Génie civil ; ensemble du génie civil ; voie ferrée
Voie d'aérotrain (vestiges)
Centre-Val de Loire ; Loiret (45) ; Artenay ; Cercottes ; Chevilly ; Ruan ; Saran ; de Saran à Ruan via Chevilly
20e siècle
20e siècle
1969
L’ingénieur en aéronautique Jean Bertin fonde en 1955 une société destinée à exploiter, en particulier dans le domaine des transports, les transferts de technologie : elle développe des systèmes exploitant le phénomène d’effet de sol et le déplacement sur coussin d’air. L’intérêt de ce principe réduisant les frottements entre le véhicule et le sol conduit Bertin et Compagnie à créer, en 1965, une société ad hoc avec le soutien de la Délégation interministérielle à l’Aménagement du Territoire et à l’Attractivité régionale (DATAR), pour concevoir des prototypes destinés in fine au transport de voyageurs sur des distances moyennes ou longues. Une première voie d’essai est construite en 1966 à Gometz-la-Ville (Essonne), permettant de valider le principe technique des deux premiers véhicules, qui reçoivent le nom d’Aérotrain. La conception d’un prototype de plus grande taille, pouvant embarquer 80 passagers, rend nécessaire la construction d’une voie d’essai plus longue : la plaine de la Beauce, peu dense, proche de Paris et offrant un profil plat, s’avère donc être à ce titre un lieu idéal. Autorisés en 1967 par le ministère des Transports, les travaux sont terminés deux ans plus tard.
Adoptant un tracé quasiment rectiligne, la voie d’essai relie sur 18 km. la commune de Saran, au nord d’Orléans, à celle de Ruan. Construite en béton armé, elle est entièrement établie en viaduc afin de limiter l’emprise au sol, et repose sur des piliers hauts d’environ 5 m., et espacés d’une vingtaine de mètres. La voie elle-même, large de 3,40 m., présente un profil en T inversé permettant le guidage des voitures de l’Aérotrain ; elle est formée de tronçons monoblocs de 120 m. de longueur reliés entre eux par des joints de dilatation. Deux plateformes aux extrémités permettent le retournement des trains, les opérations de maintenance étant effectuées dans un hangar situé à mi-parcours, sur la commune de Chevilly.
L’infrastructure simple et peu coûteuse de l’Aérotrain était un argument majeur dans sa promotion par l’entreprise Bertin. Équipé d’un turboréacteur, le prototype I80-HV atteint, en 1974, la vitesse impressionnante de 430 km/h. Plusieurs applications sont alors envisagées, notamment la construction d’une ligne reliant Paris à Lyon. Le développement parallèle du projet du Train à Grande Vitesse (TGV) par la SNCF et le choc pétrolier de 1974 privent le projet du soutien de l’État, laissant la voie d’essai de la Beauce sans usage, mais témoignant d’une tentative remarquable de conception d’un nouveau système de transport, représentative de l’essor des recherches technologiques françaises dans la seconde moitié des Trente Glorieuses, et symbolisant les aspirations de toute une génération.
2015
2020
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