casque. Ses yeux et les lanières de ses sandales sont incrustés en argent. La déesse, légèrement penchée vers l'avant, fait une grande enjambée : sa jambe droite est avancée, sa jambe gauche dégagée vers l'arrière, appuyée sur la seule pointe du pied. Elle tourne légèrement la tête vers la droite. Un chiton fin couvre le corps de Minerve, accroché sur l'épaule gauche par une fibule incrustée en argent. Cette tunique est griffée par quelques plis, visibles sur la partie supérieure gauche du torse. Entre les jambes, elle dessine cinq grands plis en serviette. Un court himation transversal, particulièrement orné, est agrafé sur l'épaule droite. Une série de plis en zigzag agrémente le bourrelet transversal et contraste avec la simplicité du chiton ; à partir de l'épaule et du sein droits, des plis en serviette dessinent un riche réseau. Les plis les plus proches de l'axe de la figure forment sur les deux cuisses une longue queue d'hirondelle. Ce système décoratif se retrouve symétriquement au revers de la figure. Minerve présente un visage à l'ovale régulier, elle porte un casque à visière, laissant échapper les mèches volumineuses de sa chevelure, qui ondulent vers les tempes et sont réunies en chignon bas dans la nuque.
La figurine entre dans un type fort répandu, celui des Athéna Promachos, élaboré en Grèce au VIème siècle avant J.-C. Elle devait brandir une lance et un bouclier. L'épaule gauche, légèrement penchée, laisse penser que le bouclier était de ce côté. L'absence de l'égide sur la poitrine, un des attributs les plus fréquents de la déesse, est étonnante.
oeuvre en rapport
Une petite Minerve en bronze, conservée à la Walters Gallerie de Baltimore, très proche par son attitude et son drapé, est comparable à celle de Chantilly. Ce type de statuette, qui semble avoir eu un certain succès, doit avoir été élaboré à Rome ou encore en Campanie, peut-être sur les modèles de la grande statuaire. La péninsule a effectivement fourni de nombreux exemples de plastique archaïsante, notamment la grande Athéna Promachos en marbre du musée national de Naples (inv. 6007), provenant de la villa des Papyri, à Herculanum.. La Minerve du Musée Condé est probablement une importation. En effet aucune production archaïsante comparable n'est pour l'heure attestée en Gaule romaine. Mise au jour près de Besançon, son utilisation première ne peut être déterminée avec certitude : elle
Italie, Rome (?, lieu d'exécution), Campanie (?, lieu d'exécution)
France ; Doubs ; Besançon (lieu de découverte) ; (1805, date de découverte) ; découverte fortuite
découvert en 1805 au lieu-dit ' les Graviers Blancs ', à 4 kilomètres de Besançon ; tout comme l'OA 1203. Cette statuette aurait été découverte entre deux rochers, avec le Jupiter OA 1203, une allégorie de l'Abondance et un petit cerf (tous deux, ancienne collection Pourtalès, Dubois, n° 615 et 536) et avec quelques restes humains calcinés. Cet ensemble pourrait avoir décoré le laraire d'une riche maison de la région : la figure de l'abondance et plusieurs divinités gréco-romaines sont fréquemment combinés dans les petits sanctuaires domestiques
propriété privée personne morale, donation sous réserve d'usufruit, Chantilly, musée Condé, interdiction de prêt ou de dépôt
1886 date d'acquisition ; 1897 entrée matérielle
acquise par le comte de Pourtalès-Gorgier en 1820 ; achat à la vente Pourtalès, le 6 février 1865, par l'intermédiaire de H. de Triqueti ; Henri d'Orléans duc d'Aumale. Ce petit bronze de grande qualité, acquis de haute lutte à la vente Pourtalès est à juste titre une des oeuvres les plus renommées du cabinet d'Antiques du duc d'Aumale.
De l'Egypte à Pompéi : le cabinet d'antiques du duc d'Aumale, Chantilly, musée Condé, 5 juin - 9 septembre 2002
Zagdoun, 1989, p. 66 et 197, pl. 8, fig. 34-35 ; n° 130 ; Boucher, 1976, p. 140 ; Lerat, 1964, p. 132, fig. 42 a ; Niemayer, 1960, p. 87, n° 2 ; Heuzey, 1897, p. 5-14, pl. I-II ; Reinach, II, p. 10, n° 3 ; Macon, 1907, p. 11 ; cat. de la vente Pourtalès, 1865, p. 112, n°556 ; Dubois, 1841, p. 104, n° 537, Panofka, 1834, p. 26-28, pl. IV. ; Comparaison :Hill, 1949, p. 89 , n° 184, pl. 38 ; Ludovic Laugier, De l'Egypte à Pompéi : le cabinet d'antiques du duc d'Aumale, Ed. Somogy - musée Condé, 2002, p. 116-118