Génie civil ; ouvrage d'art ; pont
Viaduc de chemin de fer, dit viaduc de La Voulte
Auvergne-Rhône-Alpes ; Ardèche (07) ; La Voulte-sur-Rhône
Livron et Voulte ; sur le Rhône au km 4.595
20e siècle
20e siècle
1953 ; 1965
La S.N.C.F. dispose, entre Lyon et la Méditerranée, de deux lignes indépendantes encadrant le Rhône de Lyon à Tarascon. Les échanges entre ces deux lignes s’effectuent par le nœud ferroviaire de Lyon et par cinq transversales reliant respectivement : Chasse-sur-Rhône à Givors ; Saint-Rambert-d’Albon à Peyraud ; Livron à La Voulte ; Avignon à Pont-d’Avignon ; Tarascon à Nîmes par Beaucaire. Ces transversales franchissent le Rhône sur des ouvrages importants qui, au cours de la guerre 1939-1945, furent tous, soit détruits, ou fortement avariés. A La Voulte, le viaduc traverse le Rhône entre les gares de Livron et de La Voulte. L’ouvrage primitif construit en 1861, date de l’année de l’ouverture de la ligne Livron-Privas. Il fut renforcé par l’Entreprise Boussiron en 1923. Il se composait de cinq arches en fonte de 55,60 m d’ouverture reposant sur des piles et des culées en maçonnerie ; il supportait une seule voie. En août 1944, un bombardement allié détruisit quatre arches et les piles 3 et 4 (numérotées à partir de la rive gauche), ébranlant fortement les piles 1 et 2. De 1953 à 1956, l’ingénieur Esquillan se charge de sa reconstruction, en béton précontraint, c’est la première réalisation de ce type en Europe. Avec le viaduc de La Voulte, Esquillan entrevoit, dès 1953, un univers formel nouveau : « appréciera-t-on, s’interroge-t-il, ces lignes dépouillées, ces béquilles inclinées inhabituelles, ces parements bruts de décoffrage, cette apparente sécheresse qui recèle tant de recherche et masque la puissance des 4 200 t de précontraintes emprisonnées dans chaque traverse ?".
Le viaduc pour voie unique, de 300 mètres de longueur, est constitué de cinq portiques en béton précontraint de 56 mètres de portée. Ces portiques sont reliés par des petits tabliers en béton armé indépendants dont la portée varie de 4,46 à 8,36 mètres. Le viaduc réutilise les piles de fondation du pont primitif datant de 1861. Les portiques sont soutenus par des béquilles (éléments parallélépipédiques qui ont un rôle de voussoirs). On retrouve deux béquilles qui reposent sur chacune des cinq piles. La largeur du tablier est de 5,50 mètres. Pour la mise en tension des câbles, on choisit l’utilisation de la « précontrainte Boussiron » où la tension des câbles est obtenue par traction et torsion (à la différence de la précontrainte Freyssinet où la tension des câbles est obtenue par traction seule). Les gaines sont, après la mise en tension, injectées de mortier de ciment afin de protéger les fils contre l’oxydation et d’assurer leur liaison avec le revêtement. Lors de la phase d’exécution, les travaux ont été conduits de manière à éviter tout échafaudage de cintre dans le lit du Rhône. Les béquilles ont été exécutées par tranches de 1,20 mètres de hauteur. Les câbles de précontraintes ont été mis en place et réglés avant le début du bétonnage, l’exécution de la traverse est effectuée à avancement par voussoirs symétriques en encorbellement de 2,75 mètres de longueur au moyen d’un échafaudage roulant suspendu à un pont Bailey. Ces voussoirs sont exécutés en porte-à-faux avec mise en tension après bétonnage de chaque voussoir. L’entreprise Boussiron proposa de réutiliser les piles anciennes, et pour tenir compte de l’augmentation des charges roulantes, d’assurer leur stabilité en transmettant la poussée par des béquilles. La solution présentait un triple avantage : l’amélioration de la sécurité par suppression des suspentes, mais aussi la réduction des efforts sur les fondations par l’abaissement du point d’application des poussées, enfin la continuité de l’ouvrage et la sobriété des lignes.
2003
2020
Rigot Joseph ; Vitali Françoise ; Chabal Anne-Sophie
Dossier individuel