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Plateforme ouverte du patrimoine

Ensemble Les Colonnes Saint-Christophe

Désignation

Dénomination de l'édifice

Urbanisme et espaces aménagés ; secteur urbain ; secteur urbain concerté ; grand ensemble

Titre courant

Ensemble Les Colonnes Saint-Christophe

Localisation

Localisation

Île-de-France ; Val-d'Oise (95) ; Cergy ; 7-37 avenue de Mondétour ; place des Colonnes

Adresse de l'édifice

Mondétour (avenue de) 7-37 ; Colonnes (place des)

Références cadastrales

CZ 153 ; CZ 154 ; CZ 159 ; CZ 160 ; CZ 233 ; CZ 236- 239 ; CZ 241-243 ; CZ 246-257 ; CZ 481 ; CZ 482

Historique

Siècle de la campagne principale de construction

20e siècle

Siècle de campagne secondaire de consctruction

20e siècle

Année(s) de(s) campagne(s) de construction

1981 - 1986

Description historique

Tandis que l’établissement public d’Aménagement, Michel Gaillard et Michel Jaoüen, lancent un concours « maison de ville » pour Jouy-Le-Moutier, le site axial prévu pour développer une nouvelle centralité à Saint-Christophe, fait l’objet d’un concours « immeuble de ville », appuyé par le groupe central des villes nouvelles et la direction de l’architecture. Une vingtaine de projets sont élaborés dans trois situations « type ». Bajard conçoit une armature destinée à la création de rues et de places caractéristiques de la ville traditionnelle qui s’avère ne pas résister, cependant, à une normalisation ultérieure réintroduisant la hiérarchie primaire-secondaire et la séparation partielle piéton-voitures. Après celle de 1979 engagée par Jan Karczewski, cinq études exploratoires sont confiées à cinq architectes (Philippe Deslandes, Henri Gaudin, Léon Krier, Claude Vasconi et Georges Pencreac’h) pour étudier la maille aboutissant à deux chemins orthogonaux, l’un drainant l’essentiel des logements, l’autre dédié aux commerces et équipements autorisés à des dépassements ponctuels de hauteur. Seuls les gabarits urbains sont imposés et donnent l’unité formelle de l’ensemble ainsi que des règles d’élévations : 1500 logements par an sont engagés sur ce même site. L’une des tranches d’opération est confiée directement sous sa forme opérationnelle au Taller de Architectura de Ricardo Bofill. L’emplacement correspond à la terminaison sud du centre du quartier et au point de naissance d’un projet d’une succession de jardins descendant vers l’Oise. L’EPA souhaite à cette rotule un projet de logement monumental capable de soutenir l’échelle de la ville tout en se conformant au gabarit d’ensemble du quartier. L’évolution possible du commerce, facilitée par une implantation systématique à rez-de-chaussée, n’est pas rendue manifeste par l’expression de Ricardo Bofill sur le site. Il trouve cependant un contexte particulièrement favorable à l’essor de son langage post-moderne qui répond à une redéfinition de l’urbanité. Si la forme de l’espace public atteint la monumentalité, sa fonction, au cœur des logements, n’est pas pensée pour fédérer une animation mais en tant que scansion d’un parcours urbain et paysagé et desserte privilégiée des logements. Ce n’est qu’à partir de l’intervention de l’artiste Dani Karavan et de l’installation de la tour inclinée et du laser que l’attraction prend sens et la giration de l’espace entre en résonnance avec la faille au travers de l’édifice en hémicycle, première manifestation de l’axe majeur.

Description

Commentaire descriptif de l'édifice

L’ensemble dénombre 380 logements et 2100m2 de commerces. Les appartements d’une hauteur sous plafond régulière de 2,50 m ont été réalisés sur la base d’un prix de 2779,9 francs par m2 en 1982. Le chantier a procédé par coffrages tunnels pour les voiles de béton in situ et grâce à des parements et panneaux de béton blanc préfabriqués assemblés sur place. Les modules de base contiennent le plus souvent les effets de saillies des ornements d’élévations lié au nu général : il en résulte des lignes horizontales régulières en élévation qui laissent deviner le calepin d’ensemble des panneaux. Ces divisions sectionnent les effets de pilastres passants et subdivisent clairement les futs des colonnes engagées en tambours. Sur un terrain d’assiette de 31000 m2, deux édifices de quatre étages, chacun organisés autour d’une cour carrée centrale engazonnée, précèdent un corps d’édifice à 5 étages, implanté en demi-cercle et simulant un corps de portique monumental. Ce dernier est lui-même séparé en deux entités par une faille verticale toute hauteur, mise en scène par la section d’une colonne à tailloir. Elle correspond à l’axe majeur de la ville nouvelle qui se développe en terrasses vers le sud-est, l’Oise et la base de loisirs. Le tracé régulateur de l’ensemble laisse apparaître un travail sur le carré générateur et la section dorée. Chaque sous-ensemble de logement contient des carrés augmentés en rectangles dorés par le rabat au compas de leurs diagonales. Treize sous-ensembles, majoritairement à trois travées, subdivisent l’édifice en demi-cercle. Afin de conserver une orthogonalité des plans intérieurs d’appartement, le dessin agence douze portions résiduelles rayonnantes contenant le plus souvent les organes de distribution verticale des appartements traversants dont les séjours sont orientés vers la place Hubert Renaud. L’élévation de l’édifice en demi-cercle est couronnée par un jeu d’effet d’attique continu, contenu dans un entablement où les baies occupent les intervalles des métopes entre des trumeaux triglyphés. Onze ensembles de trois travées vitrées toute hauteur et deux ensembles de quatre travées aux extrémités rythment les pleins se substituant aux vides classiques de ce type de corps de portique. Suivant deux axes piétons à 45 degrés, centrés par le demi-cercle général de conception, la faille sud-est et un passage sud-ouest irriguent la place centrale. Des glacis engazonnés précèdent les élévations intérieures. La travée rythmique est composée de deux colonnes engagées continues du rez-de-chaussée au quatrième étage inclus, délimitant une verrière réfléchissante vitrée toute hauteur, à neuf compartiments carrés par niveaux dont trois allèges régulières de miroiterie. Quatre petites courettes d’élévations séparent les sous-ensembles à trois travées tandis que de simples trumeaux occupent les espaces correspondant pour les sous-ensembles situés plus aux extrémités. Les élévations externes du demi-cercle principal, correspondent à des surfaces de béton nu à ligne de refend percées de deux niveaux de quatre baies étroites et hautes (entresol astucieux dès la conception), un niveau de baies conventionnelles et un niveau de baies supérieures occupant les métopes à l’emplacement habituel d’une frise d’entablement. Douze de ces élévations planes sont complétées par la treizième percée par la faille et chacune est délimitée par des corps toute hauteur en saillie à verrière verticale continue ou trumeaux pleins, cantonnés par des pilastres d’angles colossaux. Les élévations externes des édifices carrés suivent la répétition stricte d’une travée régulière à l’exception de leurs extrémités où un pilastre d’ordre colossal est redoublé. La travée superpose un percement bas de rez-de-chaussée contenu dans un soubassement à dés latéraux en légère saillie, un effet d’étage noble assuré par une baie continue à garde-corps et sommée par un fronton triangulaire, dissimulant deux niveaux d’appartements éclairés (quatre baies réelles), et un percement sommital, en partie situé en retrait du fronton, sous une corniche à listels et méplats. Deux pilastres colossaux en saillie sur des lignes horizontales de refend scandent la travée répétée onze fois. Les dénaturations principales sont récentes et concernent le second œuvre et les parements. En octobre 2018, une peinture pliolite étanche blanche est appliquée directement sur les bétons de plusieurs façades des deux édifices à cour carrée. Les baies de l’ « étage d’honneur », courant sur deux niveaux d’appartement, ont perdu leurs menuiseries originelles et l’allège intermédiaire à vitrerie opaque dissimulant le nez-de-plancher intérieur du 2e étage. Elles assuraient une continuité esthétique de lecture des percements depuis l’extérieur, mais l’ouvrage récent a été placé en saillie, créant un découpage malencontreux.

Protection et label

Intérêt oeuvre

La construction du quartier Cergy-Puiseux, renommé Saint-Christophe, témoigne de l’évolution des idées conceptrices de l’élaboration de la ville nouvelle à partir de la décennie 1980. L’une des tranches d’opération est confiée directement sous sa forme opérationnelle au Taller de Architectura de Ricardo Bofill. L’ensemble d’édifices propose une nouvelle variation sur le corps de portique monumental et le jeu d’échelle savant. L’opération est aussi le prétexte au développement d’un langage et d’une intégration des formes architecturales à un ensemble spatial vaste rythmé par les effets de travées répétitives. L’architecte assimile l’archétype, figure fondamentale de l’imaginaire, à une forme géométrique qui induirait une relation d’ouverture à soi-même. Son architecture à base de « simples jeux de lignes obliques ou verticales qui structure l’espace de façon symbolique » se voudrait composée de formes jugées inhérentes à l’inconscient collectif. Le jeu d’échelle le conduit à une hypertrophie des organes architectoniques qui interpelle le piéton. La place des colonnes assume un rôle de charnière entre l’axe majeur et le centre bastide à parements de briques avec lequel le contraste est total (G.G.K. Le Van Kim et Bertrand, P. Celeste et N. Soulier, C. Frank, J.-N. Capart, M. Molter, 1985). Formes, volumes des édifices et dimensionnement des espaces créent un contexte urbain qui tend vers l’abstraction poétique tout en redirigeant habilement le cheminement principal vers l’amphithéâtre du méandre de l’Oise.

Date de label

2022

Statut juridique

Statut juridique du propriétaire

Privé

Références documentaires

Date de l'enquête ou du dernier récolement

2022

Noms des rédacteurs de la notice et du dossier

DRAC IDF et ENSA Paris-Belleville, chaire d’enseignement et de recherche PEPS Patrimoine Expérimentation Projets : étudiants du DSA Architecture et Patrimoine, sous la dir. de Pierre Gommier

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colonnade, vue intérieur sud-ouest
colonnade, vue intérieur sud-ouest
© Ministère de la Culture (France), Direction des Affaires Culturelles d’Île-de-France – Tous droits réservés
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axe majeur depuis la place des Colonnes
axe majeur depuis la place des Colonnes
© Ministère de la Culture (France), Direction des Affaires Culturelles d’Île-de-France – Tous droits réservés
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corps de bâtiment vue de la place des Colonnes
corps de bâtiment vue de la place des Colonnes
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façade extérieure
façade extérieure
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place des Colonnes vue de l'extérieure par l'Axe majeur
place des Colonnes vue de l'extérieure par l'Axe majeur
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tour Belvédère de l'Axe majeur vue depuis le sud-ouest de la place des Colonnes
tour Belvédère de l'Axe majeur vue depuis le sud-ouest de la place des Colonnes
© Ministère de la Culture (France), Direction des Affaires Culturelles d’Île-de-France – Tous droits réservés
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