Piscine Tournesol

Dénomination de l'édifice

Architecture de culture recherche sport ou loisir ; édifice et aménagement de culture recherche sport ou loisir ; édifice sportif ; piscine

Titre courant

Piscine Tournesol

Localisation

Grand Est ; Bas-Rhin (67) ; Lingolsheim ; 7 rue de Normandie

Adresse de l'édifice

Normandie (rue de ) 7

Références cadastrales

26 773

Siècle de la campagne principale de construction

20e siècle

Siècle de campagne secondaire de consctruction

21e siècle

Année(s) de(s) campagne(s) de construction

1980 ; 2014

Auteur de l'édifice

Description historique

À la fin des années 60, malgré la construction record d’un millier de piscines en moins de dix ans, la France conserve un certain retard en termes d’équipements sportifs dans les petites et moyennes communes de 5 000 à 15 000 habitants. Les résultats décevants des nageurs français aux Jeux olympiques d’été de 1968 à Mexico et la réussite du programme “Mille Clubs des jeunes” (1966-1971), encouragent l’État à investir dans le cadre du sixième plan quinquennal (1971-75) pour favoriser l’apprentissage de la natation sur l’ensemble du territoire. Ainsi, Joseph Comiti, Secrétaire d’État chargé de la Jeunesse, des sports et des loisirs, lance en février 1970 l’opération “Mille piscines” qui prévoit de construire en quatre ans (1972-1976) un millier de piscines industrialisées. Le Secrétariat d’État organise deux concours d’idées en mai 1969 à destination des architectes et des industriels pour « recenser et comparer toutes les idées nouvelles en matière de piscine ». Parallèlement à cette quête d’efficience en termes de conception et de réalisation, les piscines proposées doivent être fonctionnelles et s’adapter à n’importe quel site d’implantation. Le modèle-type Tournesol est conçu en 1969 par l’architecte parisien Bernard Schoeller. Avec cet avant-projet, l’architecte parisien remporte les deux concours de 1969 (piscines transformables et piscines économiques). Seuls les deux premiers prix du concours “piscines économiques” sont voués à être produits et commercialisés. Entre 1969 et 1971, Schoeller s’attache à la mise au point du projet et s’associe avec deux entreprises : l’entreprise de construction Durafour pour la réalisation de la structure métallique et la société Matra pour la réalisation des coques en polyester armé. L’ingénieur Thémis Constantinidis met au point et dessine la structure métallique tridimensionnelle en treillis soudé. Le prototype Tournesol est mis en service dans la commune de Nangis (Seine-et-Marne) en 1972. Dès 1973, les communes peuvent candidater à l’attribution d’un modèle Tournesol : la production en série est lancée. La Communauté Urbaine de Strasbourg envisage en 1978 de réaliser une piscine Tournesol à Lingolsheim et formule une candidature au ministère le 15 décembre 1978. Un terrain au nord du lotissement “La Bruche” est cédé et aménagé par la commune pour recevoir l’équipement industrialisé. Le chantier est suivi par un architecte du service d’architecture de la CUS et débute le 5 novembre 1979. Le 31 juillet 1980, la piscine est définitivement réceptionnée. Elle ouvre au public le 2 août 1980. Cette piscine industrialisée est l’une des réhabilitations envisagées dans le cadre du plan piscine 2012-2020 de l’Eurométropole de Strasbourg. Le programme prévoyait une rénovation de la piscine existante suite à des problèmes d’étanchéité sur la coupole, le maintien de l’ouverture de la toiture ainsi qu’une extension afin d’accueillir de nouveaux usages (hall d’entrée, vestiaires, locaux du personnel et du club de natation), mais aussi la réalisation d’un nouveau bassin de détente et d’apprentissage de 125 m². L’architecte Philippe Dahan remporte le concours pour ce projet en 2011. Toute l’attention de l’architecte porte sur les enjeux du programme : augmenter la capacité d’accueil de l’édifice sans en dénaturer l’image. La piscine réhabilitée ouvre à nouveau le 15 octobre 2014. Elle est inaugurée le 11 octobre 2014.

Commentaire descriptif de l'édifice

Le modèle Tournesol, de 35 m de diamètre, regroupe à l’origine l’ensemble des installations dédiées au public (bassins, vestiaires et accueil) sous une coupole dont la hauteur atteint 6 m sous l’anneau central qui est la clé de voûte de l’édifice. Cette coupole autoportée, légère et indépendante, est composée de coques plastiques soutenues par une charpente métallique composée de 38 arcs en treillis soudés tubulaires1. A l’origine, la couverture est percée par 126 hublots en plexiglass et un tiers des coques coulissent ce qui permet d’ouvrir la coupole sur 120° au sud. Le plan est symétrique : deux blocs vestiaires encadrent l’entrée et viennent dessiner une galerie fonctionnelle disposée au nord. Ils forment les seuls espaces couverts sous le dôme. Le bassin de 25 x 10 m est ensuite bordé de larges plages cernées par un banc périphérique qui se prolonge jusque dans les vestiaires. La piscine de Lingolsheim s’insère au centre d’un quartier résidentiel, sur un terrain de 50 ares bordé par la rue de Normandie à l’est et un parc public à l’ouest. Le projet de Philippe Dahan consiste à réintégrer la piscine dans son contexte urbain. Il dessine un nouveau volume indépendant en forme de « boomerang », qui longe la rue de Normandie et regroupe le hall, les vestiaires, les bureaux et les locaux techniques. Cette nouvelle extension permet de libérer de l’espace sous la coupole et d’intégrer deux nouveaux bassins : un bassin de détente d’apprentissage de 125 m² et une pataugeoire de 55 m² entourent le bassin sportif conservé. L’extension enveloppe le volume du dôme sans le toucher, sans le déformer. Entre les deux, un patio paysagé organise les nombreuses transparences entre hall, bassins et vestiaires. À Lingolsheim, les principes de base de la piscine Tournesol sont conservés : composition symétrique, ouverture par glissement de la coque, compacité de l’enveloppe, structure métallique. En effet, les arcs métalliques sont habillés de résine moulée et intégrés dans l’épaisseur de l’enveloppe. L’intervention sur la coupole atténue le rythme structurel originel pour mettre en valeur la forme originelle du dôme. Si les tuiles originelles en polyester sont remplacées par un complexe métallique comprenant une nouvelle couche d’isolant, elles sont cette fois-ci recouvertes à l’extérieur d’une membrane de caoutchouc noir. Une soixantaine de hublots ronds en résine percent cette forme sombre à l’aspect capitonné. L’intérieur de la coupole est tapissé quant à lui de toiles tendues et d’une résine acrylique blanche thermoformée et sans joint apparent, ce qui lui donne un aspect extrêmement lisse, homogène et lumineux. Cette proposition permet de résoudre différentes difficultés techniques : l’isolation et l’étanchéité du dôme et les problèmes acoustiques à l’intérieur de la piscine.

Intérêt de l'édifice

Cet édifice est représentatif du programme “1000 piscines” et des modèles issus du concours d’idées “piscines économiques” lancé en 1969. Ce modèle imaginé par Schoeller et calculé par l’ingénieur Constantinidis témoigne de l’efficacité du choix formel opéré et d’une véritable ingéniosité constructive. La volumétrie iconique de la piscine Tournesol est au service d’un concept simple : une ouverture sur 120° permettant d’allier les bénéfices d’une piscine couverte et de plein air. Ce concept et l’image futuriste de cet équipement industrialisé sont à l’origine du succès de sa commercialisation. En 1978, on dénombre 183 piscines Tournesol réalisées sur le territoire français. La piscine Tournesol, aujourd’hui fortement médiatisée, incarne à l’âge d’or de la préfabrication industrielle et du plastique pour la profession comme pour le grand public. Elle reste l’un des équipements emblématiques de cette « architecture de la croissance », une expérimentation sérielle réussie des années 70. La piscine de Lingolsheim se distingue par sa rénovation exemplaire. Le projet proposé par Urbane Kultur réinscrit cet équipement dans son contexte urbain tout en préservant ses qualités d’origine : un bassin découvrable en été, une volumétrie claire et identifiable, une image futuriste de coupole percée par des hublots. Cette rénovation exemplaire répond également aux besoins des Tournesols (espace contraint et limité, manque de bassins et entretien complexe de la coupole) en proposant de nouveaux atouts : un bassin supplémentaire, une plus grande luminosité sous la coupole et de larges espaces de vestiaires permettant d’accueillir des groupes, etc. Critères ACR : – Singularité de l’œuvre ; – Caractère innovant ou expérimental de la conception architecturale, urbaine, paysagère ou de la réalisation technique ; – Notoriété de l’œuvre ; – Exemplarité de l’œuvre dans la participation à une politique publique ; – Valeur de manifeste de l’œuvre en raison de son appartenance à un mouvement architectural ou d’idées reconnu ; – Appartenance à un ensemble ou à une œuvre dont l’auteur fait l’objet d’une reconnaissance nationale ou locale.

Date de label

2023

Observations concernant la protection de l'édifice

Date prise en compte pour le label : 2014 (réhabilitation)

Statut juridique du propriétaire

Public

Date de l'enquête ou du dernier récolement

2023

Cadre de l'étude