OA 1204
Satyre
romain
H. 18.5
Ce petit bronze à la cire perdue, représente un satyre, reconnaissable à ses petites cornes naissantes, ses oreilles pointues et sa queue au bas du dos. Les yeux sont rapportés en argent, comme sur la plupart des bronzes romains de bonne facture. Le personnage est saisi en élan vers la gauche, prenant appui sur la jambe droite, la jambe gauche nettement dégagée. Le pied droit semble en partie arraché. Le bras droit est fermement tendu vers l'avant, la main fermée sur un objet qui n'est plus conservé. L'arrachement de l'épaule gauche suggère que le bras correspondant était levé. Le torse, déployé latéralement, est vigoureusement modelé tout comme les bras et les jambes. La toison pubienne est soigneusement reprise à froid. La tête est portée par un cou épais et court. La chevelure en bataille est traitée en mèches volumineuses et bouclées. Le visage se caractérise par ses traits camus et une certaine expressivité : les sourcils broussailleux sont froncés, le front ridé et la bouche entrouverte. La dissymétrie des oreilles, la droite baissée, la gauche dressée, achève d'animer la figure, saisie en pleine action.
Le mouvement du satyre oscille entre la course et la danse : il semble participer aux élans d'une transe bacchique. Dans sa main gauche, il pouvait brandir une nébride, la peau de cervidé dont il se vêt traditionnellement, ou plutôt un objet de section circulaire : un thyrse, un pedum ou un lagobolon. Malgré la tension du bras, l'arc est à exclure : les satyres sagittaires ne sont pas attestés pendant l'antiquité. La statuette rappelle dans son attitude certains personnages des cortèges dionysiaques, visibles sur les reliefs néoattiques que les Romains commandent aux artistes grecs, à partir du IIème siècle avant J.-C. Le relief découvert à Herculanum du Musée national de Naples (inv. 6726), montrant un satyre en plein mouvement, en est un des nombreux exemples.
oeuvre en rapport
L'arrachement du pied, son peu d'épaisseur peuvent laisser penser que la statuette servait d'élément décoratif, pour une luminaire ou quelque pièce de mobilier. Elle est cependant trop grande pour garnir le couvercle d'une lampe, dont elle tiendrait la chaînette. Le satyre du Musée Condé peut éventuellement être comparée à une statuette provenant de la villa des Papyri, à Herculanum, représentant un faune dansant (Naples, Musée archéologique national, inv. 5294), datée du Ier siècle avant J.-C. ou du Ier siècle :cette dernière est cependant marquée par plus de liberté dans son attitude.
Italie (?, lieu d'exécution)
France ; Aisne ; Buironfosse (lieu de découvert) ; découverte fortuite ; site de plein air ; (1854, date de découverte)
La statuette a été découverte à Buironfosse (Aisne), dans un champ, par un cultivateur en octobre 1854, en dehors de tout contexte archéologique. Aucun exemplaire comparable ne semble avoir été découvert en Gaule romaine jusqu'à aujourd'hui : la statuette est probablement une importation, fabriquée en Italie.
propriété privée personne morale, donation sous réserve d'usufruit, Chantilly, musée Condé, interdiction de prêt ou de dépôt
1886 date d'acquisition ; 1897 entrée matérielle
achat à l'abbé Tourneux, curé de Gercy, en 1875 ; Henri d'Orléans duc d'Aumale
De l'Egypte à Pompéi : le cabinet d'antiques du duc d'Aumale, Chantilly, musée Condé, 5 juin - 9 septembre 2002
Macarez, 1992, p. 68 ; Picard, 1949, p. 59-68, fig. 1-3 ; Macon, 1907, p. 11 ; Ludovic Laugier, De l'Egypte à Pompéi : le cabinet d'antiques du duc d'Aumale, Ed. Somogy - musée Condé, 2002, p. 120-121