Architecture scolaire ; édifice scolaire ; école ; école primaire
École élémentaire
Occitanie ; Aude (11) ; Montbrun-les-Corbières ; 12 rue Jules-Ferry
Jules-Ferry (rue) 12
A 98
20e siècle
20e siècle
1936
Les premiers projets d’installation d’une nouvelle école à Montbrun-des-Corbières datent de 1909, le mauvais état de l’ancienne (deux classes sans cour, préau ni cabinets d’aisance) étant depuis longtemps reconnu ; un rapport de 1913 précise que l’école cohabite avec la mairie dans un immeuble communal. La salle pour l’école enfantine est louée ailleurs. Deux terrains sont pressentis. Le propriétaire du premier terrain envisagé refusant la vente, c’est un second qui est choisi en 1912. Un projet complet, plans et devis est présenté en 1913 par le sous-ingénieur des Ponts-et-Chaussées (I. Gary ? selon la signature ; le nom n’est pas cité dans les archives). L’école est un bâtiment de deux étages : deux classes (enfantine et primaire) enrez – de-chaussée, logements à l’étage. Trois entrées sont prévues au rez-de-chaussée, une par classe menant à un couloir-vestiaire, l’entrée centrale menant d’une part à la bibliothèque et à la cantine, d’autre part à deux pièces faisant partie du logement du directeur : cuisine et salle-à-manger ; un escalier mène à l’étage, séparé en deux appartements. Deux préaux et des toilettes au fond de la cour complètent l’ensemble. Le bâtiment est très simple, les matériaux traditionnels. Après-guerre, en 1922, le dossier doit être révisé, les prix des matériaux et de la main d’œuvre ayant considérablement augmenté. Une lettre circulaire du préfet précise d’ailleurs que vu les circonstances, certaines mairies ont abandonné les projets de construction d’école. La révision fait apparaître un nouveau montant de 228 000 francs (avec un terrain supplémentaire pour une aire de jeux sportifs). La commune ne peut compter sur la revente des anciens locaux, qui doivent être occupés en totalité par la mairie. Une subvention est accordée en 1926, mais la mairie n’exécute par les travaux immédiatement. Le sousingénieur chargé du dossier étant décédé entre temps, le projet est repris en 1932 par Louis Portal, architecte de Carcassonne, dont on sait peu de choses (il a participé à la construction de la coopérative vinicole de Villeneuve-Minervoise et a construit la mairie de Saint-Gervais-sur-Mare). Il se contente d’abord de réviser le devis, alors de presque 400 000 francs, somme prohibitive pour une petite commune ; le projet est encore différé. Mais devant la menace de perdre la subvention, il est finalement lancé. Cependant, une fois les adjudications décidées, Louis Portal se rend compte d’une part que la construction prévue en pierre de taille n’est pas réalisable faute de carrières ouvertes et d’autre part que les bâtiments eux-mêmes sont très mal agencés et présentent quantité de défauts de disposition et de distribution. Il présente alors son propre projet, dont le principal atout est l’adoption de la maçonnerie de béton, ce qui lui permet de rester dans des limites de budget raisonnable de 310 000 francs. La délibération du conseil municipal du 14 décembre 1934 vote à l’unanimité ce changement puisque « la majorité des membres, tout en étant pas experte en la matière, reconnaît en effet que le nouveau plan en impose et dépasse de beaucoup l’ancien » (AD 11 2OP 1939). Le procès-verbal de réception définitive des travaux date du 5 novembre 1936.
Le terrain se situe en bordure du village historique, sur un emplacement dégagé, entouré de trois voies. L’école est orientée nord-sud. Les classes sont aménagées dans un bâtiment en rez-de-chaussée, indépendant de celui des deux logements, qui comporte un étage. Il est fait de deux petits pavillons en ressaut, la travée de la porte d’entrée étant en retrait. Les deux logements sont indépendants l’un de l’autre : le directeur est logé au rez-de-chaussée avec l’entrée sur la façade principale, l’adjointe à l’étage avec une entrée indépendante sur la façade latérale, dans le pan coupé. Le logement du directeur est un peu plus grand ; il bénéficie d’une alcôve visible à l’extérieur. Les toilettes sont à la cave. Ils disposent de l’eau courante grâce un réservoir situé au grenier, alimenté par auto-pompe. Les classes sont desservies par un large portique d’entrée précédant un vestibule sur lequel ouvrent les portes des classes à chaque bout, et les trois portes des lavabos-vestiaires et du passage d’accès à la cour (restructuration de l’ensemble en une seule pièce avec des sanitaires mixtes). Les classes mesurent 7x6,60 m et sont éclairées par des séries de trois croisées jumelées disposées en symétrique sur les deux façades et fermées par des volets roulants en bois. Des impostes hautes et des petits châssis ouvrants au ras du plancher assurent la ventilation générale ; la hauteur de 4,10 des plafonds est “réglementaire” (aujourd’hui invisible sous les faux-plafonds). Les classes sont parquetées, les couloirs et lavabos carrelés. Les préaux sont de l’autre côté dans la cour, donc à l’abri des vents dominants. Les w.c. des élèves sont dans l’alignement des préaux et largement aérés. L’école est construite avec fondations et système de poteaux-poutres en béton armé et maçonnerie en élévation, tableau des fenêtres en briques, toits de tuiles rondes sur deux rangs de génoises. La construction est en maçonnerie de béton en fondation, semelles et linteaux en béton armé, maçonnerie de moellons en élévation. Tous les éléments de décor (auvents, balcons, corbeilles, porche des classes, marches, perron sur cour sont en béton armé ou béton de ciment). Une génoise ordinaire à deux rangs, corniche en béton souligne la couverture traditionnelle en tuiles. Louis Portal, en distinguant clairement les deux bâtiments et les deux fonctions du groupe scolaire donne à son école rurale du caractère. Il utilise des méthodes de construction à la fois modernes et traditionnelles, dans une utilisation de l’Art Déco très courant : classicisme de la composition et éléments décoratifs modernes : l’entrée avec le porche à colonnes, le graphisme du lettrage de l’inscription, le système d’éclairage inclus dans la maçonnerie, les balcons et corbeilles en béton des logements, l’auvent de la façade arrière, dans un ensemble encore classique par la symétrie. Les allèges et le bandeau horizontal sur l’aile des logements en brique (matériau traditionnel) apportent de la couleur.
2023
Public
2020
Girard Laura ; Marciano Florence