Architecture civile publique ; ensemble de l'administration ou de la vie publique ; centre administratif
Hôtel de l'agglomération, ancien centre administratif et culturel
Île-de-France ; Val-d'Oise (95) ; Cergy ; place des Arts ; parvis de la Préfecture
Arts (place des) ; Préfecture (parvis de la)
AX 38
20e siècle
20e siècle
1976 - 1979
Prévoyant un doublement de la population de l’agglomération de Cergy-Pontoise, qui s’élevait déjà en 1979 à environ 100000 habitants dont un tiers ayant moins de vingt ans, l’établissement public d’Aménagement cherche un cœur à la ville nouvelle. Celui-ci doit être capable d’agréger les fonctions de centre culturel et d’hôtel de ville mais aussi manifester l’identité originale et novatrice de Cergy-Pontoise. Le financement a été assuré par quatre maîtres d’ouvrage : le syndicat communautaire d’Aménagement, le ministère de l’Éducation, l’ANPE et l’établissement public d’Aménagement de Cergy-Pontoise. Le coût total de la construction s’est élevé à 76 millions de francs en février 1979 pour environ 40000m2 de bâtiments. Les architectes souhaitent créer un pôle central prenant la forme d’un espace urbain-symbole : une place des Arts destinée à abriter les fêtes et manifestations. Elle se situe à la croisée des cheminements quotidiens entre préfecture, parc, gare et centre commercial, tout en articulant les différentes fonctions de l’édifice lui-même. La conception du centre culturel obéit aux principes qui ont présidé à la conception de l’ensemble de la première tranche de la ville nouvelle : la séparation de la circulation automobile et des cheminements piétonniers, le mélange des fonctions au sein des équipements (commerces, loisirs et halte-garderie au centre commercial, drugstore, cinéma et services administratifs à la préfecture voisine). Services publics, commerces, activités culturelles et de loisirs sont donc réunis au sein d’un même édifice. Des locaux communs et polyvalents, à la disposition, selon leurs besoins, des unités spécialisées, sont intégrés à la réflexion. Les grandes salles à vocation polyvalente sont indépendantes et regroupées sur la rue Haute qui surplombe la place : elle établit une continuité avec la terrasse intermédiaire de l’opération piscine-patinoire et logements conçue par Jean Dubuisson à l’ouest. Les concepteurs travaillent une intégration urbaine minutieuse tout en recherchant une architecture manifeste qui ouvre la voie à de nouvelles réflexions volumique et fonctionnelle pour les équipements publics.
La place des Arts de 1000m2 (située à 5 m au-dessus des voies de desserte automobile) se veut un hall d’entrée protégé mais en plein air, traversé par les piétons. Elle constitue une scène couverte autour de laquelle s’articulent les équipements et un espace urbain se développant sur plusieurs niveaux, ceinturé par une mezzanine publique. Le lieu peut accueillir jusqu’à 600 personnes (150 places assises fixes sur les gradins) sous la verrière fonctionnant comme un grill de théâtre. Le niveau bas de la place dessert initialement un hall d’accueil commun pour le CIO de 500m2, complété par la mission d’Éducation permanente (100m2) et le centre d’Information Jeunesse (250m2) mais aussi les ANPE départementale et locale qui disposent chacune de 400m2. Les programmes s’organisent en couronne autour de cette place : ils suivent une disposition qui, tout en préservant leur autonomie fonctionnelle, met en contact certains éléments dont la fréquentation et les activités sont voisines. Discothèque et bibliothèque ouvrent directement sur l’école de musique. L’auditorium de l’école de Musique est dévolu aux concerts et ballets mais aussi au cinéma, aux conférences et aux grandes réunions. La salle polyvalente de la maison des loisirs sert au théâtre et aux spectacles de création. La salle de réception de l’hôtel de ville sert également aux expositions. Ce dernier ensemble correspond aujourd’hui à l’hôtel d’agglomération. Les quatre édifices principaux s’unissent dans les étages (R+5 maximum) pour constituer une couronne en U ouverte vers l’est. La bibliothèque et ses espaces spécialisés pour les enfants (dont « l’heure du conte, pièce close protégée des bruits) représente 2100m2 d’espaces utiles à l’ouest : elle correspond aujourd’hui à la maison des Arts. Au nord, le conservatoire de musique, de danse et d’art dramatique (R+1 à R+3) a une capacité d’accueil de 2000 élèves pour une surface utile de 1600m2 (33 salles de cours et studios), complété par un auditorium de 280 places. La maison de loisirs contigüe (RDC et R+1) est conçue comme un équipement pilote original de 1800m2 destiné à favoriser les activités socioéducatives et culturelles au sein de deux salles de réunions, deux foyers, quatre ateliers, deux gymnases et une salle polyvalente de 300 places équipée pour le théâtre. Au sud, l’hôtel de ville (6000m2 dont 800m2 de hall et services publics) est alors celui de la ville nouvelle, soit les territoires aujourd’hui étendus sur Boisemont, Boissy-L’Aillerie, Cergy, Courdimanche, Eragny-sur-Oise, Jouy-Le-Moutier, Menucourt, Méry-sur-Oise, Neuville-sur-Oise, Osny, Pierrelaye, Pontoise, Puiseux, Saint-Ouen-L’Aumône et Vauréal. Les locaux administratifs et de réunion sont complétés par deux grandes salles (350m2 chacune) initialement conçue pour le comité syndical et les réceptions-expositions. L’ensemble est aujourd’hui à usage d’hôtel de l’agglomération et de siège des services techniques. Des logements sont présents au 5e étage. Une halte-garderie, des commerces et restauration (2000m2)ainsi qu’un parc de stationnement de 400 places sur deux niveaux sous dalle piétonne complètent le dispositif. Le gabarit général prend une allure épanelée en pyramide irrégulière, évidée de l’intérieur. Cinq piles aveugles de distributions verticales en émergent. La polychromie effectue des contrastes d’aplats entre allèges de céramique bleue, bandeaux en saillies de menuiseries vertes et menuiseries rouges de vantaux de portes piétonnes. Les colles initiales défectueuses des céramiques ont conduit à des sinistres rapides et aux remontages ultérieurs des carreaux. La régularité des joints creux de bandeaux vitrés en encorbellements et la rigueur des rythmes d’élévations dissimulent les emplacements des ouvrants des baies. Ils réduisent au maximum l’emprise visuelle des châssis de second œuvre au profit d’effets horizontaux marqués. Le voyage de l’ombre portée de la structure métallique du grill de la verrière sur la place agit comme un repère temporel que traversent les nombreux piétons qui se dirigent vers la gare RER Cergy-Préfecture.
L’édifice du centre culturel et de l’hôtel de ville constitue le manifeste architectural des innovations urbaines de la ville nouvelle qu’il transpose à une autre échelle. La recherche d’une centralité prend ainsi la forme d’un espace urbain-symbole au travers de la place des Arts, tandis que la séparation de la circulation automobile et des cheminements piétonniers est respectée et le mélange des fonctions au sein de l’équipement recherché. La réflexion, née en 1972, oriente d’abord les architectes George Pencreac’h et Claude Vasconi vers la conception d’une trame simple à laquelle se superpose une seconde trame diagonale marquée par huit éminences verticales. Elles entourent un espace central libre. L’abandon de la fonction muséale, prévue initialement, au profit du programme d’un hôtel de ville ajouté à un théâtre, une bibliothèque, un conservatoire et des services publics et administratif, donne tout son sens monumental au projet. Autorité politique et animation culturelle sont réunies au coeur de la ville nouvelle dans un seul et même lieu qui accueille le public. L’expression architecturale spectaculaire (aplats carrelés de couleurs primaires) et la complexité programmatique du centre font l’objet de publications spécialisées : le contraste avec la préfecture voisine marque le tournant générationnel qui insuffle une nouvelle dynamique de recherche architecturale pour la ville nouvelle.
2022
Public
2022
DRAC IDF et ENSA Paris-Belleville, chaire d’enseignement et de recherche PEPS Patrimoine Expérimentation Projets : étudiants du DSA Architecture et Patrimoine, sous la dir. de Pierre Gommier