Urbanisme et espaces aménagés ; secteur urbain ; secteur urbain concerté ; lotissement
Cité ouvrière, dite cité de la Soie (grande cité, petite cité, 3 villas de directeurs, Usine Tase)
Auvergne-Rhône-Alpes ; Rhône (69) ; Vaulx-en-Velin ; chemin de la Poudrette ; rue Alfred-de-Musset ; avenue Roger-Salengro
Poudrette (chemin de la) ; Alfred-de-Musset (rue) ; Roger-Salengro (avenue)
20e siècle
20e siècle
1924
Construite dans les années 1920 sous l’impulsion d’Edmond Gillet, de Louis et Lucien Chatin ainsi que d’Ennemond Bizot, cette cité, véritable petite ville (également appelée " petite cité "), a été conçue comme une transposition spatiale de la hiérarchie de l’usine. A la division du travail correspondait une division de l’espace, à un certain niveau de qualification, une certaine qualité de logement. C’est un des premiers sites d’industrialisation de la soie artificielle (viscose) en France. Elle est appelée d’abord SASE (Soies Artificielles du Sud-Est). 168 pavillons de 1 à 6 logements destinés aux ingénieurs et chefs d’équipe constituent « les Petites Cités », 20 immeubles collectifs destinés aux ouvriers et manœuvres composent « les Grandes Cités ». La vie de la Cité s’est organisée autour de l’usine, construite en 1924 pour l’industriel Gillet, spécialisé dans la soie noire du chapeau claque. L’usine est destinée à produire de la viscose. Dès 1927, elle employe trois mille salariés à feu continu. Les ouvriers lyonnais étant rebutés par les conditions de travail difficiles, le groupe Gillet fait largement appel à la main-d’œuvre étrangère (c’est notamment l’époque où de nombreux Arméniens, Grecs et Italiens arrivent en France). En 1930, 2 000 personnes travaillent à la “Tase”, (Textiles Artificielles du Sud-Est), puis environ 1 500 personnes jusqu’à la fin des années 1960. L’industrie de la soie artificielle compte 14 usines en France. En 1955 celle de Vaulx-en-Velin prend le nom de CTA (Comptoir Artificiel du Sud-Est) puis en 1971 elle est rachetée par Rhône-Poulenc et devient RPT (Rhône-Poulenc Textiles). A partir de 1975 c’est une réduction drastique qui s’organise jusqu’à la fermeture en 1980 malgré les 600 ouvriers travaillant toujours sur le site. C’est la fin de « l’usine providence ». La ville mettra plus de 10 ans à combler le vide social, culturel et d’animation laissé par le départ de l’entreprise. Production et invention de nouveaux tissus : En 1925 la fabrication de la Rayonne 100 deniers 40 brins dit " le Super ». C’est un fil très demandé dans la région lyonnaise, la production s’élève à 9 tonnes par jour. 1935 voit une nouvelle création « la Fibrane », de la même manière la production se développe jusqu’à atteindre 9 tonnes par jour. En 1950 c’est une nouvelle révolution avec les nouveaux métiers à tisser, les IRC et la création d’un nouveau fil pour les carcasses de pneumatiques « fil pneu ». Les années 1970 sont difficiles pour les textiles artificiels. En 1971, l’unité de fil Nylon et du Tergal est créée et produit jusqu’en 1980. En 1975, la production rayonne est arrêtée. Cette cité industrielle, conçue pour avoir son entière autonomie sur un terrain de 20 hectares contigu à l’usine Gillet, est une des cités-jardins les plus importantes de la banlieue lyonnaise et des plus élaborées sur le plan architectural et urbanistique. Le quartier est entièrement réhabilité en 1981, lors de la fermeture de l’usine. Celle-ci est désormais une friche industrielle. L’association « Peuplement et migration » nourrit le projet de créer dans l’usine désaffectée, un Centre d’interprétation de l’histoire des peuplements et migrations en Europe. Ce projet devrait aboutir en 2006.
La façade de l’usine s’inscrit dans le style Tony Garnier, matinée d’une influence « Art Nouveau ». Elle présente 2 étages carrés en béton armé, et est composée tout en longueur, rythmée par 4 avant-corps eux-mêmes cadencées par de larges baies carrées. Le premier avant-corps localisé à l’est correspond à la partie directoriale de l’usine, il est de facture plus soignée : couronné par un attique et ajouré par 3 travées de baie légèrement cintrées. Les ateliers sont composés de plateaux décloisonnés soutenus par une série de piliers centraux, en béton. Le sol est en béton. L’architecture de la cité étonne par sa diversité et son originalité, ainsi que par le tracé des rues dont la sinuosité est loin du fonctionnalisme de certaines autres cités industrielles. Trois grandes villas pour les directeurs, sont localisées un peu à l’écart (rue de la Poudrette). Elles se composent de huit à douze pièces et sont entourées d’un jardin privatif de 2 000 m². Neuf villas équipées de salles d’eau, d’une superficie de 140 mètres carrés, sont destinées aux ingénieurs. Les maisons des contremaîtres sont, quant à elles, édifiées suivant deux logements de 51 mètres carrés et ne s’élèvent que sur un étage. Enfin, les pavillons ouvriers regroupent plusieurs logements de 50 à 68 mètres carrés sur deux niveaux. L’ensemble urbain ainsi constitué comprend un stade avec terrain de football, un centre médico-social, des bains-douches, une chapelle construite en bois, une bibliothèque, un centre social, une crêche, une école, un institut d’apprentissage et foyer d’hébergement pour les jeunes filles de la campagne ou de pays étrangers venues trouver de l’ouvrage (hôtel Jeanne d’Arc), et même… ses commerces ; de la boulangerie à la mercerie en passant par le café-tabac, tout est sur place, les jardins ouvriers aussi, de part et d’autres des immeubles. Lorsque l’usine a fermé ses portes, tout un monde s’est éffondré. Aujourd’hui, les maisons sont encore habitées par d’anciens ouvriers.
2003
2020
Halitim-Dubois Nadine ; Tosi-Remy Annie
Dossier individuel